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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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28 septembre 2012

Paysans, même si...

Les journaux locaux se sont fait l'écho des soucis des viticulteurs du beaujolais. Je n'y ai pas trop porté attention. Mais hier soir, c'est une réflexion d'un ami, viticulteur sur la côte bourguignonne, qui m'a fait mal, très mal !

Il était en colère et le cachait mal. Il s'est exprimé avec ses mots, durs, très durs. J'ai pu ensuite parler un peu avec lui et comprendre ce qui lui arrive ! Depuis le froid, les viticulteurs en bavent. Les bois ont beaucoup soufferts du gel et de la bise. Puis l'année a été pluvieuse, propice au développement d'oïdium et de mildiou. A chaque fois, il faut intervenir très très vite. On m'a cité des cas de pertes totales du raisin en quelques jours car le traitement n'avait pas été fait assez vite. Les viticulteurs ont donc été sur la brèche tout l'été. La maturation du raisin a été retardée par l'été pourri et les vendanges ont commencé très tard, la semaine dernière, exposant la récolte aux conditions météorologiques de l'automne.

Je pense qu'il s'y attendait un peu mais qu'il espérait, comme nous le faisons tous, à une perte moins importante de récolte. Mais les premières parcelles récoltées ont des rendements de 50 %. La pluie de mardi et mercredi n'a rien arrangé. Le raisin s'abîme vite et il craint que le sol détrempé ne lui permette pas de passer avec la machine à vendanger. Peut être craint il également qu'il faille vendanger à la main pour trier le raisin s'il y a du pourri ? Sauf que la machine, si elle reste sous le hangar, coûte chère.

Il faut bien comprendre que pour eux, c'est l'année de travail qui est en jeu. Nous, ce sont les vêlages, pour d'autres, de façon moindre pour moi, ce sont les cultures... Le monde agricole ne travaille pas en récolte continue mais dans le cycle des saisons avec en permanence une épée de Damoclès au dessus de la tête. Ici une sécheresse, là la grêle, plus loin une inondation, là bas le gel... J'en passe et des meilleurs, mais à chaque fois, c'est toute la production d'une année qui se joue. C'est la condition de paysan, celle qui nous unis tous ou plutôt que nous supportons tous. Rien n'est jamais acquis...

Je sais que certains trouveront à redire, que ceci, que cela... Je crois qu'il nous faut respecter le désarroi des viticulteurs. Je ne sais pas comment être solidaire ? Ils ne touchent pas de subventions, mais dans le cas présent, je trouverai normal qu'ils émargent au fond des calamités. Car l'état ne se gêne pas pour pomper des impôts et des cotisations sociales les bonnes années. Alors, quand la bise est passée, il serait normal qu'il fasse un geste substantiel pour que ceux qui ont trimé toute l'année aient un soutien mérité... D'autant que les résultats des céréaliers et producteurs de colza vont être pléthoriques  et vont donc rapporter beaucoup d'argent. Pour info, nous sommes taxés de la façon suivante : 43 % de notre bénéfice est prélevé au titre des cotisations sociales puis le reste entre dans les impôts du ménage. Nous n'avons pas d'assurance chômage et c'est tout le résultat de l'exploitation qui passe à la toise, pas que la partie qui concerne la rémunération du travail. Cela veut donc dire, que chez nous, les revenus du capital sont imposables au social et aux impôts sur le revenu. Quand j'entends certains prétendre que nous ne sommes pas imposés, les temps ont bien changé... J'aimerai voir la tête de certains qui nous reprochent toujours d'être protégés, si dans leur TPE ou PME, l'URSAF taxait autant le bénéfice que les salaires qu'ils se versent...

Mais cette solidarité ne risque pas d'être comprise quand on lit cela !

Il y a une explication à cette fanfaronnade, mais je ne la donne pas ! A chacun ses responsabilités.

 

