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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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28 novembre 2008

précisions sur prix du lait

J'ai demandé à un spécialiste :

En fait, on a une baisse de 10 % du prix du lait au 1er octobre 2008 par rapport au 1 er octobre 2007... On ne connaît pas le prix pour les livraisons de novembre et décembre puisqu'il n'y a plus d'accord interprofessionnel. L'industrie laitière voudrait une baisse pour le 1 er janvier de 40% ... C'est l'objet du conflit actuel, les éleveurs craignent une baisse totale d'au moins 30% ... On retombe donc toujours sur les mêmes chiffres ! La perte pour un élevage moyen sera de 30 000 € !

Monoi : Pour les denrées périssables, comme la viande ou le lait, il n'y a pas de marché à terme au moins au niveau des éleveurs qui sont payés sur les bases du marché de grès à grès, évoluant chaque semaine ou chaque mois ! On ne peut pas stopper une vache laitière quelques jours , ni la ralentir... On doit la traire deux fois par jour sinon elle ne produira plus jusqu'au prochain vêlage ! Cela explique que le lait soit jeté en cas de dépassement de quotas dans les cas extrèmes. Pour l'éviter, l'éleveur est obligé de rester toujours en dessous et il faut mutualiser les quotas ( donc gérer collectivement) pour limiter ces destructions !

Les producteurs sont donc prisonniers et ne peuvent pas faire varier facilement la production d'un mois à l'autre ! Idem pour une bête à viande, une fois finie, il faut la faire abattre. On peut jouer sur une semaine mais pas sur un mois ou deux ! Je rappelle également qu'une vache "porte" 282 jours donc pour avoir une vache en production laitière au bon moment, il faut le prévoir au moins 9 mois et 10 jours avant... La production agricole répond donc à des cycles, dont le plus connu dans le passé est celui du porc puisqu' il n'y avait pas d'intervention politique pour cette production !

D'où la nécessité impérieuse d'une gestion des marchés si on veut avoir des approvisionnements réguliers...  Or tout est fait pour la supprimer ! C'est cette organisation qui a permis le formidable essor de l'agriculture des années 60 ! On ne doit pas confondre régulation et orientations de l'agriculture. Je m'explique : On peut orienter un système de production vers différents objectifs sur des critères de volumes ou écologiques par exemple, mais dans tous les cas, il faut un marché assez stable donc régulé pour que les paysans puissent avoir l'espoir de s'en sortir. D'ailleurs , sans cette régulation, les productions varieront dans des proportions énormes et toujours décalées dans le temps car il y a trop de facteurs ( cycles, climat, sanitaires..) qui entrent en ligne de compte !  Il est utopique de croire que l'on peut faire travailler longtemps à perte en donnant comme hypothétique espoir une flambée des prix qui n'apparaît qu'en cas de pénurie. Le consommateur citoyen ne perçoit plus ces enjeux et est convaincu qu'il y aura toujours de tout à volonté : C'est complètement faux ! Un système livré au seul marché, sans garde-fou, a toujours conduit dans le passé à des disettes ! Je ne crois pas que fondamentalement cela ait changé. La seule chose nouvelle est que le jeu se pratique au plan mondial et non plus au niveau de chaque pays ! D'où cette perception diffuse que les risques sont moins importants : On a vu ce que cela a donné la fin d'année dernière et ce début d'année et les effets du contrecoup amplifiés par les spéculations ! J'ajoute que les anglais pratiquent cette mondialisation depuis longtemps avec le commonwealth ( ce qui explique leur approche particulière ) ... Sauf qu'aujourd'hui, la notion d'empire a un peu évolué, même si la haute finance tenait, encore jusqu'à peu, beaucoup de choses !

