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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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4 janvier 2011

2018, PH multifonctionnel... 3

Ce 20 mars 2018, à 8 h du matin, en revenant d'une parcelle où il a nourri ses vaches, PH remarque qu'un des poteaux en bois de la ligne à moyenne tension, reliant la montagne à Saint Eugène est "creux" ! Il se connecte sur le serveur du cadastre et s'identifie ! La carte détaillée de la partie nord de la commune, où se trouve son exploitation s'affiche. A gauche, il sélectionne "lignes électriques" et clique sur le poteau concerné. Une boite de dialogue s'affiche, il y inscrit ce qu'il a remarqué. Une nouvelle boite de correspondance le remercie de son message, lui demande s'il veut être recontacté, par quel moyen et quelles sont ses heures disponibles...? PH indique son numéro de portable et s'annonce joignable toute la journée !

Vers 10 H 30, le responsable de la ligne le rappelle et ils conviennent d'une heure de rendez vous pour le lendemain matin. A l'heure dite, PH emmène l'agent sur place pour voir le problème : " Le poteau est à changer ! Je vous contacte dès que je connaitrais les jours possibles d'intervention pour choisir celui qui vous convient "

Le 23 mars, PH a un message qui lui indique les dates possibles de l'intervention. Il valide celle qui le gêne le moins pour ses troupeaux ! Il se connecte à nouveau sur le site du cadastre ! Ce changement de poteau implique une coupure d'électricité. Tous les abonnés concernés ont reçu un SMS et un mail. Sur le plan, la partie concernée est en rouge, signifiant qu'une intervention est imminente ! Une boite de dialogue précise jours et heures de coupure. En cliquant sur le poteau, une nouvelle boite de dialogue apparait. PH peut donner des indications. D'abord, les chemins d'accès. Sur le plan, en cliquant de points en points, il trace l'itinéraire que devront suivre les engins. Il s'organisera pour que les chemins d'eau soient fermés aux animaux pour que les agents n'aient pas d'ennuis. Comme la période est très humide, il indique les endroits où travailler pour que les engins de s'enlisent pas dans la parcelle concernée par le poteau. En quelques instants, il a donné un maximum d'informations pour faciliter  le travail des agents d'entretien.

Le 30 mars, l'intervention est rapide et précise. La coupure est minimale, sans dommage pour personne. PH comme tous les paysans se félicite de cette nouvelle relation avec tous ceux qui interviennent sur le territoire de sa ferme. Chacun respecte le travail de l'autre. Cette surveillance et cette relation intelligente évitent beaucoup de problèmes et font gagner un temps précieux à tout le monde. Il en va de même pour tout ce qui traverse les fermes, eau, gaz, lignes téléphoniques... Toutes les interventions d'entretien, d'élagage, de contrôles ou de travaux se font après que les paysans aient été avertis.

Un grand changement du à la neige de 2012 ! Car avant... PH se souvient : Combien de fois a t' il pesté en découvrant des arbres coupés n'importe comment sous les lignes et laissés en vrac dans les parcelles sans que personne en se soit manifesté ? Il se souvient du poteau que les piverts avaient attaqué et qui 2 ans après qu'il l'ait signalé et après que pas moins de 6 agents ERDF soient venus le voir, n'avait toujours pas été changé. Il s'était même fait insulté un vendredi de juin, vers 14 h, sans doute suite à un repas trop arrosé par un agent qui ne voulait pas que PH lui indique le chemin du poteau, prétextant qu'il était assez grand pour le trouver tout seul ( ce qui était vrai ) et qui refusait de dire quand il le changerait alors que la parcelle n'était pas récoltée. Bon prétexte en fait pour rien faire et le laisser tel que... Ce fut le premier par terre en février 2012. Dans la majorité des cas, les agents ne pensaient pas à mal mais ils ne savaient pas à qui s'adresser .

PH avait été consterné, le jour où le poteau avait cassé chez son voisin, par le synopsis officiel de la ligne ! Édifiant !!! Il avait compris qu'il avait été réalisé à partir de cartes d'état major datant du début du XXè siècle. Ainsi, les noms marqués étaient des endroits où les constructions avaient disparues. Du style "la Gouillarde", nom d'un moulin démoli en 1910 ! Alors que la ferme construite à la même époque, 600 m plus loin,au lieu dit "la montagne",  n'était pas mentionnée... Comment voulez vous que les agents s'y retrouvent quand pas un nom ne correspondait aux pancartes des lieux dits ? Il avait bien remarqué que le responsable était un peu perdu et l'avait aidé à lire son schéma...

