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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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22 novembre 2012

Douche froide, ballottés sur les marchés...

Non, il ne s'agit pas de la pluie d'hier soir, quoiqu' à cette saison, les gouttes ne soient pas chaudes... Non, il s'agit du cours de animaux.

Avant hier soir, j'ai rencontré le directeur d'un groupement de producteurs. Alarmiste comme le serait un marchand indépendant. La situation semble simple, inquiétante pour nous. Nous dépendons du marché italien, qui achète nos animaux, puisqu'ils n'ont pas de prairies pour entretenir un troupeau de mères nourrices. Par contre, ils récoltent des maïs aux rendements impressionnants dans la vallée du Pô. C'est avec ces récoltes qu'ils finissent nos animaux.

Depuis l'hiver dernier, la rareté des stocks suite à la sécheresse de l'année dernière chez nous, suivie de celle des USA cette année, a conduit à une moindre production d'animaux donc à une remontée des cours... Embellie de courte durée ! Depuis quelques semaines, ils baissent à nouveau. Quelles en sont les causes ?

A l'approche de l'hiver, il y a sans doute une accélération des ventes. Pour ne pas devoir acheter des aliments qui eux sont à un plus haut jamais connu, il y a sans doute une volonté de ne pas hiverner ! Difficile, en ce moment, de croire que l'on pourra retrouver dans le prix final des animaux le sur-coût conséquent de cette flambée des prix. D'où la mise en marché d'animaux qui pourraient être gardés un peu plus longtemps.

Plus inquiétant, le marché italien. Nous n'avons pas informations fiables venant de ce pays. Nous n'avons que des rumeurs. Y a t'il un bluff commercial pour acheter nos animaux vifs moins cher ? Ou y a t'il un réel recul de la mise en finition dans les ateliers ? Avec un maïs dont le cours mondial dépasse tout entendement, y a t'il eu moins de surfaces consacrées à l'élevage et plus tournées vers d'autres marchés plus rémunérateurs ? Impossible de savoir. En attendant, avec des volumes échangés très faibles, les cours rejoignent ceux de l'année dernière à pareille époque, effaçant la possibilité de retrouver tout ce qu'on laisse dans la hausse des charges ( aliments, engrais, fuel pour tracteur...)

Dans les deux cas, rien ne permet de prédire ce qui va se passer. Va t'on vers un mieux ou un cataclysme ? Si vraiment les Italiens finissent moins, nos animaux vifs vont continuer de baisser, il faudra bien en faire quelque chose et en les gardant, on mettra en marché des animaux finis au printemps, tous en même temps, après avoir du investir dans des aliments dont le prix ne baissera pas puisqu'il en faudra plus ... Bref, on peut perdre beaucoup car on sera contraint de changer de production. A l'inverse, les animaux qui ne seraient plus produits en Italie, peuvent créer une nouvelle demande pour compenser, donc peser à la hausse sur les cours... Ou au contraire, s'agit il que d'une grande manoeuvre pour acheter pendant quelques semaines, des animaux moins cher avant de revenir à des cours plus hauts pour finir de remplir les ateliers ?

Dans tous les cas, nous sommes ballottés comme des fétus de paille sous l'orage. Nous n'avons pas de prise sur ces marchés, qui conditionnent directement nos revenus et qui font peser les risques sur nous. Il n'y a rien de construit, rien qui soit géré, ni régulé... Impossible dans ces conditions de savoir ce qu'il faut faire pour l'avenir. Faut il investir et croire en l'avenir ? Faut il réduire encore la production pour réduire les coûts ?

Je suis impressionné par cette absence de gestion des marchés. Je suis surpris du comportement à très court terme des opérateurs, toujours plus opportunistes que prévoyants ! Je suis ébahis qu'on laisse ainsi un pan entier de l'économie agricole, qui génère deux milliards d'exedent commercial à la France ( ce qui n'est pas si courant aujourd'hui !) abandonné à lui même et sous influence directe d'événements mondiaux.

Il y a des solutions, j'y passe beaucoup de temps en ce moment. Mais elles n'auront d'effets qu'à moyen terme. Pour cela il nous faut faire des choix, il faut changer beaucoup de choses, il faut aller de l'avant et y croire. L'actualité, c'est le scepticisme, le conservatisme et le statu-quo... Personne en sait ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Cette absence de prise sur les événements est démotivante. Dans ces conditions, la reconduite de la PAC est elle la seule voie ? Sans doute, est elle indispensable pour franchir un nouveau cap, mais ne devient elle pas sc!érosante ? Quand je vois ce qui se passe dans le lait, je m'interroge. Parce qu'on nous donne des subventions, on nous paie moins cher nos produits. Où sont les frontières qui nous font passer sous nos coûts de production ? N'est ce pas un moyen de chantage ?

Pourtant, pendant ce temps là, sur les marchés mondiaux de la viande... Ailleurs dans le monde, avoir une agriculture debout semble être un vrai enjeu et les paysans sont reconnus !

 

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