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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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17 mai 2007

lycées 3, défis d'avenir

J'ai gardé une petite responsabilité dans une association à laquelle je tiens beaucoup ... Je vous en ai déjà parlé, un truc de promotion et de recherche pour le charolais. Ce n'est pas le lieu de vous en parler ici, d'autant que nous allons ouvrir un blog pour cela. La communication est une des multiples clés pour préparer l'avenir... Il m'aura tout de même fallu 6 mois pour obtenir la mise en route du blog ! Et je parais trop exigeant en demandant une traduction en italien !

Mais en parallèle au sein de cette association, nous avons mené plusieurs actions dont une me tient tout  particulièrement à coeur !

Je vous ai déjà présenté des produits nouveaux . Je suis convaincu de plusieurs choses dont une qui me parait être très très importante : Nos habitudes alimentaires changent très vite . Nous, producteurs et transformateurs, nous devons prendre en compte les nouvelles attentes. Un tiers environ d' un bovin finit en steak haché ! C'est pratiquement le seul débouché actuel de ces morceaux. Parfois, je critique mac do, mais ce sont les premiers clients de cette catégorie de viande ! Comme quoi... Les producteurs laitiers ont été plus rapides que nous. Ils ont gardé la vente de lait UHT mais ont reconquis des parts de marché en transformant leur lait ! Regardez la quantité de produits dans les supermarché dans les rayons yaourts, fromages frais, allégés, sans ....Regardez le foisonnement de fromages de toute nature dans tous les conditionnements. Des linéaires immenses pour vendre plus , comparé au rayon viande qui ne cesse de se réduire ! Personne ne se pose de questions pour acheter du roquefort par exemple, en barquette pour la semaine, à la coupe pour un repas festif... Et côté marketing, le summum ! On a même imaginé le yaourt liquide à boire sans cuillère pour le glisser dans le cartable de l'écolier ! Et lorsque nous avons connu les grandes crises bovine, la viande a été mise à l'index, les produits laitiers, jamais ! Pourtant, le lait provient des vaches !

Un de nos défis est donc d'essayer de créer la même chose pour la viande. Je passe sur les détails mais nous allons mettre en place un labo recherche-développement en satellite de la référence nationale ! Les partenaires sont des acteurs de la filière, des ingénieurs reconnus de la recherche, et des...

Depuis 3 ans, elles assistent assidûment à nos réunions. Les premiers contacts sont venus de tests sensoriels. Plusieurs fois, je me demandais comment faire participer activement ces deux jeunes femmes à nos débats... Imaginez, mettre des professeurs de l'éducation nationale avec des éleveurs, des marchands de bestiaux, des abatteurs , des restaurateurs, des bouchers...! Elles ont été d'une patience extraordinaire pour supporter nos discussion insipides ... Les "c'est tout foutu" , les coups gueules pour que nous emmenions des animaux en Italie.... Un jour, puisqu'on nous avait chargé de construire un projet pour le charolais, l'animatrice m'a demandé si elle pouvait les associer à un groupe de réflexion ... Elles sont venues et un des trois piliers essentiel s'est mis en place.

Elles sont spécialisées dans la transformation des produits agricoles. Le lycée a un équipement en laboratoire, utilisé 18 jours par an seulement ! Une expertise a permis de cerner l'investissement nécessaire pour que ce labo puisse répondre à toutes les demandes d'entreprises qui voudraient mettre au point des plats ou autres produits issus de la viande. Ces profs sont des passionnées ! Elles ont envie de transformer leur compétences en concret.

Nous avons gagné notre dossier sur cet aspect. Pourquoi un équipement public dans le cadre d'une convention béton ne pourrait pas être utilisé par des entreprises? A l'image des pratiques dans les universités américaines ! Nous avons séduit les politiques ( des 2 bords ) sur cette idée, ce serait une première dans la région ! Je ne vous dis pas la tonne de problèmes juridiques qu'il nous faut régler ! Responsabilité civile, mélange d'appareils publics/privés, rénumération des profs...Une partie des administrations applaudit des deux mains, l'autre nous prédit le pire au motif que l'éducation nationale est un bastion de conservatisme, de rejet du monde du travail et de l'innovation !