En 2012, lors de la grande concertation, on avait posé la question : Peut on encore cartographier les fermes sur plusieurs fichiers ? On parlait toujours  du mille feuille français des instances représentatives,( commune, communautés de communes, département, région...), mais jamais des mille feuilles administratifs. L'inventaire des différents fichiers concernant l'utilisation de la terre agricole était édifiant. Le cadastre d'abord, historiquement le plus ancien. C'est sur celui-ci qu'étaient établit les titres de propriété.Ce fichier dépendant des impôts ne recensait  que les propriétaires, pas les exploitants.Il mentionnait culture ou pré, sans être mis à jour... Historiquement, c'est la MSA qui pouvait dire qui exploitait. Donc le notaire d' un nouveau propriétaire qui achetait une parcelle notifiait le changement aux impôts,  qui lorsqu'ils avaient enregistré la chose transmettait à la MSA. Si cette  même personne  devenait exploitante de la nouvelle parcelle, il devait le dire à la MSA sur un formulaire annuel, sinon... Avec la PAC 1992, le fichier du cadastre fut transmit à la DDA pour les subventions. Les exploitants durent déterminer les parcelles réellement exploitées et la nature des cultures chaque année. Au passage, une partie des surfaces devint non exploitée tandis qu'elle continuaient à acquitter l'impôt foncier sur une base agricole... Un jour, devant la complexité du cadastre qui identifiaient des parcelles depuis très longtemps fusionnées comme lors des remembrements ou directement par les exploitants, on passa aux photos aériennes. Les aides PAC furent calculées sur les surfaces déterminées par les photos. Nettement plus facile à contrôler sur le terrain puisqu 'on retrouvait les parcelles réelles, la nouvelle méthode mit en évidence les erreurs du cadastre et fit perdre une nouvelle fois plusieurs % de surfaces qui continuaient, bien évidement, à payer de l'impôt bien que n'existant plus dans la réalité. Pire, on pouvait s'interroger sur la validité des titres de propriété... Les photos étaient vendues par l' IGN au ministère de l'agriculture et aux organismes qui voulaient vendre un service PAC aux paysans. Pas de cadeau entre services de l'état. Là dessus, arriva google Earth qui s'avérait tout aussi précis. Le paysan normal devait donc déclarer à 3 endroits différents soit un changement de propriétaire, soit un changement de faire valoir... Bizarrement, il n'existait aucun fichier simple et accessible qui puisse permettre de connaitre en quelques secondes qui exploitait telle ou telle parcelle ! Dans la pratique, par exemple, les gendarmes devaient aller au hasard pour trouver qui exploitait telle parcelle contenant des vaches qui pouvaient se sauver à cause de dégâts subits par les clôtures suite à un accident de la circulation. Idem pour tous les réseaux  traversant une parcelle...

Il fut donc décidé de tout fusionner au sein du service du cadastre. On mit tous les réseaux sur ce même fichier que l'on mit à jour. Ainsi, n'importe quel intervenant patenté pouvait connaître en un clic le nom du propriétaire ou de l'exploitant, son mail et son numéro de portable. Plus aucune intervention ne pouvait avoir lieu sans que ceux-ci ne soient prévenus sauf dans les cas d' extrême urgence. En contre partie, les paysans s'engagèrent à notifier les moindres anomalies constatées, à tenir à jour sur le fichier les chemins d'accès, les barrières ou autres pièges de dame nature, ce qui s'avéra faire gagner un temps précieux aux pompiers un certain nombre de fois. Tout le monde y gagnait en efficacité. Et on fit de conséquentes économies sur les frais de tenue de fichiers...

Cette reconnaissance de la compétence des paysans sur la connaissance de chaque territoire n'avait pas de contrepartie financière, pourtant chacun en reconnaissait l'importance : Une autre facette de la multifonctionnalité de l'agriculture qui rendait un peu de fierté aux intéressés !

Les conséquences de l'épisode neigeux de 2012 eurent bien d'autres répercussions...

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Commentaires
Y
Ben là j'ai encore appris plein de choses ! :o) Ces histoires de plans pas à jour, alors que je me souviens avoir voté en mairie pour de nouveaux logiciels obligatoires et "unificateurs" ... Remarque, dans les entreprises on trouve de l'argent pour investir dans des tuyaux mais pas simple d'en avoir pour mettre les plans à jour quand les nouveaux tuyaux sont installés ...<br /> <br /> Tu nous propose encore une belle moisson d'idées de bon sens que la technologie moderne et un peu de volonté politique pourraient mettre en oeuvre rapidement.<br /> Je crois que l'un des pb, cause des errements que tu décris, est le manque de vision globale d'une grande partie des décideurs.
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