contrariété...
Si les fortes quantités de pluies font le bonheur des vaches, qui grâce aux repousses, bénéficient toutes d'une herbe bien verte, il me pose quelques problèmes pour terminer la moisson...
Impossible de couper avant jeudi et lorsque je vais voir, je ne suis pas convaincu ! Les entrepreneurs n'ont pas le choix, il faut qu'ils coupent. Mais quand on a "sa machine", on se dit qu'il convient de récolter au meilleur moment. J'avais passé dans des conditions idéales une première parcelle de triticale juste avant les orages. Depuis, je rongeais mon frein et vendredi, je démarre. Les prévisions parlaient de pluies faibles pour lundi après midi. 3 jours de beau temps pour avancer d'un bon coup. Les deux premières heures de coupe vendredi en début d'après midi me laissaient penser que j'avais fait le bon choix en attendant ainsi. Car les roues de la moissonneuse étaient humides, trahissant une humidité limite pour récolter comme il faut. Dans le premier tour, première contrariété : Je m'embourbe. Le temps de récupérer PH fils, un tracteur et un câble et voilà déjà une heure de perdue. Un peu plus tard, un caillou casse un doigt de la barre de coupe. Heureusement, j'en ai dans la boite à outils et je réussi à réparer : encore un quart d'heure perdu. Plus grave, vers 17 heures, un pierre explose une maille d'une des trois chaînes du convoyeur ! Je commence de stresser car personne n'a de pièces sur place. J'ai peur de rester bloqué tout le week-end. De toute façon, tout est déjà fermé à cette heure-ci. Après quelques appels téléphoniques, j'irai chercher les pièces le lendemain matin à trois quart d'heure de la maison... De dépit, je décharge la remorque et je presse jusqu'à 22 h 30. La nuit est déjà bien tombée.
Course pour récupérer les pièces le samedi matin, puis dépannage par mon mécano. Vers midi, je repars sans manger ! A 13 heures, le même scénario contrariant que celui de la veille se reproduit. C'est la chaîne de l'autre côté ! Personne ne répond au téléphone ! J'entame une réparation qui va me prendre 2 heures, m'usant totalement. Heureusement que le matin, j'avais fait provision de morceaux de chaîne et de mailles rapides. Je parviens à réparer et sans attendre ni manger, je repars à ma coupe. Je suis assez dépité , limite découragement... Je remplie ma remorque et profite du temps de déchargement pour grignoter un peu. J'arrive à terminer la parcelle et grâce à un petit coup de main d'un voisin qui me ramène ma remorque, je peux presser une partie de la paille jusqu'à 23 heures.
Ce matin, en lisant les prévisions, je suis à nouveau contrarié. Les orages sont annoncés en fin de soirée. Sans attendre, je presse tout le reste la parcelle. J'arrive à terminer à l'heure pour pouvoir démarrer la moissonneuse à midi, soit juste à la levée de la rosée. Je pars donc serein pour commencer ce dernier champ. Dans ma tête, ne pouvant tout ramasser dans la journée, je me dis que je vais couper jusqu'à 18 heures afin de presser ensuite pour éviter de faire mouiller la paille.. Je retrouve les scénarios de 2007. J'arrive dans le champ, je commence et au bout de quelques mètres, consternation, il ne sort pas un brin de paille derrière la machine. La paille a été bloquée par une tôle qui servait au propriétaire précèdent à la diriger vers le broyeur. Elle s'est décalée et la paille s'est entassée au fond de la machine. Pendant deux heures, je plonge au cœur des entrailles de la machine pour sortir par poignées la paille accumulée. Une galère dont je sors trempé de sueur des pieds à la tête. Au moment de parvenir à mes fins, en refermant le capot du haut, une énorme tache d'huile sous le moteur attire mon attention ! Je suis consterné, mon moteur aurait il rendu l'âme ? La machine serait alors fichue !!! Heureusement, je trouve l'origine du problème. Le filtre à huile du moteur fuit... Je le resserre et tout semble aller. Ne sachant pas ce qu'il reste dans le carter, je remonte à pied chercher de l'huile. je complète le niveau ... Et je peux revenir couper le support de la tôle pour que le premier incident ne se reproduise plus. Vers 15 heures, je peux enfin couper !
Mais dame nature m'en veut ! Au premier tour, je remarque que le temps est plus menaçant que prévu. Je téléphone donc à ma mère pour lui demander de me prévenir de l'arrivée des orages ! Depuis toujours, elle en a peur et venait nous chercher au fond des champs quand nous faisions des chantiers de petites bottes. Au début du troisième tour, elle me téléphone qu' elle entends le tonnerre. " Vois tu des éclairs ?" " Non" Je sais alors qu'il me reste quelques précieuses minutes ! Il faut que je vous explique que le bruit de la machine couvre le bruit des orages ! La parcelle où je travaille est dans un vallon pour partie d'où je ne vois pas les nuages arriver. C'est pour cela que j'ai besoin d'un ou une vigie.Je termine le tour, je vide la trémie dans la remorque et je remonte. Il ne faut surtout pas que le grain dans la remorque mouille, il serait fichu. Je gare la remorque à l'abri. PH fils m'annonce que nous sommes en vigilance orange. Une énorme orage gronde ! Je saute sur la presse et je retourne mettre en bottes la paille. 3 tours, c'est peu mais tant qu'il ne pleut pas, je ne peux pas ne pas tenter. Je ne ferai qu'un tour avant d'être sorti par la pluie. J'ai vu de beaux éclairs depuis ma cabine...
Il me reste donc encore 2 jours de coupe ! Les pannes m'ont coûté 6 heures de coupe ! Avec 6 heures, il ne resterai qu' un petit après midi. Mais c'est ainsi, il est dit que cette année, la moisson sera galère ! Il faut donc s'accrocher ! Toujours s'accrocher même quand la contrariété est vraiment de mise ! Et comme m'ont dit mes enfants ce soir : "Heureusement que tu as bourré la machine, sinon..." Sinon, le moteur aurait serré car je ne suis pas certain que les alarmes aient le temps d'avertir à temps ! Finalement, il y a toujours quelque chose de positif à retirer de l'adversité...