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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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19 août 2011

9 jours d'hôpital... 2

Le premier matin, on me redresse sur mon lit pour que je prenne mon café et mes deux biscottes ! J'avale ces dernières et deux gorgées de café. La tête me tourne tellement que je sonne pour qu'on me remette vite à plat ! Ce faisant, je perturbe la distribution de ce petit déjeuner aux autres !

Un moment plus tard, on veut me faire lever! Avec l'aide de deux personnes, on me porte sur une chaise passant sous la douche ! Je rêve de sentir l'eau couler sur mon corps pour le décrasser enfin.  Mais avant d'avoir franchit la porte de la chambre, je deviens tout blanc. La tête tourne à nouveau et on doit me ramener en catastrophe sur mon lit ! C'est sur ce dernier que deux aides soignantes feront ma toilette. Je suis terriblement gêné , voir humilié ! Plus tard; le kiné tente à nouveau de me faire mettre assis sur le bord du lit, à nouveau des vertiges me ramènent à la position horizontale...

Le soir, un orthopédiste passe ! Avec l'aide de l'infirmière et de la médecin chef de service, ils me mettent debout ! J'arrive à tenir sur la seule jambe gauche. Car en appuyant sur la droite, une douleur fulgurante me transperce au niveau de la hanche. Il m'osculte en appuyant sur chaque vertèbre. Je tressaillie pour l'une d'entre elle, il continue puis revient vers celle qui est sensible et cette fois, la touchant d'une autre façon, je ne ressens rien ! J'ose lui suggérer que ces douleurs sont musculaires ! Il acquiesce ! Il repart étudier avec la médecin responsable du service les images du scanner et revient me dire qu'à priori... A priori car à ce stade, c'est le muscle de la cuisse qui traverse le bassin qui me fait mal ! A la suite de cet examen, mon traitement de la douleur est modifié !

Plus tard, on trouvera...

La nuit suivante est plus facile. Je n'aime pas trop uriner dans le bocal ! Mais je n'ai pas le choix ! Je m'organise dans mon lit, arrivant à me tourner lentement sur le côté pour remplir la fonction ! Je choisis le moment pour ne pas être surpris en train de... Même régime que la nuit précédente en terme de surveillance, plus quelques réveils de mon voisin qui doit aller aux toilettes plusieurs fois dans la nuit. Je l'envie de pouvoir se lever seul, de se déplacer en poussant la potence à perfusion, seule attache  ! Moi, je suis bloqué sur mon lit. Je n'ai pas envie de demander le bassin, alors je me retiens. Je ne mange quasiment rien, nourris par les perfusions. Le matin, on me donne un comprimé miracle ( il n'est pas bleu, je pense à bien d'autres choses... sourire ) ! Un décontractant ! L'effet est immédiat et va perturber le fonctionnement du service. Je le prend au petit déjeuner que je supporte assis dans le lit. Vaincu par la fatigue accumulée les semaines précédentes, harassé par 48 h de sommeil sans cesse coupé, la brutale décontraction me plonge dans un sommeil réparateur, dont je n'émergerai que difficilement en début d'après midi ! De ce fait, je fiche la pagaille dans le travail du service : Repas décalé, toilette impossible, la médecin veut me sevrer immédiatement ! J'en redemande, prétextant que c'est plutôt mieux que je dorme... L'infirmière cède après avis de la médecin mais cette fois, je suis bien, je somnole tout l'après midi sans dormir vraiment !

Au milieu de celle-ci, on me propose de tenter de me lever. Avec aide, je parviens à tenir quelques secondes sur une jambe puis on m'assoit sur un fauteuil ! On me propose une douche ! J'hésite car je sais que je ne pourrai pas la prendre seul. Mais j'ai tellement honte de ma " crasse " et l'impression de sentir mauvais que j'accepte ! Deux jours de suite, je serai ainsi obligé de me laisser déshabiller puis laver par une aide soignante, parvenant juste à rester debout sous la douche en me tenant des deux mains à la rampe ! Mais je ne suis pas au bout de cette dépendance ! La troisième nuit, mon ventre me gêne plus que les douleurs ! Il faut que j'accepte d'aller à la celle ! Il me faut des heures pour me décider à demander ! En milieu de nuit, au changement de perfusion, je demande ! On m'apporte un fauteuil percé ! Ce premier essai n'est pas concluant ! La médecin me donne un médicament le matin ! Il fera effet l'après midi , en pleine visite des parents de l'occupant du lit voisin, les obligeant à sortir ! A nouveau, j'ai honte du bruit et de l'odeur pour mon voisin. Pire, je vis très mal  d'être obligé de me laisser "essuyer" ! Me voici retombé en enfance... Comme je tiens de plus en plus longtemps sur le fauteuil d'hôpital, je tente avec succès, le soir même, de le faire rouler jusqu'au cabinet de toilette, en me propulsant avec les bras. Avec encore une aide les premières fois, pour passer du fauteuil au trône, puis seul assez vite, je parviendrais à aller à la celle de façon indépendante. Mais la seconde fois, je veux m'essuiller seul et je me fais mal au dos en me pliant en deux ! Il faudra que j'accepte encore une journée de l'être par les aides soignantes ou Mme PH lorsqu'elle vient me voir !

