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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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3 mai 2008

exemple de spéculation contre le pouvoir d'achat

Il y a 20 ans, il y avait 4 stations-service dans le village comme sans doute dans tous les villages de France. Pour certaines, elles étaient le complément naturel d'un garage de réparation automobile, pour d'autres il s'agissait d'une activité à part entière, souvent en complément du métier du mari. Ces stations étaient ouvertes tous les jours, y compris le dimanche... Et en cas de problèmes la nuit, il est arrivé quelquefois de réveiller l'un ou l'autre propriétaire.

C'était probablement un métier très exigeant, il fallait être disponible rapidement pour faire les pleins. Je pense qu’au niveau de vie de couple tout n'était pas facile puisqu'il fallait qu'il y ait toujours l'un ou l'autre qui reste sur la station.

Une supérette s'est montée, sans postes à essence au départ dans un souci de ne pas trop s'attirer les foudres des commerçants locaux. Puis un jour, une station a pris place sur une partie du parking. Au départ, il s'agissait d'un produit d'appel donc le prix était forcément plus bas que celui des autres stations de la commune. Par contre, elle n'était ouverte qu'au moment de l'ouverture du magasin. Les stations indépendantes ont perdu beaucoup de clients qui ne venaient plus que le soir tard ou les week-ends... J'avais posé la question à l'une des gérantes : « Pourquoi ne vendez-vous pas l'essence moins chère la journée et un peu plus chère le soir ou le week-end ? ». Il me paraissait logique que le service rendu, bien réel celui-là, soit rémunéré. La réponse fut courte : « Je n'ai pas le droit, je dois vendre le carburant toujours au même prix pour une même livraison. »

Inévitablement, la course au prix le moins cher, le côté pratique de tout faire au même endroit provoqua la disparition de 3 stations services en quelques années. La dernière résista un moment, il faut dire qu'il s'agissait d'un garagiste pour lequel ce n'était pas l'activité principale... Mais un jour on lui indiqua de façon très administrative que ses pompes et ses cuves n'étaient pas aux normes et qu'il avait le choix entre se mettre aux normes ou fermer. Devant le coût de l'investissement, il choisit la seconde solution.

Entre-temps la supérette avait été rachetée par un très grand groupe de distribution : Auchan. Dès lors le prix ne cessa d'augmenter, toujours deux ou trois centimes de plus que celui du magasin du même groupe mais de taille supérieure situé à 12 km ! Curieux puisqu' à la même distance de la raffinerie. Puis un jour, ils supprimèrent la caissière, donc un emploi, mirent une pompe automatique ouverte 24 heures sur 24. C'était un progrès pour les plus jeunes qui  pouvaient faire à nouveau le plein le week-end... Ce fut une catastrophe pour beaucoup d'habitants âgés qui ne maîtrisaient pas du tout l'usage de la carte bancaire. Naturellement, ils prirent l'habitude de pousser jusqu'au magasin suivant à 12 km !

Mardi matin, Mme PH a fait son plein un peu plus tôt que d'habitude. Le soir elle me raconte l'anecdote suivante : « J'ai eu de la chance ce matin, je remplissais ma voiture quand le gérant du magasin a traversé la place pour aller changer les prix sur le panneau au bord de la route. Il a ajouté trois centimes au gasoil, je me suis demandé s'il allait me faire payer les trois centimes en plus ou si j'allais terminer mon plein à l'ancien tarif... Toi qui suit cela sur Internet, le pétrole augmente-t-il autant que cela ? C'est complètement fou. »

Je n'ai pas écrit tout de suite, tant la colère m'étreignait. J'ai participé très activement à une époque, à une réflexion et à des actions sur les relations entre les filières et la grande distribution. Il reste trois ou quatre centrales d'achat qui contrôlent 80 % du commerce de la viande. Je suis scandalisé pour ne pas dire plus par le comportement de ces gens-là. Si j'ai parlé de l'essence, c'est parce que là, si on regarde 20 ans en arrière, on a l'exemple de ce que donne le monopole et l’absence de règles...

On parle souvent de spéculateurs sans trop savoir, voire en se masquant les yeux. On pense toujours à des traders bien cachés dans des salles transformées en blockhaus. Mais en réalité, les spéculateurs dans ce cas ont tout simplement pour nom ; les directeurs de supermarchés. En ayant le droit de changer les prix au jour le jour en fonction de consignes reçues de leurs centrales, sans aucun rapport ni corrélation avec une nouvelle livraison, non seulement ils alimentent la spéculation mais de surcroît ils amplifient les mouvements d'inflation. À l'heure où le pouvoir d'achat de chacun est une réelle préoccupation, admettez qu'il est totalement anormal de payer plus cher du jour au lendemain un carburant qui a été acheté lui-même la semaine précédente à un prix déterminé et fixe. Mais quand on est seul... Et comme il s'agit d'un automate, le volume passé importe peu.

