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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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6 août 2009

J'aurai 111 ans (2)...

Nous nous dirigeâmes vers l’intérieur de la maison , dans une pièce nommée encore salon mais qui n’avait plus rien à voir avec les pièces du même nom du début du siècle. Il n’y a pas de décorations aux murs qui sont peints en blanc. Au centre de la pièce, des fauteuils constituent le seul mobilier. Chacun y pris place. Sur le côté de mon siège, un petit micro me permis de commander l’ordinateur vocalement. Les écrans de télévisions ont disparu depuis très longtemps. Des milliers de micro projecteurs permettent de reconstituer en 3 dimensions n’importe quelle scène enregistrée ou transmise en directe. Selon l’angle choisi, on peut suivre un spectacle depuis sa maison comme si on se trouvait au milieu des spectateurs… A 360° , au dessus ou à ces pieds, tout est reconstitué fidèlement. Les fauteuils suivent les inclinaisons si nécessaire ou retranscrivent les secousses… On se retrouve donc au milieu de l’action, parfois même à la place de l’acteur dans certains films si c’est l’option choisie. On peut également recréer n’importe quelle ambiance. Par exemple,; hier, j’y ai passé 6 heures à lire, au sommet du mont blanc.

PH arrière petit fils demande à l’ordinateur de charger le programme qu’il veut nous montrer. Tout se passe par transmission à des débits en terra-giga…Puis se tournant vers moi, il me demande « Tu veux être en mode à la place ou avec nous ? » Je lui répond «  Avec vous pour la première partie. » . La pièce est alors transformée en cabine de spacebus. Mes arrières petits enfants commentent, revivant une scène qu’ils ont réellement vécue quelques jours plus tôt. « Grand papy, j’étais sur le fauteuil 60, tu me vois là ? On attache nos ceintures et hop, c’est parti… » Pour le décollage, le spacebus est en mode panoramique, on a l’impression d’être suspendu dans le vide ! «  On subit 3 G pendant 5 minutes, cela fait la même chose que sur un grand huit mais en plus long, c’est génial ! » Génial ? C’est à cause de cela que je ne peux prendre cet engin ! A mon grand regret, d’ailleurs, c’est Mme PH qui m’en a dissuadé… « 3 G à 111 ans, tu n’en reviendras pas. »

Dans la pièce, le compte à rebours a commencé, c’est comme si on y était. On se croirait sur un siège dans le spacebus. De chaque côté, on aperçoit le sol qui passe lentement du mode horizontal au mode vertical car lentement l’engin est mis en position « fusée ». Soudain, c’est la mise à feu, un léger tremblement, puis de chaque côté, le sol semble fuir, de plus en plus vite… On pourrait même recréer une partie des vibrations et des 3 G grâce aux fauteuils mais depuis qu’un certain nombre d’anciens ont fait des arrêts cardiaques en reconstituant virtuellement des sauts à l’élastique ou des plongeons du haut des falaises de fjords norvégiens, c’est formellement interdit aux centenaires ! Et pas question de déroger puisque chaque fauteuil  reconnaît son occupant. Frustrant…

Nous avons quitté la terre et au bout de 2 minutes le spectacle est immense et grandiose ! Plus on monte et plus notre planète apparaît dans sa splendeur . La couleur impressionne, ce bleu unique tâché de blanc par les nuages. Bientôt la courbure apparaît , puis le rond dans sa totalité. Nous sommes en route pour la lune, sans l’étape orbite terrestre. Dommage, j’aurai bien fait quelques tours pour admirer. PH arrière petite fille passe en mode accéléré. Tantôt je regarde la terre s’éloigner, tantôt en tournant mon fauteuil à 180 °, je regarde la lune se rapprocher. Tout le long du voyage qui dure 6 heures en réalité, les passagers restent sanglés à leur siège. Imaginez le bazar que représenterait 250 passagers volant dans tous les sens en apesanteur sans aucune formation. Et pour ceux que les fonctions naturelles inquiètent , qu’ils soient rassurés, tout est prévu dans les combinaisons spéciales. Intérieurement je me dis qu’avec un tel équipement, j’aurai pu , malgré mon grand âge, faire ce vol …

