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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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17 mai 2011

Une coopérative, c'est quoi ?

Pendant deux jours, nous avons réfléchi au devenir de notre coopérative... Bien évidement, je ne peux vous dévoiler les choix à venir. Mais l'exercice a été l' occasion de revenir sur les fondamentaux d'une organisation économique dont le concept est né il y a un peu plus d'un siècle...

Déjà à la fin du XIXè siècle, se protéger des excès de certains commerçants et de certains usuriers était une condition de réussite. A cet effet, des agriculteurs se sont regroupés, soit pour acheter leur semences en particulier, puis les engrais... Soit pour vendre leur production ! Le premier silo coopératif, permettant de stocker puis de vendre le blé, a été construit à quelques encablures de ma ferme, de l'autre côté de Chalon.

Quelques principes simples ont été mis en oeuvre pour que chaque paysan soit à égalité au sein de la structure, principes dont il serait bon de s'interroger s'ils ne seraient une piste possible pour éviter que la loi du plus fort et du plus gros ne soit toujours la meilleure !

Ainsi, la logique est de mutualiser des moyens pour investir ensembles. Cela peut concerner des équipements, des compétences, des services... On prend des parts sociales qui sont des parts de capital en proportion de la taille de la ferme, du chantier ou du travail demandé. Mais ce qui différencie une coopérative par rapport à une SA, une SARL, un GIE ou autre société capitaliste, c'est que le capital ne donne pas un droit de vote en proportion du capital investit mais chaque homme a une voix !!!! Ainsi, tous les calculs de prise de position majoritaire tombent. C'est une formidable protection pour les plus petits car en parallèle tout le monde paie le même prix unitaire pour la même prestation. Non seulement le plus fort ne peut pas imposer seul sa loi, mais de plus il ne peut pas bénéficier de faveurs tarifaires. On est à l'inverse de ce qui se passe dans l'économie d'aujourd'hui où tout est fait pour que le plus gros le devienne toujours plus !

A l'inverse, il y a des engagements. Lorsque j'achète des parts d'un engin en CUMA ( coopérative d'utilisation de matériel agricole ), je m'engage à effectuer un volume de travail avec celle-ci. Si je ne le réalise pas pour diverses raisons, je dois payer ce que je n'ai pas effectué, histoire ne pas pénaliser les autres. Lorsque j'achète de l'aliment à ma coopérative, je ne négocie pas le prix. On pourrait multiplier les exemples...

Bien entendu, les coopératives ont vieilli et bien souvent, on a pris quelques distances avec les fondamentaux. La recherche de "la taille critique" a permis de sortir d'autres règles qui au départ réglementaient les relations entre coopératives avec en particulier des exclusives de territoires ou de compétences. Théoriquement, je ne devrais pas pouvoir acheter de l'engrais par exemple à deux coopératives "concurrentes". Pire, des mutuelles, coopératives de services ou des coopératives de base initialement constituées pour nous aider à nous affranchir de la jungle du capitalisme sauvage, sont aujourd'hui cotées en bourse. De quoi déboussoler les paysans de base !

Car normalement, une coopérative ne dégage pas un bénéfice mais un excédent. Et celui-ci devrait être redistribué en fin d' année sous forme de ristournes aux sociétaires actifs. En gros, je délègue ma compétence pour acheter une marchandise, je ne discute pas le prix, le volume me faisant bénéficier d'un avantage, et si cette confiance permet de dégager un plus, je le retouche en fin d'année. C'est le conseil d'administration, les représentants directs des porteurs de parts sociales, qui décide. Idem pour un service. On devrait se retrouver avec le service le mieux placé possible. Mais la course à la taille a poussé à mettre ces excédents en "réserves". Si le besoin de réinvestir est indispensable, on pourrait le faire en revalorisant les parts sociales ! Car dans l'absolu, lorsque je quitte mon métier, je peux demander le remboursement de mes parts sociales. Il serait alors possible de récupérer la juste part des réinvestissements effectués au long de ma carrière grâce au respect de mes engagements. Ce n'est bien souvent plus le cas aujourd'hui où on rembourse un "nominal" d'un début de carrière, c'est à dire une somme souvent dérisoire par rapport à la valeur réelle de la coopérative. D'où la prise de distance par beaucoup de paysans des structures de départ...

Dommage car cela reste un super concept ! Au regard des courbes du billet du 13 avril, vous imaginez bien qu'être performant pour rester placé sur un marché mondialisé, est impossible seul sur sa ferme !

       DSC05201

Le vent avait tourné, hier...

 

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Commentaires
Y
C'est bien de rappeler la force de la coopérative! J'habite la "capitale" des mutuelles - dont une très proche du monde paysan - et ce courant, né de la mise à l'écart des circuits dominants, montre encore toute sa vitalité même si certaines pubs et pratiques font un peu douter de l'engagement solidaire initial.
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I
alors même en vacances la ferme et le boulot ne sont pas loin!!!<br /> pas bien tout ça, il faut se vider la tête, non??<br /> ceci dit, c'est très interessant
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