Je pense qu'il en va de même pour beaucoup d'autres produits. Cela permet au distributeur de faire des profits substantiels non seulement sur le dos des consommateurs mais également sur celui des producteurs tels qu'ils soient. Et je souris lorsqu'on évoque devant moi l'argument de la concurrence : je peux vous dire que c'est une énorme fumisterie. En réalité, ces grands groupes gèrent pour tirer un maximum de marges. Comme ils ont le quasi-monopole de la distribution, il n'y a que lorsqu'ils se retrouvent face au monopole soit d'une marque soit d'un fabricant de produits, qu'ils soient obligés de jouer le jeu.

J'observe sur Internet que depuis deux jours le prix du pétrole a baissé de façon sensible, -8 cents de $... Le panneau au bord de la route indique toujours le prix le plus haut. Il est vrai qu'il serait dommage de ne pas profiter de la clientèle captive en ce long week-end du 1er mai !

A la lumière de cet exemple et de bien d’autres, je suis résolument contre le projet de loi qui propose de donner encore plus de liberté à ces grands groupes. Tout au contraire, ce sont des obligations et des règles qu’il faut remettre. Et oui, même si ce n’est pas facile à faire, il faut dire à Michel Edouard que, même si on est copain avec lui, son petit jeu est destructeur ! Même si il a une verve talentueuse pour nous expliquer le contraire, n'est pas vendeur qui veut !

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Commentaires
K
Pensez vous que le prix du carburant soit indexé sur le prix du baril de pétrole ? La situation présente nous prouve que non. Entre le pétrole et nous il y a transporteurs, raffineries (qui font aussi la pluie et le beau temps) et évidement les grands groupes de revente.<br /> Nous sommes dans un état qui supprime les libertés individuelles et qui augmente celles des grands financiers.<br /> Devise actuelle : des sous des sous encore plus de sous.<br /> L'avantage : on pourra toujours faire mieux, cela permet d'espérer.
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P
Requiem : J'avais vu le reportage... Et si les fournisseurs pouvaient parler des marges arrières... J'ai des copains responsables de coopérative qui m'ont expliqué des trucs pas possible, mais la règle d'or reste de se taire pour éviter le déréférencement ...<br /> Val. Oui, institutionnel même !<br /> RDT: Même remarque qu'à requiem. On parle de mafia en Italie mais dans ce type de commerce, les règles sont bien différentes ???
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R
PH, je partage totalement ton avis et tu as parfaitement analysé l'arnaque...<br /> J'ai fait, depuis longtemps, le comparatif entre le prix de mes fruits et légumes sur mon marché, le samedi matin, et chez monsieur Paclerc...<br /> Résultat : 0.25 euro de moins le fromage de chèvre acheté directement chez le producteur (et bien meilleur car il n'a pas traîné de carton en carton...)<br /> Les fraises ? Le même prix SAUF que celles d'Eric se conservent facilement quatre jours au frais, alors que celles du supermarché sont à consommer le jour même, et le lendemain, il y a déjà de la perte...<br /> Et pour abonder dans le sens de ce qu'écrit Requiem, hier, je suis allée acheter diverses fournitures d'apéro, en vue d'un pot au boulot... et stupéfaction : des pétales de patates, dont je ne citerai pas le nom... par lot de 2 : 1.98 € contre 0.97 € à l'unité...<br /> <br /> Quant au prix du pétrole, je n'ose même pas imaginer le jour où la parité dollar/euro redeviendra plus équilibrée...<br /> <br /> NAUSEE - NAUSEE - NAUSEE...
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V
C'est du racket légalisé ! Je suis en train d'étudier mon parcours par la sncf... 25 €/mois + après le métro... soit une économie de presque 150 €/mois !
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R
Quand vous achetez des lots par exemple de 16 pots de yaourts,cela vous coûte plus cher au kg que d'en acheter 12. Une technique qui consiste à faire croire aux consommateurs qu'il vaut mieux pour lui d'acheter un produit en lot de deux car cela lui reviendra moins chère ce qui evidemment n'est pas vrai.<br /> <br /> Voici un reportage qui parle de toutes les astuces des hypers marchés et du pouvoir énorme des grandes surfaces qui peuvent imposer leurs tarifs à tout le monde et ce même au petits commerçants afin de ne pas avoir de concurrence sur les prix.<br /> <br /> Delotage, racket des fournisseurs, tickets truqués, tout est fait par les grandes surfaces pour gagner le plus d'argent possible et au final c'est le consommateur qui déchante....<br /> <br /> <br /> ===> http://www.dailymotion.com/tchelsoo/profit/video/x59a4o_lundi-investigationles-arnaques-des_news
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