Elle revient en mode normal pour la séquence alunissage. Que c’est beau ! Le gris du sol m’impressionne et plus encore le noir du ciel , c’en est presque inquiétant. Les enfants court-circuitent la suite sans vrai intérêt. En fait, toutes les stations lunaires sont équipées de sol aimanté. On porte des chaussures spéciales qui vous « scotchent » au sol et l’on ne ressent pas l’état d’apesanteur. Le seul endroit où on les pose est dans les sacs de couchage spéciaux. Mais gare à celui qui ne respecte pas les règles. Les arrières petits enfants nous font vivre ensuite leur premier dîner dans l’espace. La séquence enregistrée nous emmène dans une pièce capitonnée  où ayant posé leurs chaussures, ils volent avec les aliments. «  Qu’est ce qu’on s’est amusé ! Regarde grand mamy, j’essaye de gober la goutte d’eau qui flotte. » … Visiblement, cette séance leur a beaucoup plu.

Mais je suis impatient de voir la suite, le vrai but de ce voyage. Nous reprenons donc la projection du lendemain. En réservant le voyage, j’ai insisté auprès de l’agence pour qu’ils soient bien dans la séquence 20 – 21 juillet de 21 heures à 3 heures… «  Tu sais grand papy, nous sommes montés dans un grand spacebus qui nous a emmené à l’orbite exacte d’Appolo XI. Regarde. » Je sens déjà l’émotion m’étreindre… « Ensuite, nous avons pris de petits spacecars où nous étions 2 par 2… Tu veux passer en mode avec nous ou à notre place ? » «  A votre place . » La pièce se transforme alors en cabine de spacecar ! Très particulière car reproduisant fidèlement l’intérieur du LEM qui , jour pour jour, avait alunie un siècle plus tôt. La lente descente commence alors, je refuse les accélérés. Toute la phase d’alunissage d’Appolo XI a été fidèlement été reproduite. La conversation avec Houston est intégrale, la trajectoire est identique, l’arrivée sur les rochers, la recherche d’un endroit plus propice et soudain , alors que la voix d’Aldrin indique avec angoisse 30 secondes de carburant, les restes de l’eagle apparaissent. Le drapeau est sens dessus-dessous, planté trop près il n’a pas résisté au décollage un siècle plus tôt.  Le spacecar se pose à quelques dizaines de mètres, on descend et emprunte un tunnel  de verre pour rejoindre le site. Des plaques au sol protègent les quelques traces de semelles des premiers astronautes qui n’aient pas été effacées lors du redécollage. Tout semble figé pour l’éternité dans ce décor , en l’état depuis un siècle. Il est protégé maintenant en étant classé patrimoine de l’humanité. A 3 heures précises, heure de Paris, une reconstitution intégrale a lieu sur le site à partir d’images de synthèse. Le LEM paraît tel qu’il était , un homme en scaphandre apparaît et descend lentement l’échelle «  Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » . Cette phrase prend tout son sens un siècle plus tard. Je regarde les yeux de mes arrières petits enfants qui pétillent «  Dit grand papy, pourquoi tu pleures ? »

Je ne leur avait pas dit la vraie raison de ce voyage. L’heure est maintenant venue de parler. Du moins après la fin de la reconstitution de leur voyage  Rapidement, ils me montrent les 4 jours suivant passés à découvrir les mystères lunaires, les jeux de l’espace puis le retour sur terre. Une heure après leur atterrissage, ils étaient de retour à la maison.