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Commentaires
P
Monoi : Oui, tout est encadré, souvent trop ! Mais le problème est de trouver la juste mesure ! Est ce que la spéculation aurait eu la même ampleur si on avait stocké en grande quantité du pétrole ? Les quotas ont bien fonctionné depuis 1884, date de leur mise en place ! Il n'y a eu que la pénurie de l'année dernière qui ait posé problème... Aujourd'hui, on parle de les supprimer, je suis interrogatif sur cette proposition !<br /> Yanick : La grande chance des produits laitiers tient à l'innovation qui a permis de changer les habitudes de consommation ! Fromages, yaourts , et autres produits ont toujours tiré le marché ! Mais cela ne règle pas le problème de la répartition de la marge ! Et c'est de cela dont il est question !<br /> Ksk : Si on pouvais mesurer les conséquences de la spéculation, on serait effaré des conséquences ! Pour le reste, je ne crois pas à un retour en arrière !
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K
On produit pour un consommateur qui consomment plus que pour des humains qui mangent des produits de saison. La loi du marché est de l'immédiat ce qui me semble difficilement conciliable avec l'agriculture à moins d'avoir plusieurs productions sur la même exploitation ce qui permettraient d'équilibrer les pertes et profits. En France du moins je ne me hasarde pas sur les autres pays que je ne connais pas. <br /> Il me semblait que la hausse des cours en 2007 était aussi liée aux spéculations boursières sur les denrées alimentaires.
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Y
Comme le vocabulaire peut-être hasardeux : l'industrie travaille de + en + en flux tiré (nous produisons ce que le consommateur - et les centrales d'achat - demande) et de moins en moins en flux poussé (je produis tant de tonnes et j'essaie de les vendre, principe du marché local).<br /> Pour en revenir au vocabulaire, c'est le mot "tiré" qui me renvoie au flux du marché mais aussi à l'expression laitière "tirer" les vaches, c'est à dire récolter le lait.<br /> Une vache, comme tu l'écris, aura un peu de mal à s'adapter à un flux tiré mais je suis sur que plein de gens travaillent à l'adaptation du cheptel aux contraintes commerciales !
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M
Merci pour vos explications.<br /> <br /> Vous avez raison de souligner que les choses sont plus compliquees qu'elles en ont l'air, surtout pour quelqu'un comme moi. Si j'ai quelques notions, le detail m'echappe!<br /> <br /> Ceci dit, le systeme actuel ne fonctionne pas si bien que ca parce que j'ai quand meme l'impression que ces problemes sont recurrents depuis des lustres, et pas uniquement dans le domaine laitier. On a penurie et surproduction, et je ne suis pas si sur qu'un marche plus libre amenerait forcement a la disette, tout simplement parce que ca n'a jamais ete vraiment essaye, avec les moyens modernes.<br /> <br /> Personellement, je pense que des milliers de PH seraient plus efficaces que des bureaucrates decidant les quotas laitiers ou autres jacheres.<br /> <br /> Ce qui m'a epate dans votre bilet, c'est qu'on vous interdisse de produire du lait. Outre le fait que je trouve formidable que vous ne soyez pas libre de faire ce que vous voulez avec votre outil de production, n'est ce pas un exemple ou on retire de la flexibilite au marche?<br /> <br /> Je comprends les problemes lies a la production, mais ils ne sont pas tellement differents dans d'autres secteurs. Airbus par exemple a des contraintes autres pour produire un nouvel avion. A la rigueur, le climat est un imponderable important, mais chaque marche a sa part de problemes imprevisibles.<br /> <br /> Il est vrai que les anglais ont un systeme un peu different, mais pas vraiment a cause du commonwealth. Ils sont plus prets a exploiter les possibilites du marche et sont moins dogmatiques sur leur independence.<br /> <br /> Pour ce qui est de la haute finance, ca fait 20 ans que je suis dedans (enfin, pas tres loin!), et si les problemes actuels sont graves, on a vecu des periodes interessantes en 1992 (avec les taux a 50% en France, ou 500% en Suede) et la disparition de l'ECU du jour au lendemain, ou la debacle LTCM en 98, ou encore la bulle internet en 2003! Les spirales du fou, ce n'est pas nouveau, c'est vieux de plusieurs siecles!<br /> <br /> La chose recurrente par contre, c'est qu'un gouvernement travailliste va encore finir en ayant ruine le pays, comme a chaque fois! Il n'y a rien de problematique que des politiciens ne peuvent aggraver. Mais je m'egare! :))
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