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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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17 février 2013

Problèmes troupeau : jusqu'à la lie...

Décidément, cet hiver restera noir de noir... Pour les raisons de santé de proches d'abord, m'obligeant à assumer, ce qui est normal, beaucoup de choses dans la maison sur un temps qui devrait être un temps de repos et de détente.

Pour le temps ensuite qui nous a donné très peu de jours de soleil depuis 4 mois, ce qui influe inévitablement sur le moral ! Et plus encore sur la santé. Le pic de la grippe a été atteint ces jours-ci. Avec un temps aussi humide, les virus ont beau jeu de courir... Les animaux souffrent autant que nous . Les sols sont si détrempés que seuls les taureaux et 3 génisses se promènent dans les prés. En mettre plus exposeraient les parcelles à être défoncées, outre le confort relatif des animaux. Du coup, impossible de desserrer les lots dans les stabulations. Comme il a fallu rentrer tôt, le fumier monte ! Impossible jusqu'à maintenant de curer, imaginez ce que donnerait un épandeur chargé, pesant 8 ou 9 tonnes sur un pré détrempé.   

Plus la litière monte, plus il faut pailler avec cette humidité et plus on accélère la montée. La paille stockée dehors est très humide, ce qui n'arrange rien, j'en mets plus pour un résultat médiocre. Cela est très mauvais pour le confort sanitaire des veaux et j'ai payé... Je pensais avoir passé la galère avec la fin des vêlages catastrophiques des génisses. J'ai déjà évoqué une première galère de maladies sur les veaux... A peu près circonscrite, malgré un veau mort, j'ai eu la vache  qui avait refait le ventre. Une semaine de soins intensifs n'ont servi à rien. Difficile de garder le moral. Ensuite, un veau meurt sans raisons apparentes , l'autopsie démontre une congestion intestinale. Soit le veau a mangé n'importe quoi, soit il a bu de l'eau froide pour se soulager plus que de raison, soit... Le véto me dit qu'on a juste 3 ou 4 heures pour tenter d'enrayer en leur faisant un calmant, là c'était une nuit.

Et puis, ce temps pourri a provoqué le pire. Première alerte il y a 12 jours. La toux des broutards et laitonnes, sans conséquences pour eux, passe dans les veaux. Un veau qui malgré le strict respect du protocole ne semble pas au contraire des autres les jours d'avant aller mieux. Je pratique les mêmes règles d'emploi des antibiotiques que ce que préconise la sécu pour les humains. Pas question de piquer au hasard. Si un veau souffle, j'en fais juste en accompagnement de cortisone, en respectant l'ordonnance du véto à la lettre. En année normale, j'en ai 4 ou 5 maximum ! Des coups de froid généralement liés la plupart du temps à des veaux qui se couchent au courant d'air. L'année dernière, pendant toute la durée de la bise, pas un seul n'a posé ce problème, pourtant...

Donc, il y a une semaine, tout se complique. Alors que 2 ou 3 veaux prennent un coupo de froid que je parviens à soigner, l'état du suivant s'aggrave au fil des jours au lieu de s'améliorer. Je le montre au vétérinaire. J'évoque même une résistance à l'antibiotique. Mais il n'a pas d'alternative à me proposer. Nous augmentons les doses de cortisone, sans succés. La gelée à - 9° C dimanche dernier, provoque un oedème aigu sur un veau "tourné" qui est emmené en quelques heures. D'autres se mettent à battre ! La nuit suivante est horrible. L'image de ces veaux cherchant à respirer hante mon esprit. L'impuissance à soigner me pèse sur la poitrine ! Je vais dans les stabulations sans rien pouvoir faire. La lecture qui habituellement me ramène au sommeil n'a aucun effet, de plus je ne parviens pas à me concentrer... Le jour suivant, je suis assommé de fatigue et de désespoir. Chaque passage dans un lot me noue le ventre. Vais je en trouver un nouveau qui présente les mêmes symptômes ? Est ce que je suis encore compétent pour détecter suffisamment tôt les tous premiers symptômes qui me permettrait de soigner avec réussite ? J'ai des doutes sur tout et d'abord sur moi-même. Tout m'échappe!!!

Le véto passe dans l'après midi ! A nouveau, il ausculte, pique celui pour lequel nous avions monté les doses... Je lui en montre d'autres. Même interrogations ! Finalement, nous autopsions le veau mort la veille. Le verdict est immédiat dès que l'on ouvre la cage thoracique ! RS : je n'en ai jamais eu... Un virus est mortel  dans sa version agressive, imparable une fois la maladie déclarée. Très bizarrement, dès que le diagnostic est posé, une sorte de paix intérieure m'envahit. Je me l'explique pas. Sans doute est ce le fait de réaliser que je ne suis pour rien dans ce qui arrive ? Cette maladie semble très contagieuse. Je n'ai été dans aucun autre élevage, une seule personne extérieure est passée dans l'élevage. Se propageant dans l'air une fois présent, il trouve dans ce temps humide des conditions favorables pour se promener. Ce doit donc être cette non responsabilité qui d'un seul coup me libère un peu. De toute façon, je dois accepter ma situation. 

