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A 20 km d'ici, l'usine Michelin va perdre près de 500 emplois sur 1500 ! Comment ne pas penser à ceux qui sont directement concernés ? Comment ne pas être troublé ?

Sur ce bassin de vie, à la sortie de la guerre, il y avait 12000 mineurs ! Petit à petit, les effectifs ont diminué , le dernier puits a fermé dans les années 90, la dernière découverte dans les années 2000. Dans les années 1970,  ( il me semble ? ), l'usine Michelin avait été montée pour en quelque sorte remplacer une partie de la reconversion de la mine ! Aujourd'hui, c'est elle qui flanche et les industries de remplacement ne sont pas légions ! Les sous traitants ont quasi disparu, le bilan emploi reste désastreux... La seule ville de Montceau est passée de 28177 habitants en 1975 à 19500 en 2005 !

Au Creusot, je crois qu'il y a eu jusqu'à 20000 employés à la fin des années 70, début 80, à Creusot Loire. En 1984, c'était la faillite retentissante ! De restructurations en cessions, il reste bien peu de monde ! Le pôle nucléaire semble donner un peu d'air, la fabrication de bogies également, mais c'est sans commune mesure avec le passé ! La ville du Creusot a perdu presque 10000 habitants en 25 ans !

Combien de personnes ont vu leur vie bouleversée, détruite pour certains ?

Quel lien avec le monde paysan ? Un jour, dans une réunion au cours d'une crise, j'essayais de remonter le moral. J'ai dit que j'avais du mal à imaginer une région comme la notre sans paysans ! Un agriculteur m'a répondu le plus simplement du monde : " Mais PH, à Montceau, il reste du charbon et il n'y a plus de mineurs ! " Que répondre ? Oui, il y a de l'herbe, oui, il y a un vrai savoir faire ! Mais il suffit de traverser l'Atlantique pour trouver de la viande moins chère ! Qu'importe comment elle est produite ?

C'est en pensant à cela que j'ai répondu à un journaliste qui me demandait si les paysans pouvaient disparaître de notre pays que ce serait un vrai gâchis ! Mais ne l'est ce pas quand une usine ferme ? J'ai ajouté que cela est tout à fait possible dans un système sans vraie politique agricole ! Que se passe t'il donc pour le prix du lait aujourd'hui ? On veut payer le lait au prix mondial. Idem pour les autres productions agricoles ! Qu'importe d'où les produits viennent !

Je ne suis pas expert en économie mais je me pose une question : Combien de temps une société de consommateurs peut tenir si le pouvoir d'achat de ces consommateurs n' est plus issu pour partie d'une production ? On nous rétorque toujours que le tertiaire... Oui, mais souvent le tertiaire s'appuie sur l'agriculture et l'industrie en lui donnant une plus value ! Mais s'il n'y a plus de produit de base ? On a vu ce qu'il advenait de la finance quand elle n'est pas ancrée sur une économie productive réelle ( Islande...) Que se passerait il si les deux secteurs, primaire et secondaire, disparaissaient ? Je fais juste un constat, mes produits font officiellement vivre 5 personnes ! Si je ne produis plus cela fait 6 personnes sans travail !

Je force peut être le trait mais je dois constater que notre région a été sinistrée suite à ce qui s'est passé pour  les mines et la sidérurgie ! Elle ne s'en est jamais vraiment remise malgré des aides conséquentes de l'état et de l'Europe ! Beaucoup de jeunes partent à Chalon ou plus loin. Aujourd'hui, il reste 3500 éleveurs contre plus de 12000 dans les années 80 ! Pour le moment, le nombre de vaches s'est quasi maintenu ! Mais qu'en sera t'il dans les prochaines années ?

Vous pouvez me trouver noir ce soir ! Admettez qu'il y ait de quoi se poser des questions. Ce qui se passe dans l'industrie locale me concerne, ainsi que mes collègues :  Vit on dans un désert ?

