la jachère fleurie de dame nature...
J'ai été amusé par des articles dans les journaux locaux vantant les mérites des services de la voirie qui ont implanté des jachères fleuries sur des ronds point... Et oui, on découvre qu'il y a une autre possibilité que de tout tondre. J'en profite pour me féliciter que celle que j'ai semé le long du chemin du bois commence à fleurir. Il y avait même des abeilles de "Dom" qui travaillaient ce matin.
Mais dans la nature, il y a tout ce qui en se voit pas et dont on ne parle pas. Il en va ainsi du ruisseau de la plaine. Une fois tous les 10 à 15 ans, il faut le curer pour qu'il remplisse sa fonction. Inutile de dire que certains critiquent cette nécessité. La nature est ainsi faite que l'érosion naturelle comble les cours d'eau sauf dans les parties de rapides. C'est ainsi ! Nos rivières, nos ruisseaux ne sont pas des torrents... Tôt ou tard, il faut donc intervenir.
En fauchant la plaine, j'ai été subjugué par ce que j'appellerai une jachère fleurie de dame nature !
Une foison de fleurs de couleurs différentes, toutes d'espèces aimant l'eau, dans lesquels même les hérons ne peuvent trouver grenouilles ou petits poissons venant de l'Arroux. Personne ne la voit depuis la route. Pourtant il y a là un exemple d'un biotype que l'on pourrait croire plus que naturel. En effet, aucune espèce n' a été semé. Pourtant, si le ruisseau n'avait pas été creusé, il n'y aurait rien de tout cela ! J'avais donc à chaque tour de travail pour les foins une source d'admiration de ce que la nature peut faire en conjugaison à l'action de l'homme !
Les vertes vivent les pieds dans l'eau, ensuite un peu plus haut sur les côtés les plus fleuries profitent d'une situation intermédiaire. Enfin en haut, on a ce que vous appelez de l'herbe, des graminées du pré en l'occurence. En m'émerveillant devant cet agencement, je me suis fait une première remarque. Je ne dois pas polluer avec ma façon de travailler sur les côtés ! Mais la réflexion ne s'arrête pas là. Il y a d'autres ruisseaux, beaucoup moins creux sur la ferme, qui ne présentent pas une telle variété de floraison donc de diversité. Mon action d'entretien a donc une influence sur le résultat ! Bien sûr, si je curai chaque année, il n'y aurait rien de tout cela. Ensuite, quand je cure, je ne creuse pas mais je ramène la vase et les dépôts de sédiments sur les côtés. Or ce sont des éléments très riches, plus riches que les engrais chimiques et certainement plus équilibrés. Mais chaque année, en hiver, mon entrepreneur broie les côtés du fossé. On pourrait croire qu'il détruit tout lui aussi mais c'est plus compliqué que cela. Dans la nature, il y a pour les végétaux la même compétition que chez les animaux. Le broyage empêche l'installation de ronces et autres espèces étouffantes pour les autres. Il y a en quelque sorte une sorte de remise à niveau chaque année. Mais pour que cela soit efficace, il faut que les bords sont très réguliers pour que le travail le soit tout autant.
J'en arrive donc à la conclusion que tout le désordre apparent de dame nature découle en fait directement du travail de l'homme. Cela peut paraître paradoxal et surprenant, mais c'est ainsi. On se retrouve donc dans une situation où ce n'est pas parce que l'on interdira telle ou telle action qu'on aura un résultat écologiquement intéressant.On prend même le risque de laisser une espèce prendre le pouvoir. Ce que l'on nomme diversité naturelle tiendrait donc également à la diversité des actions de l'homme ? Je finis par le croire. Je vais donc noter la conduite pour l'entretien de ce fossé et le comparer à d'autres de la ferme. Mais j'ai un problème majeur, je n'ai jamais les mêmes résultats d'une année à l'autre pour une même pratique à un même endroit. C'est toujours la même chanson...
J'en profite pour rassurer ceux qui sont en face du fossé de la "jalouse" ! Il ressemblera un peu à ça dès l'année prochaine. Et j'espère que personne ne dira rien lorsque dans 2 ou 3 ans, je curerai celui-ci. Une fois que les espèces se seront bien réinstallées dans l'autre... C'est peut être cela le plus important, ne pas tout faire en même temps de la même façon !