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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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28 juillet 2012

la jachère fleurie de dame nature...

J'ai été amusé par des articles dans les journaux locaux vantant les mérites des services de la voirie qui ont implanté des jachères fleuries sur des ronds point... Et oui, on découvre qu'il y a une autre possibilité que de tout tondre. J'en profite pour me féliciter que celle que j'ai semé le long du chemin du bois commence à fleurir. Il y avait même des abeilles de "Dom" qui travaillaient ce matin.

Mais dans la nature, il y a tout ce qui en se voit pas et dont on ne parle pas. Il en va ainsi du ruisseau de la plaine. Une fois tous les 10 à 15 ans, il faut le curer pour qu'il remplisse sa fonction. Inutile de dire que certains critiquent cette nécessité. La nature est ainsi faite que l'érosion naturelle comble les cours d'eau sauf dans les parties de rapides. C'est ainsi ! Nos rivières, nos ruisseaux ne sont pas des torrents... Tôt ou tard, il faut donc intervenir.

En fauchant la plaine, j'ai été subjugué par ce que j'appellerai une jachère fleurie de dame nature !

     

             fossé-plaine

Une foison de fleurs de couleurs différentes, toutes d'espèces aimant l'eau, dans lesquels même les hérons ne peuvent trouver grenouilles ou petits poissons venant de l'Arroux. Personne ne la voit depuis la route. Pourtant il y a là un exemple d'un biotype que l'on pourrait croire plus que naturel. En effet, aucune espèce n' a été semé. Pourtant, si le ruisseau n'avait pas été creusé, il n'y aurait rien de tout cela ! J'avais donc à chaque tour de travail pour les foins une source d'admiration de ce que la nature peut faire en conjugaison à l'action de l'homme !

                        jachère-naturelle

Les vertes vivent les pieds dans l'eau, ensuite un peu plus haut sur les côtés les plus fleuries profitent d'une situation intermédiaire. Enfin en haut, on a ce que vous appelez de l'herbe, des graminées du pré en l'occurence. En m'émerveillant devant cet agencement, je me suis fait une première remarque. Je ne dois pas polluer avec ma façon de travailler sur les côtés ! Mais la réflexion ne s'arrête pas là. Il y a d'autres ruisseaux, beaucoup moins creux sur la ferme, qui ne présentent pas une telle variété de floraison donc de diversité. Mon action d'entretien a donc une influence sur le résultat ! Bien sûr, si je curai chaque année, il n'y aurait rien de tout cela. Ensuite, quand je cure, je ne creuse pas mais je ramène la vase et les dépôts de sédiments sur les côtés. Or ce sont des éléments très riches, plus riches que les engrais chimiques et certainement plus équilibrés. Mais chaque année, en hiver, mon entrepreneur broie les côtés du fossé. On pourrait croire qu'il détruit tout lui aussi mais c'est plus compliqué que cela. Dans la nature, il y a pour les végétaux la même compétition que chez les animaux. Le broyage empêche l'installation de ronces et autres espèces étouffantes pour les autres. Il y a en quelque sorte une sorte de remise à niveau chaque année. Mais pour que cela soit efficace, il faut que les bords sont très réguliers pour que le travail le soit tout autant.

J'en arrive donc à la conclusion que tout le désordre apparent de dame nature découle en fait directement du travail de l'homme. Cela peut paraître paradoxal et surprenant, mais c'est ainsi. On se retrouve donc dans une situation où ce n'est pas parce que l'on interdira telle ou telle action qu'on aura un résultat écologiquement intéressant.On prend même le risque de laisser une espèce prendre le pouvoir. Ce que l'on nomme diversité naturelle tiendrait donc également à la diversité des actions de l'homme ? Je finis par le croire. Je vais donc noter la conduite pour l'entretien de ce fossé et le comparer à d'autres de la ferme. Mais j'ai un problème majeur, je n'ai jamais les mêmes résultats d'une année à l'autre pour une même pratique à un même endroit. C'est toujours la même chanson...

