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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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31 octobre 2010

Train de nuit, train fantôme...

Deux heures du matin, le tac-tac régulier du train sur les raccords des rails s'est achevé depuis trop longtemps, il n'y a plus de sursauts au passage des aiguillages... Dans un demi-sommeil lointain, je me souviens de l'arrêt ! Il y a toujours ce même ralentissement caractéristique, le bruit des boggies qui freinent puis cette petite secousse qui marque l'arrêt définitif lorsque le wagon vient buter sur celui qui le précède. Inconsciemment, je trouve cet arrêt trop long. Le silence est devenu pesant. Il n'y a aucun mouvement dans le wagon, mes voisins de cabine sont profondément endormis. Les corps fatigués semblent enfin profiter de ce calme prolongé, de ce répit sonore. J'ai du replonger plusieurs fois dans les bras de Morphée et toujours revenir sur cet arrêt anormalement long. Je suis de plus en plus intrigué. Je descend par l'échelle centrale, prétextant un petit passage par les toilettes pour aller voir ce qui se passe... Personne dans le couloir, c'est le train des marmottes !

Les toilettes sont à l'entrée du wagon. Je dois passer devant la porte soufflet pour y accéder. Nous sommes dans le premier wagon, on voyait l'arrière de la locomotive tout à l'heure. Il n'y a plus rien, juste la voie qui se perd dans le brouillard un peu plus loin. Je suis de plus en plus curieux, j'ouvre la porte et descend sur le quai. Un froid polaire vient me gifler. Nous sommes au milieu de nul part sur un plateau du Jura. Pas un chat, pas un mouvement même au loin. Il n'y a que des quais éclairés par  des lumières blafardes, d'autres voies sans wagons. La bise me force à remonter rapidement non sans avoir remarqué "Mont d'or" sur une pancarte  ! Où sommes nous ? Encore en France, en Suisse  ? Le brouillard donne une sensation bizarre à cette situation. Le train de wagons semble oublié là, abandonné à lui -même, sans que personne ne s'en soucie ! Je suis dans un train fantôme !

Je rejoins ma banquette. Mme PH, PH fils et l'américaine dorment. Je fais attention de ne pas les réveiller. J'imagine ce que donnerait cette situation incroyable si les 300 ou 400 passagers se réveillaient en sursaut et découvraient que les wagons sont abandonnés... Heureusement, c'est la nuit. Déjà, toute la semaine dernière et le week-end, nous avons pensé à renoncer au voyage. Les grèves !!! Ce train a été supprimé plusieurs jours de suite. Impossible d'annuler l'hôtel sans perdre les nuits, ils ont l'empreinte de la carte bancaire. Côté ciel, plus aucune place sur les vols directs, il restait à payer des sommes invraisemblables en passant par plusieurs escales européennes. Finalement, pour éviter la dernière journée d'action avec un risque réel de rester en rade, Mme PH décide de retenir une nuit d'hôtel supplémentaire. Pour le cas où, nous étudions même les horaires des trains de jour, révélant l'impossible voyage qui alors serait plus long que celui en voiture... Et puis, nous avons décidé de partir, souriant en évoquant le côté aventure qui finalement donne une touche particulière...

Deux heures environ après être monté dans le train à Dijon, nous voici déjà en situation. Lorsque nous avions ouvert la porte du compartiment, une dame occupait déjà une banquette. Elle s'exprimait en anglais, nous dit être américaine et descendre au premier arrêt étranger... Le voyage débutait bien ! Pas longtemps... L'arrêt durera près de 3 heures. Je serai un brin soulagé en sentant une locomotive se raccrocher aux wagons et la lente progression sinueuse reprendre à travers les Alpes. Parfois, je me réveille et me penche dans la peine ombre pour voir si la voisine est descendue, histoire de chercher à savoir où nous nous trouvons... Une fois, elle n'est plus là mais ses bagages le sont, puis plus rien, puis à nouveau... Je dois rêver.

Lorsque j'émerge vraiment, j'allume mon portable. Il est 8 h 30. Je suis surpris. Je descend, enfile mes chaussures et sort. Nous attendons à l'entrée d'une gare qu'une voie se libère. Je n'y comprends rien. "L'américaine" est devant la porte avec ses deux énormes valises. Une fois à quai, je l'aide à les descendre. Je découvre les panneaux, nous devrions être loin. Cet arrêt était prévu aux alentours de 6 heures du matin. Je retourne dans la cabine, Mme PH et PH fils dorment d'un sommeil profond. Je ne peux pas lire, je replie juste le lit intermédiaire pour pouvoir m'assoir. Mais sans lumière, je m'ennuie. Je sors alors pour presque tout le reste du voyage, dans le couloir, regardant le paysage...

