vélage, meilleur, pire...
Par lequel est ce que je commence ?
Le pire : Mes génisses pouvaient aller et venir entre pré et stabulation cette nuit ! Donc pas de surveillance caméra possible . Et ce fut une erreur de ma part. Dès le lever du jour j'ai filé voir ! J'ai découvert une génisse en travail ( On dit malade ici! ). Je l'ai ramené dans la stabulation et quand j'ai passé ma main, j'ai tout de suite compris. J'apprécie la taille du veau à la taille des pattes qui se présentent, et là , de vrais poteaux. J'ai eu du mal à passer une corde et lorsque j'ai commencé à tirer, le veau ne s'est pas allongé ( on dit engagé ). Et fait, au moment où le veau monte, il passe ses pattes et sa tête, et souvent il y a un moment avant que les épaules passent, c'est une fois celles-ci engagées que le vêlage est définitivement lancé...Donc, si le veau bute trop longtemps, je passe une corde à chaque patte et je fais passer les épaules l'une après l'autre... Et un de mes repères pour savoir si je ne force pas trop et de ne tirer qu'à la main , sans vêleuse ! Que je mets ensuite... Car il reste un long effort à faire ...
Donc ce matin, corde à la main, j'ai eu beau tirer, l'épaule ne passait pas... Et comme le veau ne se défendait pas, j'en ai vite conclu qu'il était déjà mort.....J'ai appelé le véto, et nous avons entamé une césarienne ! Et lorsque nous sommes arrivés à la matrice, il a fallu élargir 2 fois les incisions pour faire passer un veau de 68 KG environ... Sur un animal de la taille de la génisse, 40 à 45 kg sont mes objectifs... Et je vais regarder sérieusement demain quel taureau a mit l'inséminateur car soit cette mère a trop mangé, mais les autres naissances seraient aussi énormes... Soit le père donne gros ou il y a une consanguinité cachée et auquel cas, je vais quand même en faire la remarque au centre d'insémination. J'ai demandé des vêlages faciles, la première fois, il faut que les passages se fassent... Et si je ne veux plus dormir, il suffit de jeter un coup d'oeil pour savoir si ce taureau a été mis sur d'autres génisses...La morale de tout ceci, c'est malgré les testages et autres règles énoncées très fort, la nature reste maître du jeu, et je le trouve un peu difficile en ce moment !
Le meilleur : Samedi matin ! J'avais basculé un lot de 40 vaches en fin de semaine précédente dans le pré de l'autre côté de la route... Je me méfiais d'une vache qui devait être à terme vers le 15 décembre mais sans plus. Et samedi, ma mère me téléphone alors que je suis dans les stabulations, puis mon frère au retour de l' accompagnement de ses enfants à l'école ( mais j'étais passé avant...) " Tu as un veau dans la "plaine" !". Et il était déjà debout et têtait ... Donc, j'ai pris mon temps pour aller le repérer...
4Largo, tu m'as demandé l'autre jour si je ne me faisais pas foncer dessus par les gros veaux ? Je t'avais répondu que non. Je crois que les animaux les plus dangereux en dehors des taureaux lorsqu'une vache est en chaleur, restent la mère défendant son petit ! Je me suis approché pour mettre les étiquettes réglementaires ( avant 8 jours ) car je sais que je peux attraper le veau dans la journée de sa naissance. Ensuite, c'est quasiment impossible car ils trottent déjà ! Donc, quand je me suis présenté avec ma pince, la mère m'a fait une telle comédie que je suis allé chercher un gourdin dans la haie à coté ! Elle grattait des pattes avant, donnait des coups de tête pour bien me stipuler que je n'avais pas le droit de toucher à sa progéniture. Oui, mais je lui ai expliqué que je ne suis pas ministre de l'agriculture et qu'en cas de contrôle intempestif de l'administration sur les boucles, j'aurai une pénalité financière! Et bien , elle n'a rien voulu comprendre, rebelle à l'administration ! Et moi, pauvre interface entre vache et règlement, j'ai du assumer mon rôle et prendre des risques ! Je ne vous cache pas que c'est beaucoup plus dangereux que le taureau l'autre jour, lui se sauvait et esquivait. Elle, elle défend ! Deux règles en or dans ce cas, cacher à tout prix sa crainte, et là, sincèrement , je n'étais pas fier ! Et toujours laisser le veau entre elle et moi, lui donner l'impression que je le touche en lui laissant renifler, juste pour la faire hésiter à charger... Et j'ai haussé le ton, agité mon bâton, me suis approché d'un pas décidé( mais prêt à courir dans l'autre sens au cas où ...). Finalement, j'ai pu prendre le veau , le retenir par une patte, taper un coup de bâton sur le nez de la mère avant qu'elle n'est exécutée son mouvement de tête qui m'aurait vidé . J'ai sorti la pince , mis les boucles en place et posé les premières dans une oreille. Le veau a tenté un bond de défense, crié un coup, la mère a faillit foncer, nouveau coup de bâton ( pas méchant je vous rassure! ) et j'ai recommencé la manoeuvre pour la seconde oreille. Je sentais le souffle du naseau irrité de la mère sur mes mains... Un coup de main rapide pour vérifier le sexe du nouveau-né, et j'ai libéré la génisse puisque c'est une femelle ! Je n'ai plus bougé pour calmer la maman, le veau a fait quelques pas, et est allé téter !
Mission accomplie ! Juste une question, à l'heure du super principe de précaution, est il nécessaire qu'appliquer les boucles avant de sortir le lot du pré pour le mettre en stabul ? Surtout quand il n'y a qu'un veau dans un lot ? Réponse, pour qu'il n'y ait pas de défaut administratif, OUI ! Et qu'importe le principe de précaution pour la vie de l'éleveur ! J'ai l'impression que l'application de ce dernier dépend de qui veut bien assumer les risques , et en l'occurrence, mieux vaut être ministre que paysan !
Défense toujours : Ce matin , lorsque je suis arrivé dans le pré, 39 vaches se sont précipitées vers moi espérant de la farine ....Et une est partie à l'envers , s'éloignant le plus possible avec son veau....Devinez ? N'aurait elle plus confiance en moi ?