J'insiste sur ces points qui sont tellement naturels pour un bien portant qu'on n'imagine pas les conséquences de la perte d'autonomie. Je voudrai surtout que ces réflexions mettent en avant le formidable travail des personnels de santé dans les hôpitaux ! Hommage indispensable ! Car leur fonction est ingrate lorsqu'il faut laver les gens, briser leur intimité sans les violer ! Leur donner le sentiment de respect en leur proposant, par exemple, de se laver seul, la partie  la plus intime de l'anatomie sous la douche alors que c'est impossible pour le reste... Pousser les gens à ne pas se laisser aller, donc à l'effort, sans qu'ils dépassent leurs forces ou se mettent en danger ! Tout est affaire de dosage, d'écoute, de respect, d'encouragement, de patience...  Jusqu'au bout je n'arrêterai pas de m'escuser à chacune de mes demandes. A chaque fois , ils ou elles me répondront " C'est notre métier ! " Mais je n'y me fais pas. Quel métier exigeant, parfois ingrat, qui mérite un profond respect ! Au fil des jours, j'arrive à dépasser la réserve et la distance de certains, essayant de parler un peu d'autre chose... Le sourire de l'une d'elle en évoquant son bébé de 6 mois, un soir, par exemple, fut pour moi l'assurance d'avoir dépassé la relation basique habituelle, uniquement centrée sur le malade en inversant la seule attention pour celui-ci vers la personne soignante. J'espère que cela a traduit le respect que j'éprouve pour leur travail ! C'était celle qui m'avait lavé avec un gant de toilette sur le lit le premier jour, un moment sans doute aussi désagréable pour elle que pour moi...

....

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Commentaires
D
Leur metier est plus que remarquable .. voila ce que bon nombre de personne ne ferait pas .. laver autrui .. pourtant bon nombre l'a choisi ce metier .. respect .. !
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J
encore un exemple : les brûlés. de Grenoble ils partaient sur Lyon. pour le dernier : pas de place à Lyon ! pas de place à Marseilles ! pas de place ... en France !!!!!!!!!! on l' a envoyé ... en Allemagne !!!!!!!!!!!
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O
Je suis moi-même une soignante et je peux vous affirmer qu'en aucun cas la personne qui vous a fait la toilette au lit n'a pu trouver ce moment désagréable. Nous choisissons notre métier,en aucun cas notre travail ne nous semble tel. Et je pense en vous lisant qu'un patient tel que vous vous décrivez, nous en redemandons tous les jours ! Ce qui nous est difficile au quotidien, c'est le manque de temps, pour pouvoir prendre soin de nos patients comme nous le voudrions, et aussi le manque de considération dont nous faisons parfois l'objet, ce qui me fait vous répéter PH, que des patients comme vous, nous en redemandons!
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E
Malgré le bonheur d'être devenue maman, même un séjour à la maternité avec toute sa panoplie de visites médicales, de contre-visites, de soins (à la maman), de douleurs, de dépendance aux autres, de surveillance pendant 9 jours est très pénible. Heureusement, comme tu le dis très bien, que certains échanges dépassent le cadre strictement professionnel...<br /> Passe une bonne nuit.
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C
Il est vrai que lors de mon récent passage à l'hôpital (en mai pour une épaule cassée), je n'ai pas été aussi handicappée que toi PH et comme ton voisin de lit, j'étais suffisamment indépendante pour aller seule aux toilettes avec ma potence. <br /> Vivant seule, j'ai été bien heureuse d'être entourée de voisins formidables qui m'ont si gentiment aidée. J'ai aussi eu le moment de gêne quand il a fallu qu'une de mes voisines fasse la toilette de mon buste... C'était en partie son métier puisqu'elle s'occupait auparavant de personnens agées, mais quand même..; Je comprends très bien ce que tu as ressenti.<br /> <br /> Bientôt tout cela ne sera qu'un mauvais souvenir..<br /> Repose-toi bien et ne fait pas d'efforts intempestifs.<br /> <br /> Bon rétablissement
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