Pourquoi se dépêcher 1 ?

Je reviendrai sur la question très complexe de l'équilibre à trouver pour les équipements... Mais deux raisons nous poussent à récolter l'herbe le plus vite possible :

La première est liée à l'évolution de la qualité de l'herbe. Plus elle est jeune, tendre et verte, plus elle est riche en matières azotées. A l'inverse, plus le cycle avance, plus cette valeur diminue. Donc, plus on récolte tôt, meilleur est cet aliment qui reste ici la base de l'alimentation . Et donc, moins on a besoin de corriger les rations hivernales en apportant un aliment acheté. Je simplifie, bien sûr, mais c'est une règle essentielle... Revers de la médaille, plus l'herbe est jeune, plus elle est riche en eau donc plus elle est compliquée à faire sécher et coûteuse à conserver ( coût d'un chantier d'ensilage) ! Enfin, dans le cycle de l'herbe, la quantité de matière sèche, base du rendement, évolue de façon croissante puis stagne ou diminue. Il y a donc un optimum à trouver pour récolter, entre la valeur des plantes, la capacité à faire sécher ( la météo est primordiale ) et la quantité récoltée.

Pour exemple, les premières bottes de foins seront les meilleures en qualité. Par contre, je n'ai fait que 9 bottes par Ha. Les foins de cette semaine sont les meilleurs compromis ! La valeur reste excellente car les pluies de juin ont permis une pousse conséquente d'herbe verte qui a la même valeur que celle du mois d'avant ce qui fait une très bonne moyenne par rapport à la première pousse qui était déjà passée... Mais les quantités sont meilleures : 14 bottes par Ha. Voilà de quoi assurer la base de la nourriture du cheptel . De plus avec des températures de 30°, il était plus facile de récolter.

Cette qualité va maintenant baisser très vite. On entre donc dans une course contre la montre. Après le 10 juillet, les foins seront beaucoup moins bons, on dit ici " trop mûrs" ou " de la paille"... D'autant que les températures d'été accélèrent le processus de maturation.

         

Il me reste deux parcelles à couper et une toute petite ouche ! Pour que tous les prés n'arrivent pas à maturité en même temps; j'ai fait "déprimer" la moitié des parcelles au printemps, c'est à dire que je les ai fait pâturer par les vaches avant le 1 mai. Ainsi, la pousse a été retardée et ce sont ces parcelles qui restent à récolter.

Dernière remarque qui fait l'objet de discussions "très dures" dans la profession : Je ne pratique pas de mono culture d'herbe au sens que je sème pas une seule variété ou une seule catégorie de plante, mais des mélanges. Dans les livres, la productivité est améliorée par la culture unique ! Dans un débat récent, il y a eu une discussion très vive sur le sujet. Oui, les rendements sont meilleurs, au moins en volume, avec un ray grass italien... MAIS, il faut le récolter à point et ça , c'est plus complexe. Je passe sur les quantités d'engrais, sur les structures de sol dégradée par les engins et autres effets résiduels d'une mono culture qui permet trois récoltes en deux ans. En fauchant cette semaine, je me suis rendu compte que mes prairies qui reçoivent depuis plusieurs années du compost et quasi plus d'ammonitrate sauf une dose de réveil soit moins de 30 unités / Ha les années sans compost sont maintenant riches d'une multitude de graminées et surtout de légumineuses. Je me dis donc que la valeur globale du foin ne peut pas être inférieure à celle d'une mono culture. De plus, cette mixité fait que si une variété est plus en avance, une autre compense en qualité par son retard. Je suis donc convaincu que c'est beaucoup mieux pour l'alimentation globale du troupeau. Même si je reconnais que cette culture plus aléatoire est impossible à mesurer par des analyses sur une même parcelle, la diversité conduirait différentes bottes a donner différents résultats !

L'équilibre serait donc dans la moyenne d'une diversité la plus large possible ! Une toute autre approche très terre à terre de la bio diversité chère à quelques écologistes... Approche aléatoire puisque non qualifiable par des mesures agro-environnementales car tout ne s'arrête pas à la définition de prairie permanente mais à sa conduite ! Qu'il est dur de se dire qu'il faut faire confiance aux paysans...

            

La seconde raison est pour demain, si le temps le permets ! Un orage hier a déversé 26 mm en un quart d'heure ! Heureusement, je n'avais pas fauché...

         

Comments

[Sarah]

...et par conséquence, apporter des éléments tout aussi variés, que ce soient des vitamines ou des minéraux et oligo-éléments?!

[joellebarn]

bonjour
je pense que la variété apporte une nourriture plus riche et équilibrée, évite les manques, c' est vrai pour nous, donc pourquoi pas pour les herbivores. et puis si la nature a privilégié la variété ce n' est pas sans raison. enfin des herbes variées doivent pomper dans le sol des éléments variés aussi, au lieu de le vider d' une substance ???

[blousse]

bien d'accord... Pourquoi se presser?
Toujours très instructif.
Bon courage Heureux Paysan.

[dr huss]

Bonsoir,
Chez nous aussi la qualité évolue très vite avec 33° en journée plusieurs jours de suite l'herbe grille sur pied pr n'être que plus de la paille.Mais le plus gros souci vient des trombes d'eau du début du mois de juin + de 30mm voire 45mm tout les deux jours qui ont engorgées les prés.D'où une piètre qualité dans ces endroits avec un foin poussièreux voire avec de la terre.

[Arkadia]

En même temps, cette année il y a peu de foin, je ne suis pas sure que les gens s'interrogent sur sa valeur énergétique à l'heure qu'il est mais pensent surtt aux réserves qui ne seront pas suffisantes pour l'hiver ^^
Et puis reste qu'il faut éviter de laisser "pourrir" en attendant de le ramasser, et de le vendre une fortune.