J'en profite pour rassurer ceux qui sont en face du fossé de la "jalouse" ! Il ressemblera un peu à ça dès l'année prochaine. Et j'espère que personne ne dira rien lorsque dans 2 ou 3 ans, je curerai celui-ci. Une fois que les espèces se seront bien réinstallées dans l'autre... C'est peut être cela le plus important, ne pas tout faire en même temps de la même façon !

diversité-florale-naturelle

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Commentaires
D
J'ai rencontré lors d'une fête des plantes en Dordogne, chez un "pépiniériste collectionneur", les Jardins de Sauveterre qui vendent des graines de plantes sauvages et locales. <br /> <br /> Je mets le lien de leur site :<br /> <br /> http://jardindesauveterre.com/semences-graines-fleurs-sauvages<br /> <br /> Cela peut vous intéresser. J'en ai acheté plusieurs paquets : soit de mélange, soit de plantes seules
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C
J'avais bien vu et lu la note lors de l'ensemencement de la bande fleurie, mais faute de temps, je n'avais pas réagi, même si l'envie ne me manquait pas. Non, je ne suis pas déçu. Bien au contraire puisque l'on comprend ce que je veux dire. Le croisement avec des espèces indigènes peut se faire avec celles des pieds des haies et des prairies également, mais il n'y a sans doute aucune espèce en commun. <br /> <br /> Il ne faut pas culpabiliser non plus, d'autant que dans le commerce "classique" il n'y a pour ainsi dire rien de correct.<br /> <br /> Paradoxalement dans ces mélanges, il ne devrait y avoir que des espèces carrément exotiques (non envahissantes) style cosmos annuels, comme ça les risques sont nuls. Seulement, certains semenciers se targuent de faire de l'indigène, ce qui peut justement poser problème. Je participe personnellement à faire bouger les lignes pour mettre en place progressivement des filières de plants et semences d'espèces sauvages d'origine locale, mais ce n'est pas simple du tout et si cela finit par marcher, ce sera long. Mais les choses commencent à bouger...
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Y
Excellent billet et commentaires très intéressants (je suis en phase avec @Olivier et @Cornus).<br /> <br /> <br /> <br /> L'Homme fait partie de la Nature : il n'y a pas de fossé entre les 2 ... ;o)
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J
voici ce qui me vient à l'idée en lisant ce billet oh combien fleuri et les commentaires qui en découlent. Merci donc PH de nous avoir redonné le vrai sens de ce mot si dévoyé de nos jours et cette belle démonstration du lien tenu qui existe entre agriculture "durable " et écologie responsable.<br /> <br /> C'est toujours un vrai plaisir de vous lire !
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P
Olivier : Comment mesurer l'impact de l'homme sur un milieu en terme de niveau de détérioration ? C'est une vraie question. Je pense toujours à cela lorsque je traverse une zone commerciale avec ses parkings ou des zones industrielles...Mais il y a plus grave et moins visible, avec les pollutions chimiques ou irradiantes. J'aurai bien une définition qui pourrait être le temps nécessaire pour revenir à un état plus naturel...<br /> <br /> Dorigord : On oublie trop souvent qu'un paysage naturel se ferme assez vite. Ce n'est pas pour autant qu'il faille faire n'importe quoi. Il y a même des débats ici entre haies hautes et haies en taille basse... Mais l'action de l'homme est déterminante et je doute qu'il reste en France quelques m2 de la forêt primitive...<br /> <br /> Cornus : Merci de toutes ses précisions. Le billet suivant va décevoir. Je l'ai implanté le long d'une haie dans un endroit où il n'y a que des prés autour donc peu de chances de croiser des espèces indigènes. Mais en lisant, je culpabilise un peu, non par le semis de fleurs mais dans le choix des semences ! il est difficile aujourd'hui d'échapper au commerce de semences...<br /> <br /> Dorigord
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