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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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11 novembre 2009

Pose des boucles, bouclage, marquage...

La réglementation impose de poser les boucles de reconnaissance des veaux dans les 48 h suivant le vêlage et de déclarer celui-ci au fichier départemental sous 8 jours. Passés ces délais, nous encourons de lourdes pénalités, déduites de nos subventions ! La séance de bouclage est toujours délicate... Les veaux se débattent, les vaches les défendent... Nous ne sommes plus assez nombreux pour le faire à plusieurs. Je le fais donc toujours seul avec comme seule précaution mon téléphone dans la poche pour le cas où...C'est un des moments les plus dangereux du métier d'éleveur.

                        

boucles

D'aucun argumenteront qu'il suffirait de rentrer le couple dans la stabulation ou dans un parc. Plus facile à dire qu'à faire ! D'abord, il faut avoir un parc à portée de veau. Avant 48 h, un veau n'est pas capable de parcourir des km... Ensuite, les vaches maternelles n'acceptent pas de se laisser prendre au cornadis tant que le veau est petit. Pire, il m'est arrivé de devoir ouvrir en catastrophe un cornadis pour libérer les mères complètement folles en entendant leur veau crier au moment où je les prenais. Elles risquaient de se pendre. De même, en cas de cris, le troupeau entier peut prendre la défense du nouveau-né. Il n'y a donc aucune solution miracle pour remplir les conditions sauf à changer la réglementation. Vous imaginez bien que ceux qui ont écrit la chose à Paris sont dans un autre monde, incapables de connaître la problématique. Quand il y a accident, c'est forcément une imprudence de l'éleveur...

         

m_re_et_veau_2

Le plus simple, le plus rapide reste donc de poser les deux marques le plus tôt possible, pour subir le moins possible la défense du veau. En même temps, c'est un moyen d'affirmer notre domination sur les animaux ( de façon positive, à la façon d'un maître sur son chien). J'espère que cela vous permettra de comprendre nos difficultés. Si le veau se défend, si les vaches menacent trop, il peut arriver que les boucles tombent de la pince. Si on marque plusieurs veaux en même temps, en remettant la deuxième boucle tout en tenant le veau sous la pression de la mère, il se peut qu'on inverse deux numéros ou qu'on mette la boucle à l'envers. On est alors passible de la pénalité. Ce qui est quand même un mépris pour la prise de risque et notre travail ...

                                                   

pas_de_veau

J'ajoute, j'aurai peut être l'occasion de filmer d'autres scènes, que certains nous reprochent l'écornage au motif que cela fait mal aux vaches. Je peux vous assurer pour m'être fait charger plusieurs fois qu'il n'est déjà pas très plaisant d'être entre une tête de vache qui pousse ne donnant des coups et une barrière ! Avec des vaches écornées, on risque des bleus ou au pire une fracture. Par contre, un coup de corne de vache peut être mortel, car quand elle remonte la tête, la corne déchire. Imaginez une vache comme celle-ci, une des meilleures car justement maternelle, avec des cornes! Elle n'hésiterait pas ! Je note que depuis que l'on écorne massivement, il y a une chute du nombre d'accidents chez les éleveurs. Alors dans ce débat mal posé, j'ai envie de crier "pouce". Le bien-être animal, je suis totalement pour, mais pas en mettant en jeu la vie des éleveurs ou celle des autres vaches. Car entre elles; pas de cadeau... J'ajoute que mon véto me fournit un calmant qui fait qu'elles ne souffrent presque plus au moment de l'opération !

                                 

m_re_et_veau

Bon après ces précautions oratoires, place au spectacle :



Ne sachant pas à l'avance où l'action se déroulerait, j'ai du rester en grand angle pour filmer. La compression pour le net a altéré la qualité, dommage...

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> pouvez vous nous parlez des controles sur le bouclage des bovins :<br /> <br /> sont-ils fréquents ? Qui les fait ? Quelle sont les pénalités ?
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S
Bravo Laurène pour votre ouverture d'esprit ! Mais vous savez, mourir de vieillesse chez les animaux qui vivent en troupeau en liberté dans la nature (genre les bisons du far-west, quoi ?), c'est l'horreur absolue : on devient le dernier dans la hiérarchie du groupe et on est obligé de le quitter en définitive car les autres membres vous attaquent violemment en tant que bouche inutile. Outre l'horreur de se retrouver seul alors qu'on a l'habitude d'être en groupe, on devient la proie des prédateurs, des maladies, sans pouvoir fuir.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce sont des choses qu'on apprend en étant éleveur.
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L
Je comprends mieux et si cet élevage est vraiment digne de cette description, ça change toute la donne dans ce cas ! Mais je suis tellement habituée aux éleveurs qui rendent esclaves les bêtes..<br /> <br /> Si PH respecte vraiment le cycle naturel de ces animaux, veille entièrement à leur bien-être et qu'ils ne souffrent pas à abattage (ce qui est difficile...), je n'y vois pas d'inconvénient bien sûr ! Même si je trouverais beaucoup mieux de laisser les animaux mourir d'eux-même afin de leur éviter les souffrances de l'abbatage :/<br /> <br /> Merci de votre réponse constructive !<br /> <br /> Laurène
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S
Le problème, Lau, c'est que, même si on vous explique, j'ai bien peur que vous refusiez de comprendre. La fierté d'éleveurs "moraux" comme PH, c'est justement de donner à leurs animaux une vie la plus heureuse possible. Ses reproducteurs, par exemple, ont la vie idéale, il les soigne, quand leur pré n'a plus d'herbe, il les change de pacage, quand il fait froid et que les végétaux ne poussent plus, il les met au chaud... À l'état sauvage, les bêtes peuvent connaitre la famine, le froid, la mortalité infantile est très élevée, elles connaissaient l'angoisse du prédateur, si je me mets à leur place, je crois bien que je préfèrerais habiter chez PH ;-) L'élevage est le fruit de la civilisation et du sentiment d'humanité dont vous parlez. Et tout ça nous ramène au grand problème fondamental : la mort est inéluctable pour tous les organismes vivants et si les humains veulent être heureux, ils doivent accepter sereinement ce fait et accepter leur finitude. Et là, nous avons justement beaucoup à apprendre des animaux, ils sont très forts à ce petit jeu. Ma volaille en liberté a en ce moment de petits problèmes avec une renarde qui traine dans le quartier et je suis admiratif de la vitesse à laquelle mes poules font leur deuil de leurs amies qui disparaissent sous leurs yeux !
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L
C'est rassurant. Merci pour votre réponse constructive. <br /> <br /> Mais le simple fait de leur infliger des souffrances à l'abattage est une absence d'état d'âme... Pourquoi forcément choisir un métier exploitant les animaux, au lieu de vivre AVEC eux ? Du type ferme pédagogique etc. Ou un élevage sans production de viande : comment peut-on voir naître et faire grandir son animal et l'envoyer froidement à l'abattoir ?<br /> <br /> Il faut que l'on m'explique car je ne comprends pas comment une personne censée disposer d'humanité peut faire cela...
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