Lire la nature...
Dame nature nous envoie t'elle des signes avant coureurs lors de ses excès ? Les animaux ont ils des facultés que nous n'avons pas en matière de météorologie par exemple ? On sait que les chiens ont un comportement bizarre quelques heures avant les tremblements de terre. Mais sait on lire ces signes ? Bien partiellement, trop partiellement...
Les prévisions météorologiques sont dans les choux depuis des semaines, même à 24 heures. Tout simplement parce que la multitude des facteurs rendent les situations inédites donc imprévisibles ! Personne n'arrive à nous dire 12 heures avant, à quelle heure précise et encore moins où vont passer les orages. Je ne parle même pas de leur intensité. Pourtant, il nous est essentiel de le savoir en période de récolte, quand il nous faut deux pleines journées de soleil pour faire sécher du foin par exemple. Aurai je des prévisions plus fiables en payant un service à météo France, un service dit public, à 96 € par mois pour avoir une prévision par tranches de 3 heures ? J'ai un énorme doute en voyant les changements opérés en catastrophe mardi et mercredi. Doute également en ayant testé, d'autres services payants, tels ceux de plein champ, consultés mardi pour mercredi...
Alors je m'en tiens aux services gratuits, croisant les informations. Et j'en reviens aux observations, telles que les faisait mon père. D'où la photo de lundi soir... Photo ambigüe puisqu'elle montre des "moutons" en premier plan, signe d'une dépression en approche et d'un soleil rouge derrière, signe de beau temps ! Mardi fut beau mais comment organiser la récolte des 6 ha fauchés mercredi ?
Ceux qui ont eu la curiosité de suivre les tweets ont du être surpris de mes messages. Langage incompréhensible pour qui ne connait pas le métier, tweeter m'a servi de base en direct pour enregistrer des observations. En même temps, des photos m'ont aidé... A quelle heure l'arrivée des orages alors que le bulletin de mercredi à 6 heures annonce toujours ces événements pour la soirée soit 19 h et qu'à 10 h ils sont pour l'après midi ???
Première chose, la rosée. Elle est présente ce matin là. Il n'y aura pas d'orage avant midi. Sans rosée, il vaut mieux se dépêcher. Ensuite, les troupeaux. Par beau temps, même très chaud et ensoleillé, les vaches restent couchées au milieu des prés, même pas à l'ombre, comme si elles cherchaient de l'air... Au contraire, par temps orageux, "lourd" comme l'on dit ici, elles restent au frais à l'ombre. Mercredi, vers 10 h, c'est très clair...
Je pars andainer ou plus justement mettre en roule, bien avant la levée de la rosée. Par pressentiment. A partir de cet instant, il me faut 6 à 7 heures de travail pour que les 6 Ha soient pressés, donc sauvés, trajets et attelages compris... A 11 h 30, je note les premiers signes. Encore très très loin, des sommets de cumulus apparaissent. Je travaillais à 8 km/h, je passe à 10, le maximum que le matériel puisse supporter sans casser, ainsi que mon dos...
Je remarque que mon voisin commence dans la parcelle d'à côté... Entre midi et 13 h, la menace se précise. Je termine un peu avant 13 h et je rentre atteler la presse...
Je ne déjeune pas, je bois et je repars... Le foin est à peine sec mais je ne me pose pas de question. J'attaque. Il fait une chaleur écrasante, le temps est très lourd, à peine tenable dans la cabine ! Je n'ai pas emmené d'eau. J'ai tout réglé pour tourner au maximum sans forcer le matériel. Toutes les 3 minutes, la presse crache une botte de foin d'au moins 300 kg. Je souris en voyant que chez mes voisins de parcelle, le second commence lui aussi de presser. Il me dira plus tard que le foin lui paraissait trop juste mais que quand il m'a vu démarrer, il a pensé que je savais que les orages montaient. A peine une heure plus tard, on est sous menace plus directe. J'ai l'impression d'arracher chaque botte à dame nature.
Je surveille et estime la progression de l'énorme orage. Il est arrivé plein ouest et semble monter vers le nord. Aucune pose, aucune halte, je continue mon travail, trempé de sueur, sans eau ( une bêtise ) ! Je surveille, attendant l'apparition du rideau d'eau qui s'il franchissait la colline de "Bost" m'annoncerait que la pluie serait là irrémédiablement dans les 10 minutes qui suivent... Mais il n'en est rien... Le bruit des machines masque l'éventuel tonnerre. Vers 15 h 30, nous sommes toujours sous la menace. Mon voisin a terminé, il avait moitié moins de surface à prendre. J'hésite à lui téléphoner pour lui demander de venir m'aider à terminer. Je suis convaincu que maintenant, cet orage ne sera pas pour nous. 5 minutes plus tard, il arrive avec sa presse sans que je lui ai demandé. J'apprécie vraiment cette solidarité. Je l'avais déjà fait et je suis heureux que cela soit naturel.
Nous fonçons à 2 ! Un énorme coup de vent détruit les "roules" alors qu'il en reste 3. Nous sommes obligés de courir après le foin et de passer 3 fois au lieu d'une. Une pelote de ficelle sur ma presse s'emmêle. Je perds 3 minutes à la remettre mais surtout en ouvrant les capots sous le vent, je suis enveloppé par une nuage de poussière qui se colle à la peau en sueur. Cela me gratte de partout, une horreur ! Nous finissons, je ne fais pas de photo des 110 bottes du pré, pré dans lequel je récolte 80 à 90 bottes en année normale. Nous rentrons. J'invite mon voisin à venir boire une bière àl'abri sous un préau. Un quart d'heure plus tard, un autre nuage déverse une averse. Sans trop de conséquences si d'autres n'avaient pas fini mais qui impose une demie heure d'arrêt pour que le foin sèche à nouveau. Je rentre ensuite la presse !
Je remarque que les vaches qui mangent le matin sous la stabulation, ne sont pas sorties alors qu' elles le font à 11 h du matin habituellement. J'ai la confirmation une nouvelle fois que les vaches savent pour les orages. Seul problème, ces observations servent au dernier moement, quelques heures avant. Il faut donc n'exclure aucune source. Sur le site de météofrance, je note une nouvelle fois que les animations radar ont quelques heures de retard. Un moyen de nous pousser à acheter le service. Mais en cherchant un détail sur les voies romaines sur Google Earth, je note que les précipitations sont indiquées. Est ce en temps réel ? Je vérifie avec les webcam des autoroutes. Cela correspond ! Voilà donc une nouvelle source d'information. Cet après midi, les prévisions annonçaient des averses. Comment apprécier le vrai risque? J'ai consulté google et j' ai vu la ligne de précipitations sur le cher. Je n'ai pas fauché alors qu'il fera beau demain, le ciel de ce soir l'annonce. Heureusement, car des averses, même minimes, sont là ce soir !