Successions...

Comment préparer l' avenir ?

Nous devisions joyeusement ce midi au cours d'un déjeuner en tête à tête avec Mme PH... La conversation a tourné sur nos enfants... Mon aînée exercera la même profession que sa mère. Il s'est créé une complicité entre les deux, mêlée d'une passion commune pour leur métier qui est une vraie vocation. L'une se forme tous les ans, accumulant les diplôme universitaires, l'autre met déjà ses pas dans ceux de sa mère dans une quête permanente d'approfondissement de sa formation en cours... Pour la maman, le bonheur de savoir que sa passion ne s'éteindra pas avec elle est perceptible... Cette situation fait de nombreux envieux chez ses collègues.

J'ai alors fait remarqué, entre autre, à Mme PH que cette suite d'activité était une valeur essentielle chez les paysans. Elle s'est légèrement rembrunie en me demandant une nouvelle fois si j'avais des regrets que PH fils ne prenne pas le chemin de la ferme.

" Non, je n'ai aucuns regrets. Tu sais rien n'est jamais définitif ! "

" Mais il faut des diplômes spécifiques pour faire les emprunts d'installation ou pour exploiter ? nos enfants n'ont pas pris cette voie ! "

" Tu sais, ce genre de contraintes disparaîtra quand on manquera de bras ! Je dirai même que la formation des deux derniers sera de plus en plus adaptée, puisqu'il va falloir reconquérir un prix pour nos produits agricoles. La façon d'exploiter va en être bouleversée, il est probable qu'ils puissent cumuler deux"jobs" ! Je vois à peu près ce qu'il faut envisager ! Mais dois je les laisser faire ou leur préparer le chemin ? C'est la seule vraie question !!!!"

" Tu es sûr de Toi ? "

" Oh, tu sais, on n'est jamais sûr de rien. Et ce que j'envisage pour la partie élevage fera l'objet de critiques ! Mais qu'importe ? Car lors de récentes discussions un peu plus profondes avec des pairs, une ligne nouvelle se dégage très nettement et revient dans toutes les bouches. Le paysan à venir ne sera plus un unique producteur de viande ou autre produit agricole ! D'autres portes vont s'ouvrir, déjà en Allemagne ou en Italie... Il est probable que la fonction de producteur devienne même secondaire par rapport à d' autres sources de revenus ! Les transformateurs ont trop exagéré ces quatre dernières années. Le coeur n'y est plus chez les éleveurs les plus innovants et les plus performants. J'ai senti ce besoin de changer la façon de produire et de diversifier les ressources ... "

" Et bien fait le, prépare leur la ferme ! "

Reste à savoir par où commencer ?

Comments

[isa]

dans notre entourage, il y a de tout : des gens dans la même boite depuis bientot 30 ans, d'autres qui ont complètement changé de métier , d'autres qu se sont mis à leur compte..chez nous aussi rien n'était tracé..ou plutot si : belle maman ne voulait pas que son fils fasse des études agri, alors que depuis l'age de 10 ans il voulait être paysan et reprendre les terres du grand père; donc études de pépinièriste, 3 ans dans une commune aux espaces verts, puis à son compte avec son père, pose de cheminées, puis terrassement, et la ferme (10ha) en parralèle..bonjour la vie de famille! à la retraite de son père 2 solutions,: embaucher ou ...là le grand saut, il s'installe, retour à l'ecole pour valider le bon diplome (pour les aides), à 30 ans !! moi en congé maternité dans banque chère aux agri..on s'est lancé, j'ai aussi démissionné car avec le projet de vente directe ça paraissait dur(et j'avoue pas passionnée par la banque) et voili, voilà...maintenant notre fils...quel sera son chemin? pour le moment agri...mais...

[christian]

j'avais un fils, à quarante ans il laisse orpheline Camille qui en a cinq. J'étais souvent avec lui à l'hopital ...
La succession ne sera pas comme nous l'avions prévue. Ma fille est rentrée de Paris, merveilleux enfants que l'on aime.

[paysanheureux]

Marie-juliette: Parmi les "deux derniers" , il y a ma cadette... Je crois comme vous que tout doit se décanter ...

[Marie-Juliette]

Peut-être sera-ce votre deuxième fille qui voudra garder la ferme... qui sait.

Plus sérieusement, vos enfants sont jeunes, il est normal qu'ils veuillent connaître le monde, choisir leur chemin, enfin celui qu'il croit être leur chemin à la sortie de l'adolescence.

J'ai une fille qui a fait de "brillantes études", elle était vraiment douée, après le premier bac+5, elle en a réussi un autre, puis un troisième, tous ces diplômes se complétaient et étaient cohérents.
Et, tout cela en poche, elle a compris que ce n'était pas ce à quoi elle aspirait, elle a repris des études à zéro, dans un tout autre domaine et là elle s'épanouit.

Ne pensons pas que tout ce décide à la sortie du lycée, il nous faut être là et préparer ce qui sera éventuellement leur avenir. Nos enfants subissent beaucoup d'influences contradictoires
il faut leur laisser le temps de décanter leur aspiration profonde.

Ceci étant dit, bon courage !

[paysanheureux]

François : Je crois en deux choses : Un, nos enfants sont plus attachés à la terre que nous l'imaginons ! J'espère donc qu'ils trouveront des solutions pour la garder et l'exploiter ...Ce sont nos exigences qui risquent de les détourner. Deux, ils sauront acquérir les techniques de production, il y a des formations pour cela. Seule l'expérience leur manquera, celle des paysans ! C'est le pari qu'il nous faut gagner : Transmettre une partie de cette expérience !
Quand je vois le nombre d'installations depuis quelques années, je suis convaincu qu'il faut se poser des questions sur notre modèle et s'interroger sur ce désintérêt...