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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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13 juillet 2011

Comme en année normale...

Je vais vous raconter en deux fois ces moissons 2011, tout comme s'est déroulé le chantier...

Lundi dernier, j'ai téléphoné au mécano pour démarrer la moissonneuse. Il s'était annoncé, il y a 15 jours, mais je n'étais pas là ce jour-là ! Comme toujours, c'est au dernier moment que l'on s'y met ! Au début, il voulait venir le mardi, j'ai insisté pour que ce soit le lundi. J'avais tenté de recharger les batteries, sans être sûr du résultat ! Pour gagner du temps, j' étais en train de les remonter lorsqu' il est arrivé. Une heure plus tard, la machine tournait !  Le temps de dégager l'accès à la coupe, c'est vers 16 h que tout était en état de marche ! J'ai fini de préparer la remorque, direction  "le rocher", parcelle bien nommée qui me semblait être la première à couper !

J' ai été très surpris de trouver un triticale aussi mûr ! J'ai réglé ma machine et en route pour couper une remorque et une trémie ! Je n'ai jamais coupé des céréales comme cela ! D'abord, elles étaient très très propres, mais surtout la paille ne résistait pas ! La machine semblait se goinfrer de récolte sans forcer, bien que le contre batteur soit serré à fond ! En année normale, avec le triticale, il se forme toujours des paquets qui font ronfler le moteur lorsqu' ils s'engagent dans la machine ! Rien de tout cela cette année, la paille archi-cassante n'offre aucune résistance !

Il tient un peu plus de 30 qx dans la trémie de la machine ! Et trois trémies tiennent dans la remorque. J'avance donc, le variateur à fond, en première ! La récolte est si petite que mes quatres trémies m'amènent loin dans cette parcelle de 4.6 ha ! Un copain m'a prévenu : Ne tente pas de ramasser la paille la journée pendant la chaleur ! Attends la "fraîche" sinon tu ne la retrouveras pas ! Je coupe donc jusque vers 21 h et je rentre ensuite pour aller faire, une fois douché, un tour de vélo avec Mme PH qui a besoin de se changer les idées en ce moment !

Mardi matin, je me lève aux aurores et une fois les animaux soignés, je pars presser ! Je n'ai pas trop de difficultés pour mettre en bottes, mais je constate l'ampleur du désastre coté nombre de bottes ! Avec le triticale, je peux atteindre 15 à 20 bottes par ha, une rapide estimation ne me laisse espérer que 6 ou 7 cette année ! Dans mes prévisions, avec 15 ha de triticale et 6 de blé, j'ai tablé sur une fourchette basse à 240 bottes et une haute à 300 bottes ! Sur ce que je fais ce matin là, je serai à 120 à 140 !!!!

Je ne touche pas aux tableaux Exel en me disant qu'il est inutile de corriger tant que j'ai pas plus avancé ! Une fois la presse terminée, je reprends la machine et je termine la coupe de cette parcelle ! J'estime alors le rendement à un petit 35 qx alors que sans sécheresse, avec l'implantation de l' automne, je pouvais au regard des années précédentes, espérer 55 ! Je passe à la terre du bois, 3 ha, que je coupe sans plus de difficultés, parvenant même à redescendre la machine le soir ! Je dis cela, car comme je suis seul, les changements de parcelles à l'autre bout de la ferme sont des pertes de temps incroyables ! Le rendement me parait un poil meilleur, 38 qx peut être sur cette parcelle qui en année normale peut frôler les 60 ! Il faut faire suivre la remorque... J'ai adopté le mode moisson ! Je mange lorsque j'ai terminé de remplir une remorque, pendant qu' elle se décharge, tout en gardant toujours un oeil sur les vis. Pas très reposant comme méthode, mais efficace !

Une fois le matériel dans la cour je repars presser ! Le crépuscule tombe ! La chaleur de la journée, plus de 30 °C, a brûlé la paille ! J' ai un peu de mal à faire des bottes régulières ! Plus la nuit avance, plus cela va mieux ! Je presse ainsi jusqu'à une heure du matin !

Mercredi matin  : Les années pèsent au lever ! Je soigne mes animaux, et je décharge ma remorque ! J'ai pris rendez vous avec le mécano pour changer les batteries et retendre le variateur ! Des collègues arrivent alors que je graisse la machine. Ils ne sont pas pressés et me font perdre une bonne demie heure en voulant discuter ! Cela me fait du bien et je ne le regrette pas ! L' angoisse est profonde avec cette calamité. Il y a un besoin énorme de parler entre nous. Je l'ai déjà noté à plusieurs reprises. Ayant coupé les deux parcelles les plus séchantes, je ne sens pas de pression particulière pour accélérer la moisson ! Voilà des semaines que la pluie et les orages nous évitent, pourquoi se faire du soucis ? La météo annonce bien des événements électriques pour jeudi mais quelle importance ? Le blé, la semaine précédente, était à peine mûr ! Je pars donc couper vers 13 h , après une manoeuvre délicate pour faire passer la machine dans un troupeau de vaches sans que celles-ci la suivent dans la récolte ! Une nouvelle fois je suis surpris par la tendreté de la paille. Les 40 ° de la semaine précédente ont mûri le blé. Le grain est roux, ce qui donne des reflets magnifiques lorsqu' il coule dans la remorque puis dans les vis ! Il y a une poussière d'enfer, un nuage suit la machine ! Parfois, lorsqu' elle est rabattue sur la cabine, je vois à peine la coupe à mes pieds ! Il fait une chaleur infernale et le ventilateur brasse de l'air chaud. Il doit faire 50° dans la cabine.

