/https%3A%2F%2Fprofilepics.canalblog.com%2Fprofilepics%2F6%2F7%2F67716.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F66%2F72%2F80491%2F95799271_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
Le "PH tour"
On m’a demandé plusieurs fois sur ce blog à visiter la ferme. Je ne savais pas que répondre et je n’ai pas donné suite. Tout d’abord, Je n’ai pas trop envie de prendre sur les temps de repos pour tenter d’organiser une promenade à pied qui serait fatalement longue. Les tracteurs sont très inconfortables car il faut en permanence monter et descendre si on les prend pour faire le tour des animaux. Cela ralenti énormément les manœuvres. « Attention, je dois descendre ! » répété vingt fois devient lassant, presqu’ennuyeux pouvant donner à l’invité l’impression de gêner.
Pour des travaux des champs normaux, la monotonie l’emporte. Au bout de trois tours d’une parcelle, on a l’impression d’avoir tout vu. De plus, l’exiguïté du siège passager dans la cabine dérange la conduite. J’ai toujours besoin de place pour me retourner afin de surveiller le travail des outils. Je ne trouvais donc pas la bonne formule qui rende la visite intéressante.
Un ami est passé me voir il y a une quinzaine de jours. Déboulant le matin, juste au moment où je partais « faire les bêtes » sans crier gare, je me suis rapidement demandé comment avoir le plaisir de discuter avec lui sans perdre de temps pour mon travail. Je précise que je n’étais plus en phase de récolte mais de rangement des bottes. Je l’ai donc fait monter dans le C15, côté passager, c’est-à-dire « visiteur » dorénavant. J'ajoute que c’est quelqu’un qui fréquente des agriculteurs sans connaître à fond le métier. La suite a été une découverte, autant pour lui que pour moi.
Plongée dans la campagne, immersion dans la nature ! Plaisir garanti ou presque. La discussion initiale a tourné court. Il semblait prendre un vrai bol d’air et s’enthousiasmer de plus en plus de ce qu’il découvrait. J’ai fait mon tour complet, sans rien changer à mes habitudes. Non seulement, il a pu approcher les vaches sans prendre de risques, s’amuser de leur réaction mais nous avons croisé des tas d’animaux sauvages dont une famille de jeunes canetons dont la mère paniquait et jouait la blessée alors que nous aurions pu les prendre à la main. Bien sûr, pas question de transformer la nature en jouet. Ici, on regarde, on prend en photo mais on ne touche pas. Nous sommes invités au spectacle de la nature, nous devons rester des acteurs discrets . Il a été surpris aussi par des paysages du village qu’il ne connaissait pas.
Notre campagne, vallonnée, renouvelle à chaque colline les points de vue. Bref, en une heure, sur un territoire somme toute très restreint, j’ai eu l’impression de lui faire découvrir tout un monde, harmonieux et complet : un biotope !
En observant ses réactions, en écoutant ses exclamations, je me suis rendu compte que je pouvais assez facilement faire partager mon ressenti lorsque je plonge chaque matin dans mon domaine. J’ai donc renouvelé l’exercice avec ma cadette, armée d’un APN. Malheureusement, je n’ai pas les photos sur cet ordinateur. Je les reprendrai sur d’autres billets. Le dimanche suivant, c’est Mme PH qui faisait le tour. Seul problème, pour respecter son besoin de repos, j’ai décalé l’heure du tour. Les conséquences sont manifestes : Si les vaches étaient encore là, la faune sauvage avec ces températures très chaudes était déjà cachée. Il n’en demeure pas moins que ce fut un très beau moment partagé ensemble. Une ballade sans contrainte de temps. Cela lui a beaucoup plu. Elle a pris le temps de faire des photos de tout type, me prenant au travail ou cherchant la photo qui pourrait lui servir de modèle pour une prochaine toile. Elle m’a surpris au milieu de mes animaux, s’amusant que je leur parle autant ou surprise de la complicité qui existe entre eux et moi, de la méfiance vis à vis d’elle...
La chatte a même suivi, je me demande encore comment elle a pu remarquer que nous faisions le tour ensemble alors que je ne la vois jamais les autres matins !), attendant notre retour sur le chemin, comme si elle savait que nous reviendrions par là…
J’ai ensuite fait partager le » PH tour » à des professionnels des animaux. Cela nous a permis d’engager des discussions passionnantes sur les modes d’élevages par exemple et de voir au passage un beau brocard aux bois déjà bien formés et velus. L’animal semblait connaître la voiture et se sauvait à petits pas tranquilles. Je ne sais pas si leurs photos sont réussies, mais je les ai vu en prendre…
Bref, à chaque fois, l’ exercice est différent pour un parcours identique, où on ne s’éloigne jamais à plus d’un kilomètre et demi des bâtiments sans prendre de route, sur des chemins parfois hasardeux ou carrément en plein pré, dernière chose que je ne me permets que dans le cadre du travail et aucun autre ! En clair, je ne tolère aucun véhicule dans les prés pour aucune raison. C’est donc un tour exclusif que je peux ainsi proposer. Je retiens de ces expériences plusieurs choses.
La première, je reprends une réflexion de Mme PH : « Tu peux peut être te lasser par routine, mais c’est un moment super ! C’est paisible, reposant, varié dans un cadre méconnu dans notre campagne si belle ! » . Je lui ai répondu que, depuis que j’ai le C15, je ne ressens pas la routine, mais qu’au contraire, j’ai l‘impression de me ressourcer chaque matin. Sans doute, est il plus confortable et plus rapide qu’un tracteur, moins pénible également car évitant de monter et descendre à chaque fois !
La seconde est d’un autre ordre. Je ne changerai rien au tour que je dois faire. D’abord, je donne ainsi l’impression à mes invités du jour de participer au travail de la ferme. Mais surtout, je ne transforme pas la sortie en safari. Nous découvrons ce que la nature nous propose chaque jour , sans chasser tel ou tel animal sauvage, sans recherche ! Cela doit rester un tour utile, qui préserve la quiétude du territoire qu’occupe la ferme.
Mais il me faut aussi, les jours où cela est possible, me mettre au rythme des invités. Savoir prendre le temps, attendre que la photo soit prise, me remettre à un rythme plus naturel, plus respectueux du temps. On ne peut pas toujours être à fond, même dans le travail. Cette liberté de choisir le tempo est précieuse, il faut savoir la communiquer au cours de ce moment de reconnexion à la nature. Si ce tour accompagné doit se pratiquer plus souvent, il faut que je l’intègre dans ma façon d’organiser le travail pour ne jamais faire sentir trop d’impatience.
De plus, être en si bonne compagnie n’est pas désagréable et rompt la solitude habituelle.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F34%2F78%2F80491%2F134456847_o.jpg)