Prix du blé et utilisation...
Inutile de compter sur une baisse du prix du pain...Est ce que le prix de la farine a baissé ou est il resté cher ? Est ce que d'autres charges ont augmenté ? On ne peut que constater que le ciseau des prix payés aux producteurs et celui payé par les consommateurs ne cesse de s'ouvrir ou de s'écarter. Où passe la différence? Jusqu'où cela peut il aller ? Regardez bien le graphique et surtout l'échelle des valeurs en ordonné ( Vous minorez de 20 à 30% et vous avez le prix producteur )...
Source "réussir"
On peut faire tous les discours du monde, faire semblant de réfléchir au futur, parler de réforme, le graphique parle de lui-même. La hausse de 2007 avait justifié une augmentation du prix du pain, la baisse depuis bientôt 2 ans n'a aucune conséquence pour le consommateur. Cherchez l'erreur... Il en va de même pour tous les produits agricoles. La PAC de 1992, modifiée tous les 3 ou 4 ans depuis, conduit les agriculteurs à la ruine, sans que le consommateur en profite. On montre du doigt les subventions à l'agriculture mais elles servent à masquer un holdup général sur le travail des paysans. J' ajoute qu'il y a deux ans, la dernière réforme en date a pris de l'argent dans la poche des céréaliers au motif que tout irait dorénavant très bien pour eux pour le redistribuer aux éleveurs, surtout ceux de moutons. Enfin ça, c'est la version officielle. Car dans la réalité, si les éleveurs de moutons, les lanternes rouges des revenus agricoles depuis 2 décennies, ont effectivement eu droit à une part justifiée du gâteau, pour les autres, c'est symbolique. Car comme à chaque fois en pareil cas, une partie de l' enveloppe dégagée a été détournée de l'agriculture.J'ai entendu dire qu'un quart de la somme prélevée est ainsi retournée au budget général soit de l'état, soit de l'Europe. La conjoncture céréalière s'est retournée très vite. Il a simplement suffit que les spéculateurs cessent leur basses œuvres quand les récoltes ont été bonnes, heureusement pour l'intérêt général. Mais pour les céréaliers, ce retournement est dramatique car les charges, elles, ont continué d'augmenter...
Pourquoi un éleveur vous parle t'il de cela ? Déjà parce que je trouve que nos responsables professionnels de l'élevage ont commis une erreur majeure en cherchant à s'accaparer une partie des aides des céréaliers. Au lieu de nous diviser entre nous et de nous battre pour se partager un gâteau en baisse, il aurait mieux valu proposer un schéma d'ensemble pour une nouvelle PAC, plus solidaire. Personnellement, si les cours des vaches avaient suivi la même courbe que celle du blé, c'est à dire être plus que doublé en quelques semaines, je trouverai normal que mes subventions diminuent en proportion. C'est d'ailleurs ce que font les USA. Mais à l'inverse, si les cours chutent trop, les aides seraient débloquées en conséquence, avec le risque de voir les budgets exploser ( N'est ce pas ce que l'on a fait pour l'automobile par exemple ?). Cela aurait le mérite d'obliger les politiques à faire quelque chose pour une fois et non de laisser les maillons forts des filières orienter les marchés à la baisse pour mieux en tirer profit... L'exemple du paragraphe précédent est parlant, une vraie politique devrait modérer les ardeurs de ceux qui profitent du système... Suivez mon regard...
Mardi ou mercredi, les céréaliers seront à Paris. Là encore, je regrette que les autres productions ne soient pas associées au mouvement. Nous sommes tous sur le même bateau. D'ailleurs, suite aux spéculations de 2007, un courant de pensée a pris de l'importance. "Les animaux en pâturant ou en mangeant des aliments sont des concurrents inutiles des hommes". On pourrait donc réduire la chaîne alimentaire en supprimant le maillon animal pour les apports de protéines... Avec un blé à 270 €, il n'y avait pas besoin de campagne de presse ! Le coût des aliments achetés était tel, que la production de viande aurait durablement diminué car trop chère à produire et trop chère pour le consommateur... Mais on ne change pas une production en un an. Je reparlerai des difficultés et des conséquences si je devais abandonner les vaches ici. A 110 € par tonne de blé, le problème n'existe plus. Un cours aussi bas dénote un excédent de production. Et heureusement que les animaux consomment un peu, sinon le blé ne vaudrait plus rien ! C'est en cela que nous sommes interdépendants entre productions. Voici l'utilisation prévue du blé en France pour la prochaine campagne:
FAB signifie aliment du bétail : Un tiers de ce qui est consommé en France. Notez que l'on exporte plus que ce que l'on consomme ! Donc, si les animaux sont supprimés, que de plus les surfaces en herbe sont mises en culture, on créera plus de problèmes que l'on en règlera...Là encore, une vraie politique alimentaire est à mettre en œuvre. Il pourrait être concevable, si la production diminuait trop une année, qu'il faille freiner la consommation animale pour nourrir les hommes. Freiner ne veut pas dire arrêter ! Tout est affaire d'équilibre. On pourrait aussi se dire qu'il faudrait diminuer certaines consommations de pesticides. Des essais sont menés par l'INRA. Les rendements diminuent mais la surprise des premiers résultats est qu'ils sont plus stables d'une année sur l'autre, avec une marge légèrement supérieure ( Par contre, il faut être super technique). Donc des évolutions sont possibles. Mais il faut donner des caps et ne pas laisser les paysans dans l'incertitude comme maintenant.
Car mettez vous un instant à notre place ! D'un côté on nous culpabilise avec les primes, de l'autre les cours sont historiquement bas. On nous accuse de polluer ou que nos animaux mangent trop. En même temps, tous les curseurs indiquent qu'il n'y a pas de pénuries de denrées, bien au contraire et qu'il serait suicidaire de tout labourer.
Alors, on n'y comprend plus rien ! Le pire serait qu' on laisse la situation se détériorer. On dira que les "meilleurs"... On est proche de ce point de rupture et les meilleurs sont les plus âgés car les moins endettés. Le risque est que les plus jeunes, par définition les plus fragiles, partent... Et tôt ou tard, à un moment, on produira beaucoup beaucoup moins ! Quelques accidents climatiques toujours possibles, un volcan par exemple qui nous envoie cette fois un vrai nuage de cendres et notre société se retrouvera dans une situation très complexe, par incurie politique...