précisions sur prix du lait
J'ai demandé à un spécialiste :
En fait, on a une baisse de 10 % du prix du lait au 1er octobre 2008 par rapport au 1 er octobre 2007... On ne connaît pas le prix pour les livraisons de novembre et décembre puisqu'il n'y a plus d'accord interprofessionnel. L'industrie laitière voudrait une baisse pour le 1 er janvier de 40% ... C'est l'objet du conflit actuel, les éleveurs craignent une baisse totale d'au moins 30% ... On retombe donc toujours sur les mêmes chiffres ! La perte pour un élevage moyen sera de 30 000 € !
Monoi : Pour les denrées périssables, comme la viande ou le lait, il n'y a pas de marché à terme au moins au niveau des éleveurs qui sont payés sur les bases du marché de grès à grès, évoluant chaque semaine ou chaque mois ! On ne peut pas stopper une vache laitière quelques jours , ni la ralentir... On doit la traire deux fois par jour sinon elle ne produira plus jusqu'au prochain vêlage ! Cela explique que le lait soit jeté en cas de dépassement de quotas dans les cas extrèmes. Pour l'éviter, l'éleveur est obligé de rester toujours en dessous et il faut mutualiser les quotas ( donc gérer collectivement) pour limiter ces destructions !
Les producteurs sont donc prisonniers et ne peuvent pas faire varier facilement la production d'un mois à l'autre ! Idem pour une bête à viande, une fois finie, il faut la faire abattre. On peut jouer sur une semaine mais pas sur un mois ou deux ! Je rappelle également qu'une vache "porte" 282 jours donc pour avoir une vache en production laitière au bon moment, il faut le prévoir au moins 9 mois et 10 jours avant... La production agricole répond donc à des cycles, dont le plus connu dans le passé est celui du porc puisqu' il n'y avait pas d'intervention politique pour cette production !
D'où la nécessité impérieuse d'une gestion des marchés si on veut avoir des approvisionnements réguliers... Or tout est fait pour la supprimer ! C'est cette organisation qui a permis le formidable essor de l'agriculture des années 60 ! On ne doit pas confondre régulation et orientations de l'agriculture. Je m'explique : On peut orienter un système de production vers différents objectifs sur des critères de volumes ou écologiques par exemple, mais dans tous les cas, il faut un marché assez stable donc régulé pour que les paysans puissent avoir l'espoir de s'en sortir. D'ailleurs , sans cette régulation, les productions varieront dans des proportions énormes et toujours décalées dans le temps car il y a trop de facteurs ( cycles, climat, sanitaires..) qui entrent en ligne de compte ! Il est utopique de croire que l'on peut faire travailler longtemps à perte en donnant comme hypothétique espoir une flambée des prix qui n'apparaît qu'en cas de pénurie. Le consommateur citoyen ne perçoit plus ces enjeux et est convaincu qu'il y aura toujours de tout à volonté : C'est complètement faux ! Un système livré au seul marché, sans garde-fou, a toujours conduit dans le passé à des disettes ! Je ne crois pas que fondamentalement cela ait changé. La seule chose nouvelle est que le jeu se pratique au plan mondial et non plus au niveau de chaque pays ! D'où cette perception diffuse que les risques sont moins importants : On a vu ce que cela a donné la fin d'année dernière et ce début d'année et les effets du contrecoup amplifiés par les spéculations ! J'ajoute que les anglais pratiquent cette mondialisation depuis longtemps avec le commonwealth ( ce qui explique leur approche particulière ) ... Sauf qu'aujourd'hui, la notion d'empire a un peu évolué, même si la haute finance tenait, encore jusqu'à peu, beaucoup de choses !