Vers 10 h 30, Mme PH sort. Elle n'est pas surprise par le retard. Elle m'explique que plus tôt encore en pleine nuit, elle a été réveillée ( Elle dormait au même niveau ) par l'américaine qui avait mis son téléphone en réveil. Un moment plus tard, elle est revenue prendre ses valises. Quand, encore plus tard, Mme PH est allée aux toilettes, elle l'a trouvé en pleurs dans le couloir. L'heure de l'arrêt était passée et elle était convaincue de l'avoir manqué, sans passeport... Elle l'a alors orienté vers le contrôleur. Elle est revenue ensuite se recoucher car le train avait 3 heures de retard... Nous arriverons finalement avec 3 heures et demie de retard à destination, affamé et sans café du matin... Une journée perdue mais la suite en valait la peine ! Un régal...

          jusqu_au_bout

Le train du retour sera à l'heure, au grand soulagement de PH fils qui avait son repas de conscrits à préparer avec les autres auquel il nous a convié... Mais Mme PH n'avait pu trouver que deux places ensembles et une séparée en couchettes secondes classe ! 6 couchettes dans un tout petit compartiment, avec cerise sur le gâteau, nos quatre voisins qui montent au dernier arrêt avant la France, dans la gare où l'américaine était descendue. Impossible de fermer l'œil avant minuit , puis un réveil une demie heure plus tard, en sursaut, avec lumière pour permettre au contrôleur de récupérer billets et pièce d'identité, mesure obligatoire puisque l'on franchit des frontières, ils nous sont rendues à l'arrivée. Les couchettes plus petites obligent à se cramponner dans les virages ou les freinages... La nuit sera pire que le première.

Ce n'est pas le première fois que nous prenons des trains de nuit.  Mais rien n'est comparable entre une voiture lit et les couchettes... Il n'y avait plus de places et je ne parle pas du prix. Entre les incertitudes sur la circulation des trains, l'inconfort des couchettes et les prix, c'est sans doute la dernière fois que nous utilisons le rail ! Dommage, pour le côté sympa et plus romantique, mais il faudrait que ces concepts évoluent vers un service plus top, plus sûr et plutôt moins cher... Car l'avion coûte beaucoup moins cher !

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Commentaires
P
Isabelle : je ne gratte pas, donc j'ai échapper au pire ! sourire et merci du commentaire.<br /> Fauvette : A l'heure du calcul carbone , il faudrait que l'on propose une alternative "rail " sérieuse ! En fait, un jour, on prendra un TGV pour aller partout en Europe ! Mais je trouve dommage que l'on ne fasse pas quelque chose de bien en train de nuit sans que cela coûte une fortune ! Car au final, on gagne des nuits d'hôtel !<br /> Yanick ;La destination est en ligne ce soir sur le billet suivant même si je ne suis pas très content de mon travail ! <br /> Isa : même réponse... J'avais juste envie de susciter la curiosité ! Écrire Milan en gare intermédiaire limitait les destinations à Venise, Véronnes et Florence ! Trop facile ! sourire
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I
pris 1 fois 1 train couchette... mauvais souvenir, tout ça parce que l'aéroport de Brest était sous la neige!!!<br /> mais la curieuse que je suis s'interroge,: quelle destination? l'Italie? un pays de l'est? ensoleillé en tous cas...
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Y
Ben quelle aventure ! Le premier paragraphe ferait un bon début de roman à suspense ! Sans être indiscret, on saura vers quelle destination allait ce train de l'angoisse ?
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F
Je n'ai jamais pris le train-couchette, mais je suis d'accord : il faudrait plus de bons services !<br /> Bonne journée.
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I
Je me souviens des couchettes de seconde classe en partant en vacances dans le midi avec mes parents, depuis Paris. Nous n'avions pas de voiture et mes parents ne pouvaient pas payer plus que les couchettes en seconde (le voyage de jour était trop long, autant essayer de dormir ! Enfin tout est relatif...) C'est au cours d'un de ces voyages que j'ai attrapé des puces... (maintenant je pars au bout du monde en avion, les voyages n'ont plus rien à voir, et je n'attrape plus de puces !!!)
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