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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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26 mai 2011

Impact de la sécheresse...

Les prévisions météo donnaient une fenêtre de 3 jours de beau temps, suivis d' une pluie orageuse et abondante ce jeudi... J'ai donc fait du foin dont une grosse journée hier afin d'avoir tout pressé à la nuit ! Il y eu les 3 jours de beau soleil et chaleur, mais de pluie pour ce début d'après midi, point ! A 8 heures, les prévisions pour la journée changeaient et se transformaient en risques d'averses, histoire de ne pas se démentir complètement...

J'ai quelque peu abandonné le blog pendant 3 jours pour cause de participation à des réunions le soir, ainsi que lundi midi ! A chaque fois, j'étais avec des paysans ! Cela commence de me donner une idée assez précise de la catastrophe qui s'annonce ! Couplée avec la constatation du peu de bottes récoltées ces deux derniers jours, j'ai du mal à garder un moral vraiment béton ! Le déficit en fourrages récoltés oscille entre 30 et 60% ! Tout dépend des terrains, des orientations ! Et cela ne tient pas compte des parcelles déprimées sur lesquelles dans beaucoup de cas, il faudra se poser la question de savoir s'il n'est pas judicieux de remettre les vaches plutôt que d'assumer les charges de récolte.

On va donc avoir seulement de 30 à 50 % des besoins pour nourrir les animaux l'hiver !!!

La grande question restante est de savoir, s'il pleut maintenant, si nous parviendrons à nourrir les animaux jusqu'à l'hiver ou s'il faudra nourrir au pré ?

Un hiver, du 15 novembre au 15 avril nécessite 4 équivalent bottes de foin par jour. Pour 130 j, cela fait donc 520 bottes, car on gagne quelques jours de lâcher ou en rentrant plus tard ! Le point de rupture, c'est à dire le moment où il faudrait donner à manger dans les prés est déjà arrivé chez les plus chargés ! Ici, je devrais y être dans une dizaine ou une quinzaine de jours ! C'est là où j'ouvrirai les parcelles déprimées soit un quart de la surface prévue en récolte ! Me privant ainsi d'autant de bottes pour l'hiver ! 

Donc l'inconnue tient à la nourriture des animaux du 10 juin au 15 novembre ! 160 jours à raison de 10 kg de matière sèche par vache par jour... Tout dépend des repousses éventuelles d'herbe.  Je peux, au pire, avoir besoin de 4 bottes par jour, soit 640 bottes ! La raison peut laisser penser qu'on peut être dans une situation intermédiaire avec la moitié seulement ! Un équivalent 320 bottes de paille doublées d'un aliment sécheresse ! Disons 7 kg de paille et 3 kg de concentré !

Pour l'hiver, je compte sur mon foin, le petit reste de l'année dernière et la paille de mes céréales ! Il faut, pour tenir, que je complète avec un concentré pour 12 t à la louche ! De plus, il me faut acheter la paille de litière, soit au moins 50 t.

Pour l'été, il me faut acheter de la paille et du concentré, sur l'hypothèse moyenne de dessus, cela fait respectivement 56 t et 24 t ... Comme il faudra faire des litières, j'ai annoncé 100 t en commande de paille, qui au regard de ce qui se dit dans les réunions, ne devrait pas être en dessous de 100 €/t rendue ici puisque je n'ai pas de fournisseur habituel. Pour l'aliment sécheresse, il n'y a pas de prix pour le moment, je vois mal comment, au regard des prix actuels des matières premières, on pourrait être en dessous de 2 € et quelques...

C'est donc entre 16000 et 20000 € que se situent  mes besoins en trésorerie pour simplement nourrir les animaux et sauver le troupeau, dépense totalement inhabituelle qui va faire monter mon coût de production de 65 cts au kilo vif au minimum ! Je ne parle pas de finir... Ramené à la vache, cela fera entre 200 et 250 € ! Si on tient compte des pertes à la naissance, le prochain veau à naître coûte déjà entre 250 et 300 €, juste pour maintenir la mère en vie ! Pour vous donner un ordre de grandeur, avec les précautions d'usage, un veau au sevrage, sans complémentation peut être estimé entre 550 et 600 € et une laitonne aux alentours de 450 à 500 €.

