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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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27 août 2009

Vie en Beauce au début du XIXè ...

Karine me l'a laissé en souvenir cet été !

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Ce n'est pas le genre de livre que l'on trouve habituellement en librairie. On est loin d'une écriture romanesque et pourtant, on se prend de sympathie pour ce paysan inconnu qu'un très lointain descendant exhume de son anonymat. L'historien retrace ici tout le contexte de vie de l'époque à partir des documents historiques. On ne sais pas grand chose du vécu au jour le jour d'Aubin Denizet mais on devine ce qu'a pu être son cadre de vie sociologique. Pas de descriptions ici des techniques de travail, d'emplois du temps journaliers ni même de rendements mais une description détaillée et scrupuleuse des actes économiques, de société ou juridiques des événements de l'époque qui ponctuaient la vie des paysans.

J'avoue avoir appris beaucoup de choses et en avoir retrouvé d'autres... Mes premiers souvenirs remontent à la fin des années 60, au début ici de la révolution verte. En essayant de réfléchir au cadre de vie décrite dans le livre, en comparant avec mes souvenirs, j'ai le sentiment qu'il y a eu beaucoup plus de chemin parcouru entre 1960 et aujourd'hui , qu'entre 1850 et 1960 dans les campagnes. J'ai retrouvé un cadre de vie qui existait encore en 1965 chez beaucoup. L'habitat était plus vaste qu'en 1850, la plupart des bâtiments ont été remodelé pendant les années folles, mais l'eau courante et les WC à l'intérieur sont arrivés vers 197O dans beaucoup de fermes ! L'abandon des "cuisinières" qui servaient tout autant pour la cuisson que pour le chauffage de la maison, date de cette période... Je ne parle pas des engins agricoles et des rendements. La loi qui régit les relations entre bailleurs et preneurs date de 1948, le métayage a décliné à partir de 1960 pour quasi disparaître aujourd'hui.

Aubin n'a pas connu les coopératives ( La première est née dans un département voisin du sien quelques années après sa mort) et syndicats agricoles qui sont apparus à la fin du XIXè mais il est déjà question à son époque de mutuelles d'assurances. Par contre, je suis surpris de la relation à l'argent et du nombre de créances dues à chacun, en particulier aux vétérinaires et médecins , premiers vrais prestataires de services avec les notaires à l'époque... Que de chemin parcouru depuis avec la banque verte avant qu'elle ne sombre dans les bras des sirènes du capitalisme sauvage en passant du statut de mutuelle à celui de société cotée en bourse !

Ces changements, ou plutôt ces bouleversements, me posent question : quelle définition donner au mot paysan ? Et en parallèle, qu'est ce qu'un paysan ? Je suis sûr que les réponses varient beaucoup d'une personne à l'autre... Si on se réfère à un mode de vie, figé pour certains à ce qu'ont vécu leurs grands parents, alors le monde paysan a disparu ! C'est sans doute ce qui crée ce décalage si important entre la société d'aujourd'hui et le vécu des derniers agriculteurs qui ne veulent pas, à de très rares exceptions près, vivre comme leurs aïeux. D'où cette réaction vis à vis de tous ceux qui laissent croire qu'un retour en arrière serait bon pour l' humanité.  Si on se réfère à un mode de vie, de pensée, basé sur un certain nombre de valeurs , ancré à une relation particulière avec la nature sur un pays précis... Alors, il reste des paysans, de plus en plus rares. Dans ce dernier cas, ils ne se reconnaissent pas au béret sur la tête ou à une bouche édentée, ni à un accent particulier pour être authentiques... Ils se reconnaissent dans un certain nombre de valeurs de modestie et de respect de dame nature, de solidarité, de débrouillardise et d'indépendance financière et d'esprit ou l'expérience et l'observation priment pour prendre des décisions "de bon sens", où l'initiative est reine mais dans la prudence et la réflexion... Pour combien de temps dans notre monde hyper financiarisé?

A ma façon de travailler, je suis plus conducteur de chantier ou décideur indépendant que paysan travailleur manuel ! A ma façon de régir face à dame nature, je suis sûrement très proche d'Aubin ... Et quasiment certain qu'il serait proche de ma façon de faire actuelle s' il en avait eu les moyens techniques et financiers... En cela, la lecture d'un tel livre est un formidable miroir pour le paysan d'aujourd'hui, pour mesurer le chemin parcouru...

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Commentaires
B
Moi je sais que mon cousin c'est depuis lundi qu'il mesure le chemin en ayant battu Val de 4 jours.<br /> Et il est pas peu fier ;-)
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T
la beauce serait-elle plus belle que ma brie ????
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C
Voila un livre qu'on a envie de lire maintenant !
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E
Très belle analyse sur l'évolution du monde paysan dont nous sommes presque tous issus. J'apprécie votre clairvoyance et la place que vous laissez à dame nature dans vos propos!
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