Dans la même seconde...

Lorsque le fil se détend brusquement, tel un élastique, je plonge en arrière la tête la première entre le camion et sa remorque. Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. Ma dernière réflexion réfléchie et pensée est de me dire que mon sort ne m'appartient plus ! Je sais qu'il y a presque 5 mètres entre le haut du camion et le goudron du chemin et que je pars au moment du déséquilibre, quasi debout en train d'enjamber ce fichu fil !

Notre cerveau a des capacités de réactions inimaginables ! Dans une situation extrême, prendre des décisions réfléchies reviendrait à perdre beaucoup de temps, car analyser nécessite des neurones. Il semble donc évacuer toute réflexion pour se consacrer à l'essenciel ! Les bottes sont sanglées sur les côtés du camion. Mais par précaution, ils ont passé une corde dans la longueur. Ma main gauche la saisit au seul endroit où cela soit possible, soit entre deux bottes, entre le dernier et l'avant dernier rang en l'occurence ! Les chats retombent toujours sur leur pattes lorsqu'ils tombent, un réflexe inné leur permet de se rétablir par un coup de rein. Nous n'avons pas cette faculté ! J'accroche la corde , mon corps bascule permettant à mes jambes de repasser en bas! La douleur dans mon épaule est atroce mais le cerveau l'hinibe au sens où il commande de ne pas y céder tout de suite. Cela me sauve sans doute la vie.

La douleur est trop forte pour tenir, alors dans un dernier effort, il commande de pousser avec le bras le plus fort possible avant de lâcher. J'étais sur le côté gauche du camion en tombant. Avec le virage, l'angle est plus couvert à droite. Au centre, il y a le timon qui relie les deux engins ! Il faut a tout prix éviter de tomber dessus, les dégâts seraient catastrophiques. En me poussant violemment sur la droite, je tente de me projeter non seulement vers un espace un peu plus large ( 1m environ) et de m'éloigner du risque d'enfourcher le timon...

Je lâche, sachant que je ne contrôle toujours rien ! Je ne sais pas comment j'attérris réellement, ne sachant pas si j'ai rebondis sur les bottes de paille dans la chute. Comme je l'ai déjà écrit dans le passé, j'ai pris l'habitude lorsque je suis déséquilibré que ce soit avec des coups des animaux ou pour toute autre raison, de me laisser tomber en roulé-boulé ! Je pense avoir fait de même à ce moment là ! Je me retrouve sur le dos, mais je ne pense pas voir atterris sur lce dos. D'ailleurs des examens viendront le confirmer quelques jours plus tard ! A aucun moment, je n'ai perdu connaissance, je n'ai pas vu mille chandelles...

Allongé devant la roue droite de la remorque, le cerveau me rend ma conscience ! Je ne sais pas si le chauffeur a vu la chute. Le camion est à l'arrêt. Mais pour la première fois, j'ai peur et avant que le voisin qui accompagnait la manoeuvre et qui m'a vu partir ait eu le temps de venir, je me dis qu'il faut absolument que que me sorte définitivement de sous le camion ! Mes bras bougent même si j'ai très mal à l'épaule ! Mes jambes également ! Je rampe pour me traîner sur l'accottement, surpassant la douleur qui semble provenir du corps entier. Je fais ainsi un petit mètre et je me met en position de sécurité sur le côté droit ! C'est comme cela que quelques secondes plus tard, le voisin me trouvera !

La douleur a beau être intenable, je ne gémis pas ! Je sais que deux choses sont fondamentales pour l'avenir ! Un, à aucun moment je n'ai perdu connaissance. Deux, je bouge mes 4 membres, donc je ne suis pas paralysé... Les douleurs les plus vives proviennent du bas du dos. Je sais que je ne dois plus bouger pour ne pas compremettre mon état en cas de fracture à la colonne vertébrale et attendre les secours ! Mon voisin, âgé, est allé chercher son téléphone. " J'appelle les pompiers ! " Dans un dernier sursaut d'orgueil, je lui répond : " Attendez cinq minutes, cela va aller mieux !" Mais lorsque je tente de me relever, je n'y parviens pas . Sans plus discuter, ni tenir compte de mon avis, il compose le 18. Je l'entends, alors qu'il s'est éloigné, décrire la situation ! Il a eu raison, il n'y avait rien d'autre à faire... Je dois accepter de m'en remettre aux autres, même si ce n'est pas dans mes habitudes !

Je saigne abondamment. Je rassure mon voisin lorsqu'il s'approche pour annoncer l'arrivée des pompiers. J'ai la tête en sang. " Le cuir chevelu saigne énormément mais comme je n'ai pas perdu connaissance, cela n'est pas grave ! J'ai déjà conscience d'avoir éviter le pire ! Les anges gardiens existent peut être !

Commence alors une longue attente...

Comments

[joellebarn]

J’ ajoute un autre exemple : ici dans le sud du Loir et Cher, un de mes voisins à fait une hémorragie intra-crânienne, la voisine a du téléphoner partout pour avoir une ambulance, personne ne voulait venir, le SAMU, le médecin de famille, les pompiers, et à nouveau le SAMU etc etc elle a appelé en fin de journée, l’ ambulance est arrivée au milieu de la nuit !!!!!!!!!!!! Pour l’ emmener à Blois et là aïe ! Vite vite on l’ emmène à Tours. Je vous laisse imaginer le risque vital, et le risque de complications plus ou moins réversibles …

[Deedee]

Ange gardien ou pas, tu es là et c'est très bien ainsi!

[Epaminondas]

Quelle chance nous avons toi et nous de pouvoir lire ce billet, écrit par toi!
Bon courage pour la suite!

[clo]

Impressionnant le récit !
L'instinct de survie nous fait faire des choses que nous n'imaginions pas. Mais l'issue heureuse vient surtout de votre forme physique et de votre entrainement à faire face à des situations "délicates", le corps acquière des réflexes.
Quant à l'ange gardien, il existe, j'ai eu l'occasion de vérifier la présence du mien (et il est particulièrement actif ...) plusieurs fois.
bon rétablissement

[isa]

ça fait froid dans le dos..mais heureuse de lire que tu t'en sors..pas d'internet pendant une semaine, ni radio, ni télé , alors en rentrant on a bondit sur l'ordi pour venir aux nouvelles