Baisse de régime...
Des nouvelles de la ferme hier ont un peu entamé le moral, de façon insidieuse... " Une génisse de 18 mois a vêlé ! Il a fallu faire une césarienne ! Mais le veau était mort ! " Cela arrive de temps en temps avec des génisses très précoces qui se font saillir par les taureaux avant le sevrage ! La dernière fois, c'était sur une génisse née en 2002 ! Je ne vais pas me plaindre à distance, c'est déjà beau que la surveillance et le sang froid des voisins aient permis de se rendre compte de la chose, qu'ils aient pu rentrer la génisse et intervenir, donc la sauver de fait ! Mais cela représente une intervention inutile ! Je ne regrette pas le veau qui de toute façon aurait eu du mal à profiter car une jeune bête comme cela ne peut avoir assez de lait ! Mais voilà des coûts inutiles , une césarienne coûte chère ! Ce n'est pas l'année idéale pour se disperser financièrement !
Mais encore plus insidieusement, l'impossibilité d'intervenir depuis ici me sape lentement ! Je voulais et j'aurais sevré les veaux les plus vieux avant de partir en vacances ! J'avais prévu de le faire les jours suivant mon accident puisque j'avais terminé les gros travaux et que je voulais consacrer deux jours aux troupeaux ! Mais j'étais sur mon lit d'hôpital et cela fut donc impossible ! Je commence donc de culpabiliser et de me dire qu'il serait urgent d'intervenir mais je ne peux pas le faire !
Depuis 3 jours, je diminue beaucoup les doses de médicaments ! Le corollaire est que je suis moins en forme qu'à la fin de semaine dernière ! Je dors mal. Je mesure donc que le temps de convalescence pourrait être plus long que je ne me l'étais imaginé ! Coincé ici, je dois prendre mon mal en patience, mais je commence de ronger mon frein au regard de la ferme ! Et l'incident décrit plus haut me tracasse ! Bien sûr, l'éloignement de la ferme me protège d'une intervention qui pourrait remettre en cause ma "réparation" : " Heureusement que tu n'es pas à Toulon" m'a dit mon aînée lundi soir au téléphone, " Tu serais déjà sur ton tracteur !" Mais j'ai le sentiment que cette inaction m"entraine dans une perte de contrôle de la situation qui va avoir des répercutions à plus long terme sur mon exploitation ! Et cela me préoccupe de plus en plus, jouant inconsciemment sur le moral ! En même temps, je serai incapable aujourd'hui d'intervenir seul dans un troupeau ! Le risque de me faire "balancer" par une vache ou un veau serait trop important. Il va donc me falloir trouver un compromis pour me faire aider pour ce qui me serait dangereux, commander la manoeuvre globale et savoir rester en retrait même en cas de problèmes ! Bref, faire le contraire de ce que je fais habituellement !!!
Vais je y arriver ? Vais je trouver l'aide nécessaire ? Vais je savoir trouver la raison pour être capable de faire faire tout en restant en retrait ? Mme PH doit reprendre le travail donc nous devrons rentrer en début de semaine prochaine ! La question ne se pose pas. Pourtant je me demande s'il ne serait pas plus raisonnable de rester ici dans le sud plutôt que de rentrer ? La contradiction est que je vais devenir de plus en plus impatient de rentrer. Car l'urgence d'intervenir dans les troupeaux va alors me paraître si évidente que ... Un incident et me voici déjà projeté à nouveau dans les soucis ! L'élevage ne laisse décidément jamais le moindre répit...