A ce prix, on peut se demander s'il ne vaut pas mieux vendre des vaches ! D'abord pour avoir quatres sous pour acheter la nourriture nécessaire et ensuite pour en acheter moins et donc diminuer la perte à venir... Dans un premier temps, j'essaye d'anticiper les départs prévus d'animaux finis ! Mais déjà, alors que les cours s'étaient un peu améliorés depuis un mois par manque de marchandise, ils plongent à nouveau ! Belle opportunité en aval de se fournir à pas cher ( sans que cela ne se traduise en grande surface !) . Tout le monde fait comme moi  ! Alors qu'il faudrait que la viande augmente de plus d'un euro pour compenser les achats nécessaires, le prix baisse...

Que faire ensuite ? Balancer des vaches reproductrices avant qu'elle maigrissent ? En finir plus tôt en espérant profiter de repousses d'herbe ? Pas si simple ! D'abord, il y a le prix de vente, un vrai soucis si on décapitalise car, trop bas, on perd des années de travail ou on ne pourra pas rembourser les emprunts. Deux, il y a les contraintes de la PAC; une partie des primes n'est pas découplées, on doit donc garder les animaux ! Trois, le plus important, il y a les veaux ! Il leur faut au moins 6 mois de lait de la mère !

C'est l'impasse totale !!!! Il n'y a pas de solution sérieuse. Ceux dont les femmes travaillent à l'extérieur sont contraints de négocier sur l'oreiller l'abandon de la participation financière à la vie normale du foyer ! Pour les autres, c'est l'enfer. Il reste les emprunts auprès des banques, à condition qu'elles  soient d'accord de prêter en pariant sur une vraie remontée des cours l'année prochaine !!! Déjà qu'elles étaient frileuses ces dernières années...

Vous l'avez compris, même avec de la pluie maintenant, l'année sera catastrophique. Alors, si rien ne vient avant l'automne... C'est l'avenir de l'élevage familial qui est en jeu. Je scrute des mesures annoncées ! Et là...

Cela fera l'objet du prochain billet !

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Commentaires
Y
Blés dorés, maïs rachitiques, prairies à l'herbe rase et tachées de roux, marais quasi à sec : nous sommes le 29 mai.<br /> <br /> Merci pour le partage de tes interrogations en cette période bien difficile pour les agriculteurs.<br /> <br /> PS : toute cette pluie qui ne tombe pas sur la France, elle est où ?
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E
nous sommes venus en Alsace à Mulhouse chez notre fille et je constate la même chose sécheresse , certains arrosent quand même leurs maïs - mais en général tout est sec et il fait terriblement chaud j'ai téléphoné en Bretagne 17° contre 25 aujourd hui à 35 ° les jours derniers !!! trop chaud !! épouvantable pour nous - je ne peux que dire espérons de l'eau pour tous - hier quelques gouttes mais si peu - quand je lis tous vos comptes , pas facile vos prévisions - que dire si ce n'est que courage-
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F
Désolée de te dire que tes comptes seront bien loin de la réalité..c'est plombé ..comme le ciel! et même si des "providentielles" aides arrivent .. ce ne sera certainement pas comme en 76..le monde a changé..et les finances de la France aussi !<br /> C'est problable que la pluie revienne avant la fin de l'été..juste pour faire reverdir les prairies ..et çà, çà peut faire du bien !!!<br /> Courage !
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I
ici aussi les foins sont finis! et c'est pas les 2 mm d'hier qui vont en faire repousser..reste à réfléchir aux meilleurs options pour semer des fourrages après orges et bles qui pourraient être ensilés ou enrubannés à l'automne
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F
Tes chiffres donnent le tournis!! (nous faisons le même compte que toi en un peu plus grand). La volonté de la nature est parfois plus effrayante que celle des hommes...quoique je pense qu'il sera très difficile à ces mêmes hommes d'éviter tout abus spéculatif...<br /> La situation est catastrophique, désespérante, certes, pour l'agriculture en général et pour l'élevage en particulier!!<br /> Mais j'ai toujours autant de mal à comprendre comment ce métier si prompt à assimiler les bienfaits du libéralisme veut faire intervenir l'Etat pour réguler les caprices de la nature...La solidarité professionnelle aurait dû suffire....<br /> Ceci dit, les chambres d'agriculture, poussées par l'urgence climatique font de l'excellent boulot!<br /> Je relève une toute petite phrase: 'c'est l'agriculture familiale qui est en jeu"...De celle-là, on ne veut plus... et les crises climatiques à venir le prouveront car seule, elle ne sait pas y faire face...
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