Une journée en hiver...
Réveillé tôt, je me suis levé pour voir les vaches sur la
télévision de la cuisine puisque celle de la chambre refusait obstinément de
livrer quelconque image ! Il n'a pas neigé contrairement à Lyon...
Dehors, avant le lever du jour, les températures sont de l'ordre de - 5°... Je
commence toujours par faire le tour de la stabulation du bas, c'est là qu'il y
a risque de vêlage, donc c'est l'endroit qu'il faut le plus surveiller ! Sauf
que cette fois, c'est dans un autre lot dans l'autre bâtiment que les choses
vont se passer... Je fais téter le refusé, selon un protocole immuable avec une
vache qui souffle de mécontentement, mais qui ne bouge plus le temps où je suis
là ! Je distribue mes rations de concentré aux broutards et laitonnes puis à
toutes les vaches puisque c'est le dernier des 5 jours de mise à niveau des
apports en sélénium et iode pour éviter les veaux mous... Déjà je remarque
qu'une vache est en retard au cornadis...
Lorsque je reviens un quart d'heure plus tard avec le foin, je ne me fais plus
d'illusion, elle est en vêlage... Je passe dans la case, la poche des eaux git
dans la litière. Je la sors du lot et la passe dans une case individuelle de
vêlage. Je la laisse tranquille et je pars pailler tout le monde. Je jette de
petits coups d'oeil réguliers à la vache, elle pousse un peu, mais rien ! Je
termine mes soins aux animaux, donc le pansage, et je décide de démarrer le tractopelle...
Qui refuse, la faute au froid. Je vais chercher un tracteur, mais les câbles
sont trop courts. Je suis donc obligé de démonter la batterie du tracteur pour
la mettre à portée de câbles, puis une fois l'engin récalcitrant mis en route,
je la remonte... Bilan ,un petit quart d'heure de perdu !
La vache n'a toujours rien fait, je décide de l'aider : je passe une main et je
sens 4 pattes et 2 têtes dans le bassin. Bien sûr, ça coince ! Je prends un second gant et je passe les
deux mains, l'une tirant le veau du bas, l'autre repoussant en arrière le veau
du haut. On reconnaît les pattes en partant de la tête est en suivant les
épaules... Ils sont tous petits, mais ils bougent. J'allonge le premier, mais
il m'échappe des mains au moment de passer les cordes. J'ai un doute en l' entendant tenter d' aspirer à l'intérieur. Le cordon se serait-il coupé ou aurait été
pincé par l'autre veau ? Je le tire à la main le plus vite possible !
Il est très petit, environ 32 kg... Le coeur bat encore, mais je n'arrive pas à
lui faire prendre sa respiration. À t'il bu ou est-il trop fragile ? Je ne
sais ! Mais je suis très déçu et triste ! La vie est si fragile...
Je retourne dans la vache pour sortir le second ! La taille des pattes est
plus normale. Je le tire doucement. Il réagit tout de suite et n'a aucun
problème pour respirer... Je peux donc le laisser à sa mère, après l'avoir
bouclée, pour aller manger...
À 13 h, il n'est pas encore debout. Je pars mettre en route mon chantier de
compost... Impossible de démarrer l'épandeur ! Il a plu la semaine
dernière et l'eau est restée dans la caisse du bas des hérissons. Elle a gelé
et aucun mouvement n'est possible. Il me faudra 1 heure avec barre à mine et seaux
d'eau chaude pour parvenir à mettre en route l'engin ! J'ai épandu ensuite
jusqu'à la nuit... J'ai même nettoyé à la lumière des phares les hérissons ce
soir pour ne pas devoir recommencer l'opération de dégel demain ! Le ciel
me pose question : Neige demain ou pas neige ?
En rentrant, j'ai été faire téter les veaux ! Impossible de dire si le
nouveau-né a bu ! Il tient péniblement sur ses pattes ! Il faut dire
que les jumeaux manquent de place et que les membres sont souvent un peu déformés !
Cela se voit pendant quelques jours. Je lui fais boire du lait entre mes doigts
que je tire du pis sans avoir attaché la mère... Mais les quantités sont trop
faibles pour le mettre hors de danger ! Je lui fais prendre un sachet de
colostrum en plus ! La mère d'ailleurs n'aime pas ma sonde et menace de me
sortir... Mais, le patron, c'est moi, je ne reviens pas là-dessus. Elle n'aime
pas non plus lorsque je provoque une bonne purge de méconium... Je lui fais
alors remarquer que c'est son boulot à elle, en léchant le veau ! Mais il est
vrai que comme il ne tient pas bien debout, c'est difficile pour elle. Donc je suppléais
par précaution...
Je suis donc rentré crevé et gelé ! Le temps de préparer un petit plat pour le
dîner et hop, une bonne douche bien chaude... Mais il va falloir que j'y
retourne à la fin de ce billet ! Un sachet , ce n'est pas suffisant pour la
nuit ! Il faut que je lui apprenne à téter. Et ce, avant d'aller au lit...
Problème du soir : Faudra t'il que je reprenne une douche avant d'aller
rejoindre les bras de Morphée ? Eh oui, le risque de sentir la vache sera
conséquent si je dois faire téter le veau sur mon genou. Et je ne pense pas que
Mme PH apprécie l'odeur pour dormir !
Ensuite, un dernier tour avec les caméras et le marchand sable clôturera une journée
d'hiver en Charolais !