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Commentaires
Y
Avec un peu de retard, merci pour votre réponse PH. Bonne semaine! ;-)
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P
Non le "plus tard" n'est pas un abandon ! Je suis surbooké en ce moment, j'ai "volé" deux heures à mon épouse dimanche pour écrire sur le canal ! Il m'avait fallu être patient pour récupérer les chiffres, plusieurs semaines au grès des rencontres... <br /> <br /> Dans notre cas, je veux vérifier si le mode de financement du fond de calamité n'a pas changé. Pour le reste, je dois attendre de déjeuner avec les experts de la coopérative dont je suis vice président pour valider deux ou trois trucs ! Je ne veux pas paraître rentre dedans, mais expliquer ! Il y a deux statuts fiscaux si différents qu'il me semble impossible de les comparer. J'ai dans le temps, participé aux réflexions sur le sujet et au cours de simulations, pleins de certitudes sont tombées sur les avantages prétendus des statuts des hommes... Cela avait donné lieu à de très vifs échanges. Derrière les mesures que vous avancez, il y a un vrai débat de fond : Doit on garder un statut fiscal à part pour les agriculteurs ou doit on se fondre dans le système courant ? Idem avec le régime social ! Nous en avions discuté des heures, bien incapables de trancher de façon formelle. L' aléas climatique ou sanitaire est très grand. On a vu, par exemple, que cela met en situation difficile ceux qui ont voulu jouer marché à terme pour les céréales l'année dernière et qui n'avait pas le rendement minimum pour couvrir leur engagement. <br /> <br /> La DPI , c'est bien quand on la fait encore faut il bien la réintégrer, ce qui est plus complexe. Financer les stocks à rotation lente, cela semble facile, mais dans le cas de l'élevage par exemple, est ce le moment d'augmenter les troupeaux alors qu'on est dépendant du prix des aliments qui sont tellement hauts que la marge après calcul de l'indice de consommation est nulle ? Comment fait un viticulteur qui a une demie récolte pour augmenter son stock de vin de garde alors qu'il doit fidéliser ses clients ? Je veux dire par là, que la mécanique comptable ou fiscale peut aussi faire faire des bêtise si la gestion de la ferme dans son ensemble n'est pas prise en compte. Or, peu de paysans travaillent avec des prévisionnels pertinents car il y a trop d'impondérables. Il n'est pas question de nier les lissages, les avantages fiscaux mais de là à les considérer comme répondant à tout, il y a un pas difficile à franchir. J'ai vu beaucoup trop de misère réelle chez certains de mes collègues ces 4 dernières années pour croire que tout peut se régler par la compta. <br /> <br /> Mais je crois qu'on peut améliorer les choses, cette perception des aléas en particulier. Sur ma ferme, je ne vais pas si loin, j'ai juste quelques indicateurs et je travaille et travaillerai de plus en plus avec des tableaux à double entrée. Ce travail se fait en amont des décisions et ne se traduit qu'un an après dans la compta ! Pris en compte plus tôt en compta, on pourrait envisager des "provisions" pertinentes, interdites aujourd'hui, alors qu'elles sont usuelles dans toutes les structures de statut non agricole dans lesquelles je suis engagé...<br /> <br /> C'est pour cela qu'une discussion doit se fonder sur une réflexion de fond, par l'exemple ! Et qui sait, avec un peu de chance, seront elles reprises ensuite ?
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Y
D'accord. Je suis un adepte de votre blog car j'aime souvent votre vision et la réflexion sur les sujets abordés, mais je suis un peu déçu car pour une fois que je prends la peine de laisser un commentaire instructif... Je trouve dommage qu'on ne puisse pas discuter sur le sujet. (je prends votre réponse "plus tard" comme ne pas avoir envie de me répondre...)<br /> <br /> Au plaisir,<br /> <br /> Yannick
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Y
Un peu déçu de ne pas avoir eu d'échange suite à mon dernier commentaire... :-/<br /> <br /> Bonne semaine!
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Y
Pour information : les viticulteurs touchent les calamités agricoles dès que leur récolte est < à 30 % de la moyenne des 5 années précédentes. Le dossier est simple à remplir. Donc l'état participe malgré ses finances plus que déséquilibrées. De plus, beaucoup de viticulteurs s'assurent contre la grêle etc... <br /> <br /> <br /> <br /> Concernant vos charges sociales, elles sont moins importantes que pour un salarié lambda (il faut bien entendu compter les charges salariales et les patronales...). En effet, vous ne cotisez pas au pôle emploi, c'est ce qu'il vous reste de plus à la fin de l'année, si vous le souhaitez il existe des assurances pour la perte d'emploi.<br /> <br /> Vous payez des charges sociales, et votre impôt sur le revenu sur votre résultat comme n'importe quel artisan ou commerçant en entreprise individuelle. Et dans le bâtiment aussi, ils ont la vie dure!!! Si vous souhaitez payer votre impôt sur le revenu et vos charges sociales seulement sur ce que vous prenez, pas de problème ! Vous pouvez avoir un statut similaire à un gérant de SARL. Il vous suffit de constituer par exemple une EARL et d'opter à l'Impôt sur les sociétés. Vous aurez peut être le privilège de payer en plus de votre impôt sur le revenu et de vos charges sociales, de l’impôt sur les bénéfices à 33 % de votre résultat (ce que paye nos PME qui représentent une part non négligeable des emplois en France), et tout un tas de taxes dont seuls les agriculteurs sont exonérés (CFE, CVAE, Taxe apprentissage, C3S etc...).<br /> <br /> <br /> <br /> La plupart des viticulteurs peuvent bénéficier de mécanismes fiscaux très avantageux, qui sont de vrais cadeaux (DPI pour hausse des stocks à rotation lente). Ces mécanismes n'existent pas pour les artisans, commerçants, PME etc...<br /> <br /> <br /> <br /> Pour finir, pour vos charges sociales et votre impôt sur le revenu pour lisser les variations de revenus vous pouvez être imposés sur la moyenne des 3 dernières années, ce qui vous permet de payer moins. Encore une fois, ce mécanisme n'existe que dans l'agricole.<br /> <br /> <br /> <br /> N'hésitez pas à consulter un expert comptable, qui pourra vous conseiller pour aller vers l'optimisation de votre statut.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez un métier dur, et soumis aux aléas climatiques c'est vrai. Mais vous êtes de loin dans les catégories les plus protégées pas l'état. Pensez à votre maçon, qui arrivera à la retraite usée et qui aura payé bien plus de charges et impôts!
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