Nous sommes revenus sur la terrasse, pour manger et boire. PH filles et fils nous ont rejoint :«  Alors pourquoi ce beau voyage ? Et pourquoi tu pleurais ? » Nous nous regardons avec Mme PH, comment dire ?  Je prend la parole, encore ému : «  C’est un vieux rêve ! Lisez ceci. » leur dis je en affichant sur un écran des billets écrits sur un blog en juillet 2009. « J’ai vécu l’aventure lunaire des années 1970. J’avais votre âge et j’ai rêvé… Lisez, ce dont je me souvenais 40 ans après. Je sais que je ne pourrais jamais aller là-haut. C’est pourquoi je voulais que vous y alliez , à la date anniversaire. Grâce à vous, à vos commentaires, j’ai réalisé une bonne partie de mon rêve de jeunesse. Quand j’avais une dizaine d’année, au moment des exploits d’Amstrong, mon grand père m’a parlé d’un événement qui l’avait marqué lorsque lui-même avait 10 ans : La traversée de la Manche par Louis Blériot le 25 juillet 1909. A l’époque les avions ne faisaient que quelques kilomètres et ce type avait eu le culot de traverser la manche. Un siècle plus tard, j’avais une cinquantaine d’années et j’avais, grâce aux avions, été aux quatre coins du monde. Cette fois, c’est vous qui faites la même chose sur la lune grâce à un exploit réalisé il y a un siècle. » Ils me regardent avec respect , interrogatifs : « Mais nous , qu’est ce qui nous marquera ? » « Mes enfants, n’avez vous pas été emballé par la mission « galaxie » l’année dernière qui a permis à des hommes de quitter pour la première fois le système solaire ? Et par le défi lancé pour tenter de fouler le sol de la planète « Poséidon » d’ici une dizaine d’année ? La première planète de couleur bleue découverte à 4 systèmes solaires d’ici. Un jour vos petits enfants vivront là-bas et vous, sur terre, vous vous direz que vous auriez aimer  être à la place des premiers hommes qui s’y poseront .» Puis prenant la main de Mme PH, j’ajoute «  Nous avons tous des rêves fous, et ceux que nous n’aurons pas pu réaliser , ce sont nos descendants qui les vivront . Je préfère de loin que les hommes aient ces projets fous pour faire avancer la science plutôt que tout miser sur l’armement comme dans les années 2000 pour soi-disant prévenir du terrorisme. Chaque homme peut être pionnier dans son domaine de compétence, regardez comme l’agriculture, par exemple, a changé…» « Mais pour le savoir, il faudrait connaître la vie de l’époque, tu as gardé ton blog , grand papy ? » « Oui » «  Tu peux nous le faire lire ? » »Vous savez, ce n’est pas une histoire. Ce sont des flashs écrits au jour le jour, traduisant des idées, des états d’âme, des soucis et des joies … Bref une chronique un peu décousue, un brin de mémoire historique tout de même… »

Fable d'un PH rêveur, fin juillet 2009 !

Pour une lecture plus facile : J__aurai_111_ans

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Commentaires
P
Drine : En première ou en seconde ? sourire<br /> Clau91 : Non, mauvais conteur ! Enfin, je ne sais pas ?<br /> Rdt : Merci !<br /> Tatatoto : Pas si simple d'imaginer le 3... A voir en novembre. Le rêve, la seule liberté qui ne peut être retiré à personne !<br /> Yanik : merci<br /> Jardi85 : Souvent, je regrette de ne pas avoir de dictaphone : La nature est un lieu de rêve, de réflexion...<br /> Epa .. Mais il y en a d'autres...<br /> Dany : je suis tout rouge ...<br /> <br /> Merci à vous tous ! Dire que je détestais les rédactions ...
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D
Bravo!
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E
Je découvre votre blog et suis rassurée: il existe donc au moins un paysan heureux mais lucide... et bob blogueur de surcroît!<br /> je reviendrai vous lire ...<br /> Belle journée
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J
Je voit que le ronron de ta MoissBat te donne énormement d'inspiration.
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Y
C'est un vrai plaisir de voyager avec toi ! Merci.
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