La solidarité paysanne existe encore
20 h, hier soir... Je quitte la réunion en vitesse, esquivant malheureusement le petit pot qui exceptionnellement avait cours ensuite... A regret, mais je suis attendu à Montceau les Mines par PH fils qui représentent ses pairs au conseil de classe. " Tu viens vers 20 h15 ! " Pour faire Charolles - Montceau, il faut une demie heure... Je suis donc déjà en retard. " Comme d'habitude" dirait Mme PH qui est retenue en formation à l'autre bout du département....
20 H 13 , entre Palinges et Saint Bonnet, une voiture est garée dans un chemin de bois. Un homme fait signe sur le bord de la route. Je suis partagé, je suis en retard, mais le côté Saint Bernard l'emporte. Je m'arrête. Un homme, type asiatique s'approche en faisant des courbettes de remerciements. " J'ai crevé, c'est une voiture d'entreprise et il n'y a pas de clé pour desserrer les boulons ! Vous n'avez pas une manivelle !" Je suis en tenue plutôt propre avec veste ! Pas facile de mettre les mains dans le cambouis. J'hésite, le temps tourne. Je me dis que je ferai mieux d'aller chercher une vraie clé à pipe chez un collègue qui habite 300 m plus loin. J'emmène avec moi le naufragé des routes. L'éleveur me reconnaît. Je lui explique la situation et de façon super sympa me propose de prendre en charge notre homme. Déjà, il est parti fouiller dans sa boite à outils. J'ai un peu honte de mettre à contribution quelqu' un qui était tranquillement chez lui. " Mais on peut tous tomber en panne !" Il est vrai que les paysans s'aident entre eux..." Il est quand même super chic ! Car à cette heure-ci, sur cette route là, il pouvait rester un bon moment...
20 H 35: J'arrive au lycée. Je m'attends à des reproches, mais heureusement la pause cigarette a occupé le temps... La discussion part sur autre chose. Pour me faire pardonner, je propose un mac-do. Pas pour moi , je vous rassure !
21 H 15 : Nous sommes à la maison. Je consulte l'horloge. J'ai trois quart d'heure avant de repartir. Je commence donc de dîner.
21 H 20 : Le téléphone sonne, c'est mon frère. "Il y a 2 veaux sur le chemin à côté de chez moi ! Je t'attends " J'embarque PH fils et la liste des veaux par lot car il y a 2 lots de chaque côté du chemin. PH fils prend le volant. Il repasse son permis dans quelques jours. La conduite est prudente. " Approche les veaux au maximum que je puisse lire les étiquettes !" Les veaux ne nous laissent pas faire mais je reconnais un mâle. Ils vont dans le lot de la montagne ! " Recule presque au virage!" Je vais ouvrir la barrière un peu avant. Je fais signe à mon frère de les pousser doucement. Les mères de la montagne ne sont plus là mais l'autre lot croyant que je vais les changer de pré s'approche bruyamment de la haie. Inévitablement les deux veaux sont attirés par ce lot qui n'est pas le leur... Tout doucement, mon frère les poussent au niveau de la barrière. Ensuite, alors que je me tenais plus bas, je remonte doucement. Deux fois, les veaux font mine de se jeter dans la haie ! Finalement, ils prennent la barrière ! Je dois les repousser pour qu'ils retrouvent les mères... Je remercie mon frère ! Il n'est pas paysan mais il en a gardé l'âme. Sans son aide, la manœuvre aurait été délicate.
21 H 45, je pose PH fils devant l'endroit où il laisse son scooter. Nous l'avions oublié tout à l'heure.
21 H 48 : Un morceau de fromage dans la bouche, j'appelle ma cadette pour lui dire que j'aurai 10 minutes de retard...
21 H 50 : Je suis dans la voiture. Direction la gare TGV. Je ne peux pas faire en moins d'une demie heure en respectant les règles... Ce que je fais, de toute façon car je traverse des grains orageux hyper violents. Je met 35 minutes...
22 H 25 : Je charge la valise. Retour à la maison...
22 H 55 : Je suis rentré mais je n'ai pas le courage d'écrire...
Qu'avais je à dire hier ? Que le dernier né dont je n'ai jamais reparlé va bien. Le vache ne l'avait pas touché avec sa patte. Je ne savais pas donc je prévoyais le pire en espérant le meilleur ! Un indice pourtant : Au moment de l'incident, le veau n'avait pas crié. Or, s'il avait eu mal, il l'aurait fait !
Qu'ai je à dire ce soir après la soirée un peu agitée d'hier ? Que comme beaucoup d'hommes, je sous estime les contraintes de transport pour les activités des enfants. Les mamans sont méritantes.. Et heureusement que le mot solidarité existe encore chez les paysans. Ici, on est peut être un peu perdu mais on ne laisse pas tomber quelqu'un qui a un soucis... Pourvu que cela reste une valeur... Quand on voit ce qui se passe parfois dans les villes !
Il faut que je trouve un moyen de remercier mon collègue de Palinges !