3 vêlages, 3 cas ...
Il arrive que la relation mère veau
avec les génisses ne se fasse pas ! C'est rare, mais j'ai une
génisse qui a coincé le dernier week-end! C'est toujours la
galère et ce soir, après une semaine d'efforts, je n'arrive
toujours pas à lui faire accepter ! Que s'est-il passé ?
Rien de particulier. La génisse a vêlé sans encombre, mais elle a
refusé malgré toutes mes tentatives de lécher son veau ! J'ai
"salé " le veau, je l'ai badigeonné de farine dont
la mère est pourtant très gourmande, je l'ai frottée avec la
délivrance, rien n'y a fait ! Le veau est une génisse très
débrouillarde ! J'ai donc réussi à la faire téter assez
vite, mais en prenant la mère au cornadis ! Comme celle-ci se
défend, j' ai utilisé la technique du tuyau que mes collègues
m'avaient décrite, il y a peu ! Les coliques engendrées ont
ralenti les coups de pied. j'ai passé une sangle autour du poitrail
que je serre une fois prise au cornadis ! Mais cela ne suffit pas, il
faut impérativement que je reste à côté tout le temps que le veau
tête pour qu'elle ne botte pas trop ! Si je sors de la case,
elle vire le veau !
Nous avons maintenant un rituel bien
rodé ! Je lui écarte un maximum de farine dans sa crèche !
À contrecœur, elle vient la manger et se prend ! Je serre la
sangle et le veau tête ! Comme la farine est écartée, elle
prend un malin plaisir à en chercher tous les grains, un par un à
la fin ! C'est sa façon d'oublier que je la force ! Je
reste contre elle, bien au chaud pendant les 10 bonnes minutes que
dure l'opération ! Quand elle en a marre, je desserre la sangle
et je la libère. L'opération se répète deux fois par jour !
Mais elle ne doit pas avoir beaucoup de lait, car le veau, joli au
départ, me semble dépérir ! J'ai donc commencé les biberons
de complément ! Mais pour le moment, le bébé fait un peu la
moue devant ce lait reconstitué ! Un long de travail de
patience commence, je vais essayer de l'habituer de plus en plus,
jusqu'au moment où je pourrai me passer de la mère ! Inutile
de vous dire que je ne garderai pas cette dernière... Et que je suis
condamné aux biberons pendant 4 mois !
Mardi,
j'ai eu droit à un vêlage plus costaud ! J'ai surveillé la
génisse de midi à 17 h, à la fréquence d'un coup d' œil
toutes les demies heures... Mais à 17 h, j'ai pensé qu'il fallait
intervenir pour la soulager ! J'ai donc mis la vêleuse et ai
commencé à tirer ! Le veau était assez gros, la vulve n'était
pas assez dilatée... J'ai donc tiré doucement, la génisse hurlait
par moment ce qui me fend toujours le cœur, mais je n'avais pas le
choix ! Tout doucement, nous avons fait le passage,
j'accompagnais ses contractions... La tête est sortie au bout d'un
bon moment, j'ai continué de tirer doucement. J'ai cru rester pris
au "cul " , en fait, au bassin du veau ! Mais un
petit mouvement de vêleuse l'a dégagé... Elle poussait tellement
que le "ventre suivait ". J'ai donc laissé le veau
dont je savais qu'il ne risquait rien pour remettre le ventre dans la
foulée... Il n'était pas complètement sorti, mais au premier
tiers... Je l'ai tourné légèrement sur le côté en le vrillant et
tout doucement, je l'ai remis ! J'ai ensuite enfilé tout le
bras pour bien le remettre en place... Pas question d'aller chercher
une bouteille, il fallait que je coupe les coliques de la mère au
plus tôt ! La seule solution est de la faire lever le plus vite
possible ! Seul, j'ai tenté une manœuvre de feinte. J'ai pris
le risque de la laisser 2 minutes, le temps de passer le veau de 50
kg devant elle. Elle a commencé de le lécher le temps que je
repasse derrière ma main engagée pour contrer la colique
éventuelle ! Quand ses efforts se sont calmés, je suis repassé
devant et j'ai tiré le veau hors de sa portée ! Je suis
repassé derrière et là, je l'ai encouragée à se lever pour
retourner lécher le bambin, le bras engagé... Ensuite, je
l'ai laissé tranquille. Deux heures après, je suis revenu voir si
tout allait bien ! Mme PH m'avait dit " Tu risques de
devoir le tenir pour qu'il tête ! " Mais coup de bol,
il était debout et n'avait besoin d'aucune aide... Preuve que le
vêlage, un peu technique, n'avait fait souffrir ni la mère, ni le
veau !
Mercredi matin, tout autre problème ! À 6
heures, la génisse montre des signes évidents de "travail ".
À 8 heures, rien ! À 9 heures, aucun progrès. Je la prends au cornadis, je
passe un gant et je fouille. Le col est ouvert, je sens la
poche des eaux derrière et juste un petit truc que j'identifie comme
une queue. Elle est repliée, rien n'est engagé... Je rappelle qu'un
veau en présentation normale arrive les pattes avant d'abord, la tête
en haut posée sur les pattes... Là, c'est donc le vrai siège.
Si le veau est gros, la césarienne s'impose ! J'appelle le
vétérinaire ! Un quart d'heure plus tard, il est là avec une
associée ! Le temps d'apporter de l'eau chaude et autre
matériel, ils avaient déplié le veau, petit en l'occurrence !
J'ai mis ma vêleuse et nous l'avons sorti sans problèmes ! Une
heure après, la petite génisse tétait !
Voilà donc le
problème du métier ! Je ne suis pas intervenu sur les 6
premiers vêlages. Et là, 3 fois de suite, il fallait être là, soit
pour vêler soit pour faire téter... Je n'ai pas eu de vêlages
depuis, donc je ne sais pas si les choses vont redevenir simples ou
si je devrai encore faire des actes assez techniques ! Il faut
donc toujours être prêt à tout !