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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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13 février 2011

combien de temps ?

Hier matin, je remarque qu'une vache a ses premières coliques vers 8 h. Je change mon programme de "pansage" pour la mettre seule dans une case et pouvoir ainsi faire les soins aux autres sans la perturber... Peine perdue. Pendant plus de trois heures, elle n'a qu'une seule ambition, revenir dans la case de départ avec les autres, tentant plusieurs fois de passer par un trou de souris au risque de casser l'abreuvoir. Pas une seule contraction pendant ce temps là ! De guerre lasse, pensant avoir vu de fausses contractions, j'accède à sa demande et la remet dans la case initiale. Immédiatement, elle se remet à travailler. Je précise qu'elle n'avait pas fait la moindre poche car il est courant, qu'alors, elles veuillent retourner coûte que coûte à cet endroit là. Comme il est midi, je rentre déjeuner. A peine une heure plus tard, je retourne voir et je trouve un beau mâle nouveau-né. Je l'isole dans une case avec sa mère et je n'ai pas eu de problèmes ensuite... Elle avait décidé de vêler là et elle est parvenue à contenir les contractions tout le temps où elle n'était pas à l'endroit souhaité.

La leçon à tirer de cette expérience est simple, il y a longtemps que je l'ai remarqué. J'ai des cases de vêlage au top dans un bâtiment et la plupart des vaches à vêler dans un autre. En changeant de bâtiment, le stress retarde le vêlage de plus d'une heure en général. Il est très rare qu'une vache résiste aussi longtemps que celle citée plus haut. Là, pour moins la stresser, du moins, c'est ce que je pensais, je l'ai mise dans une case qui est en fait un passage entre les deux bâtiments. Il n'est pas fermé et je ne peux l'utiliser que lors qu'il fait très beau temps. Mais il a un inconvénient, il est fermé de chaque côté par deux murs ce qui empêche les vaches de voir leur congénères hormis à l'endroit de l'abreuvoir. Cela peut provoquer des peurs chez certains animaux. Les bovins ne supportent pas d'être seul dans un pré ou un bâtiment, sauf les vieux taureaux. Ils sont fait pour vivre en troupeau.

Pour éviter ces problèmes, j'avais fait à l'époque des cases au fond de ma stabulation. Mais ce n'est qu'un aménagement non prévu au départ et elles sont trop étroites. Il est donc délicat d'y faire des vêlages. De plus, il n'y a pas d'eau donc c'est un vrai problème pour y laisser longtemps des animaux. J'y mets les vaches avec les nouveaux nés quelques heures, le temps que le couple se forme bien ! L'avantage est qu'elles sont contiguës au lieu de vie normaux des cases de 15 à 16 vaches. Elles ne sont donc pas isolées et supportent très bien les barrières. En cas de vêlage, il n'y pas de rupture due au stress. C'est la solution. J'ai acheté la ferraille pour couvrir l'espace entre les deux bâtiments et créer ainsi des cases de vêlage qui donneront directement sur la stabulation ! Je pourrai y nourrir et abreuver les animaux, pendant plusieurs jours si besoin ! Ce n'est pas anodin car il faut également savoir qu'en psychologie animale bovine, la mémoire des animaux est de l'ordre de 24 heures. En sortant une vache plus de ce temps du bâtiment, en la ramenant dans le lot initial, on a forcément une bagarre pour rétablir les hiérarchies. Si l'animal est dans une case jouxtant le lot initial, au contact, c'est à dire qu'il n'y a qu'une barrière qui les sépare, même au bout de plusieurs jours, on peut les remettre ensembles sans trop de problèmes. C'est donc toute la façon de gérer les lots qui change...

Cette étape sera pour moi le passage obligé pour l'avenir. On a aujourd'hui les moyens de prévoir par variation de température corporelle les vêlages de 12 à 24 heures environ. Je n'envisage pas de les utiliser tant que je n'aurai pas de vrais moyens pour isoler l'animal sans le stresser ! Je vois les choses évoluer de la façon suivante ! On reçoit le SMS indiquant la probabilité que la vache va vêler dans les 12 à 24 h ! Je pourrais alors la mettre dans une case de vêlage sous surveillance caméra. En année normale, avec des taureaux à vêlage facile, au moins 80 % des vaches vêlent seules. Elles pourront d'autant mieux le faire qu'elles seront seules dans leur case comme elles s'isolent dans la nature. On devrait ainsi améliorer beaucoup de choses en terme d'élevage, de surveillance et également en cas d'intervention de l'éleveur. La contention sera alors plus facile car je compte perfectionner un système que je teste cette année. De plus, pouvant laisser les animaux à l'écart sans trop de conséquences, je pourrai attendre 48 h après mise bas, le temps que le veau sache bien se débrouiller avec sa mère, avant de les mettre dans le lot.

C'est donc toute ma façon de travailler qui va évoluer. On a peut être trop délaissé la psychologie animale dans le passé, en privilégiant les conditions de travail de l'éleveur côté distribution de la nourriture et paillage. Tout mon projet d'avenir repose donc sur l'observation de la vie et des habitudes des animaux pour envisager les bâtiments que je vais construire . Ce ne sera pas un retour au passé, mais un vrai retour à plus de nature!

Problème majeur : Trouver le temps de construire !

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Commentaires
J
merci pour cet article, j' aime beaucoup l' intérêt que vous portez à la psychologie animale, je suppose qu' hélas les écoles ne l' enseignent pas, et comme c' est dommage! ah si vos articles pouvaient faire évoluer les choses !!!<br /> une chose m' intrigue, vous parlez de taureaux à vélage facile, mais l' héritage génétique vient aussi des mères.
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F
PS: dans le dernier numéro du "nouvel observateur", il y a un article judicieux et bien écrit sur l'élevage (un éleveur de Saone et Loire en est l'acteur). L'article sur deux pages (quand même!) est placé vers la fin de la revue (actualité nord-africaine oblige) et est inévitablement suivi, hélas, d'un interview indigeste d'une page entière de X.Beulin, président de la fnsea...Je me demande ce que le lecteur qui n'y connait rien, en retiendra...
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Y
Belles observations.<br /> Cela me faisait penser à ce qui se passe dans ma boîte avec la mise en place d'un "Observatoire des risques psyco-sociaux" (en clair le stress)- Ben oui, les zumains sont comme les zanimaux, certains changements, certaines pressions sont néfastes pour leur équilibre et leur santé. <br /> <br /> Dans mon titre de commentaire, j'ai mis cette expression courante qui en dit long sur le respect de l'animal.
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B
Le bien être des animaux est aussi important , j'aime ta façon de penser .
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F
Ce message est à la fois très technique et très "psychologique". Nous avons construit nos bâtiments comme ceux que tu décris, de façon empirique (et tes mots et pensées sont les bienvenus qui permettent du recul et une vraie réflexion): des cases à veaux au fond de la grande case des vaches et à côté, une case où chaque mère peut vêler tranquillement tout en gardant un oeil sur ses congénères et un autre sur une semblable progéniture...et ma foi, ça ne va pas trop mal... sauf, que parfois, dieu merci, le vêlage est déjà fait avant même le passage par la case du fond...<br /> J'aime beaucoup la notion de "psychologie animale", que, dans notre envie de vouloir toujours produire plus, nous avons volontairement oubliée, à nos dépends...
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