Le lendemain, je vaccine ! J'ai compris que les veaux sur lesquels la maladie s'est déclarée sont probablement perdus. Pourtant nous soignons. Ce qui me fera beaucoup réfléchir sur notre approche. Doit on pratiquer l'acharnement thérapeutique sur ce genre de problème ? Qui, du véto ou de l'éleveur, doit décider ? Puis je ensuite me le faire reprocher par mon véto qui tous les deux ans pratique un interrogatoire obligatoire très inquisitoire sur mes pratiques sanitaires ?  Plus que le prix des médicaments, est il utile de faire se disséminer des antibiotiques sur des animaux quasi condamnés ? Questions sans réponse immédiate. Mais cette semaine, c'est d'abord la souffrance des veaux en détresse respiratoire qui m'a marqué ! Je ne suis pas éleveur pour l'argent, j'avais trop mal pour eux. 

Le temps de protection des vaccins doit arriver. Le bilan est très lourd. Pourtant, avec un peu de recul, tout a été fait très très vite. Je pense que deux problèmes se sont cumulés. Une sorte de grippe liée au temps et le RS...  Le diagnostic a été posé en 24 h après le premier cas mortel, chapeau mon véto! Je n'allais tout de même pas faire faire une autopsie un dimanche ! C'est bien plus rapide que la semaine qui aurait été nécessaire s'il avait fallu les résultats d' analyses. La vaccination a été terminée 36 h toujours après le début du problème. J'ai réussi a éviter la forme grave dans la stabulation où il y a le plus de veaux... Je veux dire par là, qu'heureusement  j'ai plusieurs bâtiments ! J'ai aussi remarqué que c'est dans le seul bâtiment fermé que les cas ont été mortels... Mais c'est si facile à dire maintenant alors que j'avais l'impression que tout le troupeau était malade cette semaine. Si le temps avait été plus sec, j'aurai lâché des animaux pour diminuer la pression microbienne Je bois donc le calice juqu'à la lie cette année. Je vais prendre des décisions de gestion dans le troupeau dans les jours qui viennent. D' autres mesures s'imposent. Mes bâtiments adaptés il y 20 ans sont obsolètes. La paille mérite un meilleur stockage... Seulement cela veut dire des investissements ! A l'inverse, faut il diminuer le cheptel, surtout quand on voit comment fonctionne la filière viande ? Labourer plus pour profiter des cours des céréales ?

 

noir-et-couleur

 

Un rayon de soleil cette fin de semaine et il y a des retours de chaleurs dans tous les lots où cela est possible ! J'ai  bien subit  un accident sanitaire après un accident de casting de taureau... Mais la vie continue, le printemps arrive, dame nature ne s'arrête jamais !

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Commentaires
C
Pas drôle en effet et décourageant des fois... Mais des choses plus positives finiront bien par pointer de bout de leur nez...
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M
Si la culpabilité s'en mêle ce doit être encore plus terrible à vivre. Quel métier difficile! Grâce à vous quand je mange de la viande, j'ai une pensée non pas pour l'animal... mais pour celui qui l'a bichonné par une foultitude de travaux, de présence , de prévention, d'inquiétude, et j'ajouterais, à vous lire, d'amour du travail bien fait envers l'animal. Merci à vous
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Y
Dures épreuves avec, comme tu le décris, cette impression d'être démuni face à la mort. Ici, cela concerne les veaux mais c'est la même chose pour des humains. Et ce qui est tout aussi fort c'est la capacité à ne pas renoncer, la seule qui soit gagnante. Puis vient le temps des projets ....<br /> <br /> <br /> <br /> Bon courage !
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A
Je vous souhaite bon courage. J'espère surtout que le temps va s'améliorer que les terrains vont enfin sécher, l'humidité de cette année a du facilité la propagation du virus dans l'élevage.<br /> <br /> Sans faire de parallèle animaux humains .....nous vivons ici sur une zone humide et je n'ai jamais vu les microbes s'accrocher comme ils le font cette année. <br /> <br /> Le printemps va bientôt arriver, courage.
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L
Quelle angoisse. Je revis les miennes en lisant tes lignes ... Difficile de décrocher et avec le vivant, pas toujours facile de savoir quelle décision prendre : a-t-on fait le nécessaire, doit-on attendre encore et subir la météo incertaine ou agir maintenant au regrets de ne pas avoir attendu une amélioration éventuelle. Ce n'est qu'une fois les évènements passés qu'on sait si oui ou non la décision prise étaient bonne, et encore ... Finalement, tu as pris la bonne décision. Ton expérience t'aide et c'est une grande force même si sur le coup, tu as l'impression de "pédaler dans la semoule". Relis ton article au prochain coup dur. Tu réaliseras que tu maîtrises comme tu le peux la situation, même si elle est inconnue. Saleté de virus ...Pauvres petits. Aujourd'hui, ciel bleu magnifique et soleil, signe d'espérance. Courage !
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