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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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5 octobre 2010

De bons chiffres donc on ferme...

Encore râleur ce PH !

Vous pourrez le penser en lisant la suite. Mais que voulez vous ?  Je ne peux être indifférent à ce qui se passe sur ma commune, dans la quasi indifférence générale... 

Donc, en fin d'année, le drapeau ne flottera plus en ces lieux !

            

gendarmerie_de_Toulon

Depuis la révolution, mon village est chef lieu de canton ! A ce titre, il bénéficie de quelques prérogatives dont la présence d'une gendarmerie, sans doute depuis la création de ce corps d'armée. Immergée dans la vie du village, la brigade fait partie de notre vie communale. Même si parfois certains ont eu quelques soucis, la présence des gendarmes est un vrai facteur de tranquillité dans un village comme le notre. La qualité de la relation avec la population dépendait bien sûr des hommes et des chefs, mais objectivement, dans la plupart des cas, cela se passait très bien ! Avec beaucoup d'intelligence, les gendarmes exerçaient leurs fonctions en prévenant avant de punir. Cette proximité leur permettait en retour de tout savoir et d'éviter les dérapages. De plus, nous avons, au regard de ce qui se passe un peu plus loin, là où ils ne sont pas présents, été plutôt protégé des cambriolages ou autres méfaits. La présence d'une gendarmerie dans un bourg a un réel effet dissuasif. Rassurante même quand on appelle quelqu'un que l'on connait et qui sait qui vous êtes et où vous habitez...

Il y a une dizaine d'années, notre gendarmerie a été mise sur la sellette. Je me souviens de quelques discussions avec le colonel du département. Comme pour le reste de la société, les gendarmes aspiraient à une vie en dehors du service. Une brigade de 4 ou 5 gendarmes ne permettait plus d'assurer une permanence tout en laissant le temps libre mérité aux personnels. Une solution astucieuse avait été trouvée en créant des groupements de brigades. Bien sûr, les délais d'intervention pouvaient être un peu allongés si par malheur les gendarmes de garde se trouvaient à l'autre bout de la zone mais globalement, cela s'est bien passé. Je pensais donc que le système allait perdurer, d'autant que quelques affaires avaient démontré l'importance d'avoir des hommes ( ou femmes) partout sur le territoire.

Mais depuis plusieurs années, la ligne directrice des services de l'état va vers la concentration. Donc, on préfère fermer les petites brigades et rassembler les gendarmes dans des mini casernes. Il ne faut pas être dupe, les politiques, malgré les cris d'orfraies de certains, sont très contents dès lors qu'ils dirigent les villes accueillant ces regroupements. Cela fait des familles qui viennent habiter là ! Autant de consommation sur place, d'enfants dans les écoles, de services publics consolidés... Tant pis pour les villages alentours qui voient les portes des services publics se fermer. De toute façon, le dossier est compliqué. Pour installer une gendarmerie, la commune doit fournir le terrain, le département construit les murs et l'état installe les gendarmes ! Inutile de dire que l'avis des habitants d'un village passe par pertes et profits et qu'il est facile de renvoyer la balle concernant la prise de décision d'une fermeture sur les autres !

Nos dirigeants ont des arguments imparables. Partout, à propos de sécurité, on entend parler de police de proximité ! Nos ancêtres l'avaient déjà compris en disséminant sur tout le territoire les gendarmeries ! Avec comme mission première de protéger les populations plutôt que de les réprimer ! D'informer pour prévenir , dans les deux sens d'ailleurs ! Le paradoxe est que lorsque la mission est trop bien remplie, ces objectifs tombent ! Je m'explique, l'argument avancé pour fermer notre gendarmerie est que notre village est trop calme, trop sûr ! Donc plus besoin de gendarmes... Et la peur du gendarmes ? Inefficace ou trop efficace ?

Il y a surement des gens qui sont satisfaits de cette fermeture. Ils verront bien et le regretteront vite. En effet, c'est plus facile de venir remplir un carnet de PV pour tenir les objectifs ( stupides au demeurant ) quand on habite à 15 km. Le regard des gens le lendemain en emmenant les enfants à l'école ou en faisant les courses n'est pas le même ! Il ne s'agit pas de corruption. Car à l'inverse, il sera difficile de garder un contact de confiance, bien utile dans certaines affaires, quand il n'y aura plus cette proximité. De plus, on le voit déjà dans certains coins, avec des quotas d'essence, de temps et autres contraintes, ils ne se déplaceront plus pour venir constater des petits délits, des embrouilles... Du coup le sentiment d'impunité pour les uns, d'insécurité pour les autres va augmenter, avec les conséquences que l'on connait...