Mais nous avançons lentement grâce à l'intelligence des gens ! Pas après pas. Le proviseur dont je vous ai parlé hier, encouragé par l'inspecteur d'académie,  a compris que cette approche pourra, en cas de succès, ouvrir des possibilités pour de nouvelles classes sans nuire à l'image de meilleur lycée de la région. Il a compris les enjeux de territoire pour l'avenir. Mais ce qui m'a fait le plus plaisir, c'est l'adhésion de deux grosses structures régionales de la viande au projet. Les présidents "paysans" ont compris que pour gagner les défis de demain, il nous faudrait des compétences. Or, faire des recherches,  faire des pré-séries de nouveaux produits en partenariat avec des classes de BTS, leur permettra de trouver naturellement les cadres de leur ateliers de demain !

Je ne sais pas si nous réussirons ? Mais en ce moment, on s'investit beaucoup ( cela me mange énormement de temps ) sur le projet ! Je sens , je perçois les enjeux et j'essaye de les faire partager à mes pairs. Les bouchers traditionnels disparaissent, ce sont eux qui valorisaient les meilleurs de nos animaux... Pour éviter une banalisation de nos produits qui nous serait fatale, il nous faut des innovations et du marketing . Les jeunes qui ont une image très négative des métiers de la viande, à travers une expérience comme celle-ci , découvriront et concevront peut être le métier de boucher de demain, à leur main et passionnant...

L'enjeu dépasse l'agriculture.

Nous avions des mines de charbon, faute d'adaptation , elles ont fermé !

Nous avions une sidérurgie énorme. Des erreurs de stratégie, le conservatisme ont réduit des usines de 20 000 employés à 500 pour l'une, d'autres ont fermé... La seule qui ait résisté est celle qui a su se spécialiser et être la plus performante en terme de productivité sur le plan mondial pour faire de l'inox. Sa survie dépend de ses ingénieurs et de leur capacité à être toujours un temps en avance technologiquement.

Il en ira de même pour l'élevage. On limitera peut être un temps l'arrivée de viande argentine à un prix qui est au tiers de nos coûts de production. Mais combien de temps ? Pourtant, l'avance en terme de sécurité alimentaire, en terme sanitaire , en terme de traçabilité, en terme de qualité est réelle. Garder cette production ,  la valoriser, voilà notre enjeu !

Et faire en sorte que ce vrai défi territorial devienne l'affaire de tous y compris des enseignants, est un défi autrement plus difficile à relever !

Mais autrement plus riche d'espoirs que le corporatisme primaire !

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Commentaires
P
valentine: Entrer dans des gammes ! Et la taille ne fait pas tout même si les gros achètent les petits quand ça marche<br /> Drine; Si , cela a marché pour les produits laitiers. Ils peuvent se payer Zidane ! Pour ce qui est du chimique, c'est vrai dans certains cas, moins dans d'autres , c'est du lait au départ... <br /> Mary58: Une viande devrait rester au moins 10 jours en frigo entre 0 et 4° pour maturer... Le mieux est entre 15 j et 3 semaines... Mais c'est de l'argent immobilisé, les grandes surfaces ne respectent jamais ! La meilleure viande peut être dure si on ne respecte pas cela. Et ce qui me rend fou: la viande brésilienne ou argentine met ce temps pour traverser sur les bateaux... A la limite, leur viande apparaîtra meilleure et plus tendre juste parce que la maturation sera respectée . Comment le faire savoir ?<br /> Lamia : Les circuits courts, bouchers ou directs sont souvent les mieux... La mise sous vide n'est pas un problème en soi, tout dépend de ce que l'on y met ....<br /> Fauvette : merci<br /> Orlando: merci et à bientôt j'espère
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O
Beau parallèlle avec la sidérurgie et les mines de charbon! Ici, dns le Nord, dns les familles, on est souvent éleveur (Maroilles, boulette d'avesnes (oui, c'est du... costaud) et vaches à viande "belle bleue") et ouvriers à la fois dans la même famille! LE combat est le même! Vous avez raison! <br /> MErci pour ce beau blog qui rassérène!
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F
Bravo, c'est bien d'anticiper, c'est très intéressant ce que tu nous racontes.
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T
Ca m'intéresse d'avoir l'adresse de ce blog et des infos sur cette association, pour mon éleveur de charolais à moi.
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L
Nous nous mangeons de la viande venues de nos producteurs, une viande tendre, même une fois décongelée, la lame du couteau ne fait qu'un va... au moins nous savons d'où elle vient, ce que la bête mange et comment elle est abattue.<br /> Dans les supermarchés, les viandes sous vide ne m'inspirent pas tellement confiance, et pourtant il en faut pour les citadins...
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