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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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27 mai 2010

La vraie catastrophe n'est pas celle annoncée

 « Pouce ! »

C’est ce que j’avais envie de dire hier soir en découvrant sur libération.fr ce que je vais vous montrer… Il faut dire que les éleveurs en ont marre de toutes ces réunions où l’élevage est systématiquement décrié comme étant dangereux pour la planète. Ainsi, la semaine dernière, au cours d’une réunion publique dans notre village, parmi quelques chiffres cités, l’un d’entre eux stipulait qu’un kilo de viande nécessiterait 15000 l d’eau ! Comment est ce calculé ? Sur le coup, les éleveurs, moi y compris, se sont sentis encore mis à l’index ! Cela n’arrête pas en ce moment. Puis en réfléchissant, j’ai repris le chiffre des 300 l d’eau consommés par un européen chaque jour. (Chiffre cité ce soir là). Ainsi, quelqu’un qui vit 80 ans consomme 8 760 000 litres ! De quoi relativiser. Tout est donc affaire de présentation. Il n’empêche…

Si on regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde…

Si on faisait avec autant de constance le tour de tous les risques que l’Homme fait réellement prendre à la planète…

Si

Alors !

Le golfe du Mexique, c’est loin. Difficile de se rendre compte de l’importance réelle de la catastrophe qui s’y déroule. Et, disons le franchement, nous avons plutôt envie de dire aux américains ; « Débrouillez vous tous seuls avec vos problèmes ! » Hier soir, un site m’a fait prendre conscience de l’ampleur du désastre. C’est tout simple, on part de la photo satellite de la nappe telle qu’elle est en ce moment :

    en_r_alit_

 On peut la projeter où l’on veut dans le monde, en gardant la même échelle. Inévitablement, j’ai placé le puits sur mon village et voici ce que cela donne : De Bourges à Chambéry, de Roanne à Besançon…

    chez_moi

 Pour voir, j’ai eu la curiosité de la placer sur Marseille et là, on se rend compte que toute la côte d’azur serait souillée.

 

marseille

Sur Bordeaux, on confirme les surfaces.

    bordeaux

Enfin sur Londres, on se rend compte que cela toucherait la France… 

londres

Je comprends mieux la gravité de la situation, et l’angoisse de tous ceux qui sont « voisins » involontaires. Je comprends l’enjeu majeur que représente le colmatage de la fuite. Il est incroyable que cela n’ait pas pu être fait. Je n’ose penser à ce qui va se passer si les ouragans se déchaînent. Il risque d’y avoir du pétrole loin à l’intérieur des terres. Et cette immense nappe flotte au grès des vents et courants. Quand elle contournera la Floride,ce qui est inévitable, elle prendra le « boulevard » Gulf Stream, à l'endroit où il s'accélère et, même diluée, ce sera tout l’Atlantique nord qui sera pollué.

    800px_Golfstream

 

Alors ?

Alors, si on appliquait les mêmes leitmotivs à l’industrie  pétrolière qu’à l’élevage, voitures, avions, locomobiles diesel, bateaux et autres engins à moteur thermique devraient s’arrêter  immédiatement. Le fait d’être obligé d’aller toujours plus profond en mer pour extraire la précieuse énergie fait prendre des risques incommensurables à la planète…

Alors, si on admet la réalité, à savoir  qu’aucune technique ne sera jamais définitivement sûre, la question du nucléaire doit être posée. Sans doute est ce encore indispensable aujourd’hui, mais de là à faire croire au risque zéro!!!!! On devrait mettre tout en œuvre pour en sortir un jour.

Alors, on devrait se poser la question légitime de la concentration des moyens qui a des conséquences incontrôlables en cas de perte de contrôle. Je m’explique : Si on revient à des installations à taille humaine, on a moins de chance d’avoir des accidents très graves, c'est-à-dire dont on ne peut plus contrôler les conséquences car dépassant les limites du dégât acceptable. A condition de ne pas faire n’importe quoi pour éviter la pollution diffuse. On aura donc toujours besoin de la vraie connaissance qui marrie sciences et expérience…

Alors, se pose le problème des définitions. Qu’est ce qui est « nuisance » et qu’est ce qui est « pollution » même potentielle ? Il y a souvent confusion entre les deux. La vache est le maillon naturel d’une chaîne alimentaire, elle fait partie d’un biotope dont l’équilibre global doit être pris en compte. C’est la rupture de cet équilibre, par la concentration par exemple, qui peut provoquer une pollution. Il n’y a pas de rivière ou de mer de pétrole à l’état naturel sauf dans quelques déserts et de façon très très restreinte. Le moindre déversement est donc une pollution. Quand à la radio activité, je n’ose même pas penser aux conséquences d’une fuite sur notre continent…

Ne me croyez pas contre tout ! Je veux simplement poser des questions et faire des remarques. Dans notre société, nous concentrons tout. Pourtant… En 1981, un mois avant de revenir sur la ferme, j’ai posé la question à l’informaticien de la boite dans laquelle je travaillais : « J’ai testé un micro-ordinateur ce week-end (Un commodore 64 qui ferait sourire aujourd’hui) ! qu’en pensez vous ? Quel sera l’avenir de l’informatique ? » Sa réponse a été simple et sans nuances : « C’est un gadget, seuls les gros systèmes ont de l’avenir ! » 30 ans plus tard, nous avons des micro-ordinateurs individuels autonomes qui communiquent entre eux par le réseau Internet. La taille ne fait pas tout, il faut toujours des informaticiens. Qu’en pense t’il aujourd'hui ?