Mais mes mots butent dans le vide de l'idée générale que la ruralité coûte trop cher ! Nos territoires meurent à petit feu, de façon irréversible. La perception est déjà partie depuis très longtemps. Demain, ce sera la poste, puis les écoles... On nous démontrera que cela coûte toujours trop cher, que c'est mieux d'emmener tout le monde à 20 km. Se faire soigner devient difficile dans beaucoup de zones rurales. Mais là, même les villes autour de nous vont connaître les mêmes désillusions, quand on finira avec un ou deux hôpitaux départementaux autour desquels tous les spécialistes seront regroupés... Ce mouvement est absurde mais impossible à inverser pour le moment ! C'est la façon de compter qui est mauvaise. On devrait mesurer le degré de satisfaction d'une population qui traduirait un certain confort de vie ! On devrait avoir des ratios d'utilisation de l'espace !

Là, on compte les nombres de délits, les problèmes, des contraventions... Faut il qu'il ait une délinquance incontrôlable pour investir des moyens pour la sécurité? Faut il qu'il y ait des heures de files d'attentes pour justifier d'un service public ? Faut il qu'il y ait des statistiques morbides pour qu'enfin on comprenne que dans certains cas, la présence d'un médecin, même avec des moyens limités , est plus importante qu'un transport des cas critiques à une heure de route ? Les exemples foisonnent.Les discours pleuvent, rassurants, alors que les décisions traduisent le contraire. Oui, la ruralité pourrait être une proposition pour une vie heureuse et équilibrée ! Je croyais même que ce serait une alternative sérieuse à l'absurdité des déplacements en région parisienne par exemple ! La technique ( transports, numérique...) permet de réduire le fossé de la distance sauf qu'on ne l'installe pas là où elle serait la plus intéressante même si moins rentable dans un premier temps ! Et oui, qualité de vie et bonheur n'entrent pas dans les statistiques. D'ici peu, 90 % de la population sera citadine... Et sans doute 90 % du territoire sera un désert !

" Pourtant, que la campagne est belle, comment s'imaginer, en voyant un vol d'hirondelles que l'automne vient d'arriver...? "( Pour les plus jeunes, on nommait "hirondelle" les gendarmes à moto ! C'était quand j'étais jeune.)

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Commentaires
E
Et quatre années plus tard, c'est pire! Je pense aux longs trajets en bus que doivent faire chaque matin les petitous pour aller à l'école parce qu'on a fermé la "vieille" école de leur village. Désolant!
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M
c'est partout la même chose, les mêmes raisons, les mêmes décisions qui vont à l'encontre du bon sens. Que dire de plus tout est dans ton billet.
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C
Toute la problématique de la ruralité et plus particulièrement du Far West de la S et L (comme le nomme les maconnais ou chalonnais) qui se dépeuple. les maires essayent d'attirer de nouveaux habitants mais comment y arriver quand on supprime les services gendarmerie, poste, école ...
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I
certaines zones se désertifient , tandis que dans d'autres régions , il faut plus toujours plus..des maisons, des immeubles,des zones industrielles et commerciales, l'emploi n'est pas toujours au RDV,on voit pousser pas loin de chez nous de grands batiments industriel(stockage), sans forcement beaucoup d'emploi à la clef; et dans le même temps on attend toujours un collège qui aurait du ouvrir en 2008, aujourd'hui notre fille est dans un collège de 1115 élèves(pour à peine 900 places) et pourtant cette augmentation était très prévisible!!!
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C
Dans le premier trimestre 2010, j'ai effectivement lu un article qui dénonçait ses français qui voulaient vivre à la campagne et qui coutaient chers à la collectivité. Cela coûte cher d'apporter l'électricité, l'eau, le téléphone, le courrier au bout du chemin dans la campagne. Il était dit noir sur blanc qu'il fallait éviter les logements sociaux à la campagne et qu'il fallait regrouper les gens en ville parce que cela coute moins cher. <br /> Moi qui vient de quitter la région parisienne après 15 ans de demande de mutation, je suis effarée par ce genre d'état d'esprit. Je suis tellement contente d'être enfin au vert, loin de la folie banlieusarde due à l'entassement de la population au même endroit. Cet entassement qui donne lieu à de l'agressivité et à l'indifférence.<br /> Je suis effarée de ce que les nombres peuvent sur certains de nos dirigeants.
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