le premier jour...
Les anciens disent ici qu'il doit encore neiger deux fois avant l'arrivée du printemps. C'est tout à fait possible ! Voilà donc déjà huit semaines que l'hiver sévit. Huit semaines, où tous les animaux, sauf les deux taureaux, sont dans les stabulations. Tout le monde tient, il est vrai, mais au prix fort puisque toutes les animaux très serrés dans les cases. De ce fait, j'ai consommé beaucoup plus de paille qu'il ne convient. Je vais être obligé d'en racheter.
Mais depuis la Chandeleur, le temps s'est radouci. La pluie a remplacé la neige, la luminosité augmente régulièrement. Je me suis donc décidé aujourd'hui à desserrer un peu les animaux dans les stabulations. Ce soir, quatre vaches retardées, c'est-à-dire qui vêleront beaucoup plus tard, gambadent dans le pré au bout des bâtiments. Les deux vaches dont j'ai perdu les veaux paissent maintenant tranquillement dans la parcelle de l'autre côté de l'étang. Elles ont profité du premier soleil cet après-midi. Bien sûr, la pluie demain sera moins agréable pour elles. Mais grâce à ces mouvements, j'ai une ou deux vaches de moins dans les cases de celles restant à vêler, permettant ainsi aux animaux restants d'avoir beaucoup plus de place. Dans trois jours, je commencerai ainsi à consommer beaucoup moins de paille. De plus, pour surveiller les vêlages, ce sera beaucoup plus facile. Je m'attends à une énorme vague de naissances dans les trois prochaines semaines.
Je ne crois pas à la fin de l'hiver, du moins pas encore. C'est pour cela que je ne lâche pas plus d'animaux. Je ne veux pas prendre le risque de faire piétiner les prairies. Toutefois, la prochaine étape devrait se situer vers la fin du mois. Je compte aménager des jeux de barrières de façon à pouvoir lâcher les jours de beau temps un ou deux lots plus conséquents tout en les rentrant systématiquement tous les soirs. J'espère ainsi assurer une transition en douceur entre l'alimentation hivernale qui est très sèche, je le rappelle, et la vraie mise à l'herbe. Le but étant de limiter le stress au maximum de façon à essayer d'éviter ce que nous appelons le trou du lâché : un stress trop violent retarde le retour en chaleur des vaches. C'est ainsi qu'il n'y a quasiment pas de vêlages durant la quinzaine qui correspond...
Cela m'amène à parler des bâtiments d'élevage. Si je devais, ou plutôt si je pouvais revenir en arrière, j'orienterai et je positionnerai les bâtiments de telle façon à ce que tous les lots de vaches ou de génisses reproductrices puissent avoir des accès directs à des parcelles sans qu'ils soient obligés de traverser les chemins d'accès pour la nourriture ou pour la surveillance. Le positionnement actuel des bâtiments date d'une époque où l'on n’envisageait pas un seul instant que les animaux puissent aller et venir au cours de l'hiver.
Personnellement, je pense que c'est une grande erreur. Bien sûr, avec les conditions que nous connaissons depuis huit semaines, il n'est pas question de laisser les lots abîmer les prés. Mais en fait, les vaches font très bien la part des choses. Ainsi, l'autre jour, quand j'ai voulu curer les cases, j'avais laissé la possibilité aux animaux d'avoir accès à un petit pré tout en pouvant revenir sous le bâtiment. Par trois fois, pour trois lots différents, elles sont sorties faire un petit tour et sont tout aussi vite rentrées manger ce qu'il n'a pas facilité mon travail avec le tractopelle… En réalité, lorsqu'elles ont le choix, elles préfèrent le confort à la liberté !