Au déchargement de la première remorque, je surveille la météo sur le Net ! Changement de prévisions, un épisode pluveiux est annoncé pour jeudi soir, puis jeudi midi  quelques heures plus tard ! Pendant les moissons, je bois des litres et des litres d'eau ! J'ai mis en route mes bouteilles glaçons que je complète avant de repartir. Protégées dans une sac spécial, elles tiennent le temps d'une remorque ! A chaque fois que je sors de mon engin, je bois. Je rentre le soir couvert de poussière qui colle avec la transpiration. Seule la douche me libère dès que j'ai terminé. Ce soir là, je coupe jusqu'à la nuit ! J'ai retrouvé tous les réflexes d'une année normale, construisant mon chantier en fonction des remorques, du risque de pluie pour tenter de ne rien faire mouiller ! Je fais comme si la sécheresse n'existe pas ! Mais à 22 h, avec seulement 5 h de sommeil la nuit précédente, j'estime déraisonnable de repartir presser la nuit ! J'ai tout le temps le lendemain matin ! De toute façon, je pensais couper une moitié du blé et j'en ai déjà fait les deux tiers ... Ne reporte pas au lendemain ce qui peut être fait le jour même !!!!

Jeudi matin, je ne traîne pas ! Les annonces météo sont plus alarmistes ! Je soigne un premier lot d'animaux pendant que Mme PH se prépare pour son travail ! Elle part plus tôt ce matin et cela m'arrange ! Sauf que la guigne entre en jeu ! Une roue avant du tracteur avec lequel je donne à manger aux animaux est à plat alors que je veux le reprendre ! Je téléphone à Montceau dès 8 heures mais il y a déjà une autre urgence ! J'ai déjà changé de stratégie. J'ai vidé la remorque pour pouvoir la poser et terminer mes soins aux animaux avec l'autre tracteur ! Entre temps, le réparateur est arrivé ! Je peux ainsi partir presser avec un pneu réparé vers 9 h 30 ! Les nuages menacent mais je me refuse à accélérer ! Les machines ont une limite... Une première averse passe vers 11 h au nord à quelques kilomètres ! Guigne un quart d'heure plus tard avec une agrafe de courroie qui lâche. Cette dernière s'enroule autour d'un rouleau ! Je ne peux rien faire seul ! Je suis donc contraint de stopper mon chantier bien qu' il ne reste qu' une douzaine de bottes à faire soit une demie heure de travail ! Dépité, je pars chez le mécano chez qui j'arrive vers 11 h 30 ! Vers midi , l'averse éclate ! Pour la première fois depuis des semaines, il pleut ! Une pluie dure et mouillante qui durera tout l'après midi ! 20 mm dans le pluviomètre...Une bénédiction puisque ma mère m'appelle vers 12 h 30 : son puits est à sec...

En vrai paysan, je ne suis pas complétement heureux ! Bien sûr, c'est un bonheur de voir la pluie tomber mais il reste cette paille non pressée, comme ce bout de parcelle non moissonné ! J'aurai pu finir les deux si... Mais l' homme a des limites physiques. Après ces trois jours plus que remplis, je suis HS ! La tension est retombée et je me traîne ! Je finirai de presser vendredi en fin d'après midi avant de partir rejoindre Mme PH pour une surprise.

Finalement, cette pluie me permettra de passer un super weekend, sans stress mais sans pouvoir me reposer non plus !

 DSC00342

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Commentaires
Y
Sacrée course contre la montre ! <br /> <br /> Faudra nous faire un jour le portrait du mécano car lui aussi doit être pas mal sollicité à certaines périodes et doit faire preuve de deébrouillardise pour remettre au plus vite le matériel en état.
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A
Vraiment c'est dur de tout concilier mais si la pluie n'a pas abimé la paille et le restant de moisson, alors ce n'est que partie remise ...<br /> Bon courage !!
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E
mon mari et moi avons pensé à vous en regardant la météo et on espérait bien que cela ne tombe pas au bon moment !! ah vitale cette pluie - quand à votre travail de nuit je me souviens quand nous demeurions dans le LOIR et CHER , les agriculteurs travaillaient de nuit et toute la nuit nous entendions les tracteurs passer -- je ne comprenais pas pourquoi -- hé oui la réponse vous venez de me la donner -- d'une part vous êtes mieux pour travailler et secondo , la paille se ramasse et se comporte mieux - que vous soyez H S on ne peut que le comprendre- vivement ce week end que vous en profitiez -mais avant faut terminer le ... travail !!!
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F
"la machine a ses limites' dis-tu. Les hommes aussi. L'autonomie n'a pas que des avantages...c'est dur de tout faire tout seul, bravo! Gérer les animaux, les machines, le stade de mûrissement des céréales, le moment adéquat pour le pressage, la chaleur intense et le "risque" de pluie...Les gens qui jouent derrière leur ordinateur (je n'appelle pas cela travailler) avec la nourriture et la production des hommes comme toi ou moi, savent-ils reconnaitre ton travail?
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