Je crois que nous sommes face à nos choix de société :

Soit nous continuons de tout concentrer et prenons le risque de provoquer l’irréversible sur notre planète. Si le coût réel de la catastrophe actuelle était imputé sur le prix du pétrole, le prix serait moins attractif.

Soit nous nous interrogeons pour retrouver une certaine autonomie individuelle. Appliqué à l’énergie, nous pouvons continuer dans la voie du tout nucléaire, gaz et pétrole et brûler les réserves de la planète en prenant tous les risques. Nous pourrions aussi parier sur le renouvelable et construire de petites installations autonomes qui misent, en réseau, pourraient contribuer au besoin général...

Mais veut on de ce choix ? Autonome veut dire qu’il sera difficile de taxer ! Autonome veut dire qu’il y aura moins de dépendance aux grandes sociétés, donc perte de marchés… C’est peut être ce qui explique pourquoi on attaque autant les petits comme nous, les paysans, en faisant croire à un manque de productivité de ce qui est à taille individuelle!

Cette catastrophe écologique réelle nous remet donc face à nos responsabilités de consommateurs et nos choix de vie. Alors que nos campagnes se désertifient toujours aux profits de grandes villes, au point de vouloir les sanctuariser en les cantonnant à un rôle de réserves, le mouvement pourrait être inversé. Imaginez que je puisse utiliser toute l’énergie naturelle qui se produit et qui est perdue, sur le territoire de ma ferme : hydraulique, bio masse, solaire ou même aérienne (à 12 mètres, pas à cent) …  Mon métier serait bouleversé et retrouverait sa vraie place ! Exportatrice en énergie, en denrées alimentaires et en qualité de vie, ma région rurale retrouverait alors tout son attrait…

Et l’on n’aurait plus besoin de prendre des risques inconsidérés pour aller chercher du pétrole au fond des mers pour se chauffer…Un vrai enjeu pour la planète !

 

 

 

 

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Commentaires
P
IsabelleZ : Je ne dis pas qu'il faille tout stopper net ! Mais il faut commencer... Ici, il y avait du charbon, quand j'étais jeune, personne n'aurait imaginé qu'il y ait d'autres solutions. Le mines ont fermées, la population a continué de croitre ! On doit être capable de s'adapter, même s'il faut deux décennies...<br /> Blousse : Deux mois dans 3 jours que le pétrole coule ! Bientôt 150 000 000 galions dans l'océan. Des milliers de litres de dispersant dont personne ne connaît les effets... Et BP veut pouvoir continuer de verser les dividendes trimestriels !!!!<br /> RDT : Oui, l'Homme veut toujours plus ! Mais quand on voit cela...<br /> Yanick : Pour la jardinerie géante, je ne pensais qu'au moyen de communiquer avec les parisiens... Mais finalement, est ce le bon ???? Pour ce qui est du reste, je n'ai rien à ajouté à mon billet : Sans être contre le progrès, le problème de la sécurité devrait être mis en avant, pas que pour la nourriture...<br /> Hervé : Le chose ne sont pas arrangées depuis ! Pour le moment, la nappe stagne sur place, mais elle finira par bouger...<br /> anne : Moi, j'y crois à moyen terme : Mais le mode de consommation est conditionné par le mode de distribution... Donc on bloque !<br /> Joellebarn : Merci mais je n'ai pas de copains journalistes...
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J
je suis d' accord sur tout, mais je n' aurais pas su l' exprimer aussi bien.<br /> votre billet devrait être lu par tous ! pourquoi ne pas tenter de le faire publier par un journal ?
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A
belle analyse ph<br /> et si on se disait que le plus gros pouvoir était celui du code barre ?<br /> dimuinuer sa consommation de trucs fabriqués au bout de la planète<br /> acheter local (et encore mieux bio)<br /> habiter en campagne<br /> consommer moins<br /> dépenser moins d'énergie et multiplier les petites productions d'énergie<br /> utopie ? peut être, mais j'ai envie d'y croire
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H
Effrayant !<br /> Bonne idée d'avoir transposé, ça parle à tout le monde...
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Y
Merci PH pour cette démonstration graphique et pétrolière ainsi que pour toutes les questions bien posées.<br /> La réflexion semblait pragmatique et novatrice au niveau national avec les "Grenelles", mais il semble bien que les rentes de situations même précaires, comme celles lièes aux énergies fossiles, aient repris l'économie en mains.<br /> Sinon j'étais sur les Champs au milieu d'une grande jardinerie censée représenter l'agriculture moderne ...
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