Comments

[paysanheureux]

Cornus : merci , je n'ai rien à ajouter !
Sammy : Je ne suis pas expert ! sourire
Maman71 : c'est une de mes grandes interrogations ; Je trouve plutôt bien les échanges entre peuples mais une fois les compétences acquises par les pays émergeant, que nous restera t'il ?
Yanik : Tu as raison sur deux points : Un, on n'accepte plus rien dès lors que l'image d'une industrie est négative ! Deux, on ne risque plus rien ! Toutes les grandes aventures industrielles ont été menées par des passionnés ! Il en reste peu de cette dernière aujourd'hui !
Cornus : J'attends avec curiosité les coûts carbone des produits importés ! Mais aura vraiment les vrais chiffres un jour ?
Ksk : On ne peut pas toujours pleurer sur ce qui est perdu ! Mais une société me parait avoir le devoir de préparer l'avenir ! Les mutations sont indispensables sauf qu'elles doivent s'accompagner et être gérées ! Par contre, là où je suis d'accord, c'est sur la persistance du sentiment que tout était plus simple avant, ce qui est faux !

[ksk]

Il vaut mieux une bonne crise qu'une bonne guerre pour faire émerger certaines valeurs plus "saines"…
En notre Berry (et ailleurs, d'ailleurs) tout aussi sinistré, des liens sociaux et d'autres systèmes d'échange se mettent en place au niveau local. Le fric ne fait pas tout et du travail il y en a à la pelle. J'occupe deux pleins temps à moi seule et qqfs j'aimerai avoir qqun pour me remplacer. Oui il y a des secteurs qui manquent de bras (et de cerveaux) mais la reconversion nécessite une remise en question et ce n'est pas facile.
Pleurer ce qui est perdu ne me semble pas très constructif même si cela est nécessaire pour faire son deuil d'une époque que l'on veut toujours plus rose que celle que nous vivons actuellement.
Courage !!

[Cornus]

Certes, mais pour rebondir sur ce que dit Yanik, voire le contredire, il faut à mon avis, abandonner certains schémas désuets (ou qui finiront par l'être), tant sur le plan éthique qu'économique. Le fait de faire voyager les matières premières, certains produits manufacturés et même les hommes tout autour de la planète à un coût somme toute dérisoire, on peut penser qu'un jour ce sera fini, qu'on finira bien par payer le vrai prix de l'énergie que l'on gaspille san vergogne. Même chose pour l'ensemble des coûts environnementaux qui ne sont jamais répercutés (et je ne parle même pas des coûts de la casse sociale). Oui, un jour on se fera rattraper par tout ceci, c'est évident. On finira par payer des prix plus proches de leur vrai coût global. On finira par produire sur place les biens qui peuvent être produits localement. On finira par être moins énergivores. Ce jour là, j'espère qu'il arrivera avant que l'on ait tout détruit, avant la limite de non retour.

[yanik]

PH, l'industrie "lourde" c'est fini en France. Encore une dizaine d'annés pour liquider ce qui reste ?
Les marchés, les ressources,la main d'oeuvre sont ailleurs. Et tu connais des gens, en France, qui accepteraient qu'une usine de produits chimiques ou une métallurgique ou une fabrique de pneus vienne s'installer à coté de chez eux, même pour créer de l'emploi ?
D'autres boulots se développent dans de nouveaux domaines et les "jobs" industriels et commerciaux intéressants demandent d'être globe-trotters ce qui va à beaucoup de jeunes. Fini le "vivre et travailler au pays" des années 70.
Je suis assez d'accord sur la conclusion de @maman71 -> en France, on part du principe, à chaque idée nouvelle que "ça ne marchera pas". Alors, que dans d'autres pays, on dit "on va essayer".
Une époque s'éteint comme les usines, une autre se met en place avec les réseaux électroniques et leur virtualité.
Tout ça pour dire que je ne sais pas trop qui va venir s'isntaller auprès de ta ferme pour créer de la richesse ....

[maman 71]

eh oui voir le pays tomber si bas c'est navrant.j'ai 2 fils qui pour se faire une place au soleil se sont expatriés.l'un ingénieur est au canada et l'autre avec un dut tech de co est en angleterre.tous les deux gagnent bien leur vie et n'ont aucunement envie de rentrer en france ou personne ne leur a donné leur chance.n'ayant pas la faveur de connaitre des personnes haut placées ,on n'a pas cru en eux.le temps que l'on laissera la matière grise partir il n'y aura pas de solution