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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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14 mars 2013

A la queue leu-leu...

Il est très probable que ce soit le dernier récit original de cette saison de vêlage ! Du moins, c'est ce que j'espère. Il reste ce soir moins de vêlages à faire que le nombre de doigts sur une main. C'est dire si...

La soirée d'hier mérite d'être contée. Imaginez PH en pyjama jetant un dernier coup d'oeil à la stabulation avec la caméra, juste avant de monter se coucher... L'écran s'allume sur la TNT. Il faut basculer sur entrée externe1 pour le connecter sur les caméras ! L'image s'affiche au bout de quelques secondes, le temps que la caméra chauffe. Sur l'écran, deux vaches sont couchées et ruminent ! Le balayage commence vers la gauche pour découvrir le reste de la case. Une vache est debout, de face, et une autre couchée avec...

Juste derrière, il y a un veau. Sur l'image, je distingue très bien qu'il est complètement enveloppé dans la poche qui a suivi au vêlage. Sans rien éteindre, je fonce dans la salle de bain. Le pyjama finit sur le carrelage, j'enfile, sans rien boutonner, la tenue de travail... Il gèle dehors, je ne peux pas traverser sans un minimum de vêtements. La veste est jetée sur les épaules sans être enfilée, les bottes chaussées sans plier les bas de pantalon. Il faut foncer sans perdre de temps, attraper la lampe électrique et traverser la cour en courant le plus vite possible. Je ne crois guère au résultat mais je dois tenter. Je ralentie en arrivant devant la barrière. La vache est toujours couchée, le veau gît dans la poche. Un instant, je distingue un infime mouvement de la tête. Il peut être encore vivant. Je ne peux pas vous dire si je saute par dessus la barrière ou si je l'ouvre sans la refermer. Je sais que chaque seconde compte. Je vais si vite que la mère affolée se relève d'un coup mais heureusement je suis déjà sur le veau. Mon doigt perfore la poche au niveau de la tête et l'arrache. En se relevant, je voie le cordon se rompre, heureusement il était resté intact et au même moment, sous les doigts, le veau aspire sa première bouffée d'air. Il hoquette un peu et tousse pour chasser le liquide restant dans les bronches. Je sais qu'il est sauvé et surtout, que pour la première fois depuis quelques temps, j'ai de la chance, beaucoup de chance. Je pars chercher la seringue pour la piqure septicémie et le désinfectant pour le cordon. En revenant, deux vaches s'affairent à lécher le bébé. Ce comportement d'une vache n'ayant pas mis bas est caractéristique d'un vêlage très proche. Je tire le veau vers la case. La vraie mère s'arrête avaler le reste de la poche tandis que la fausse mère me suit. Je dois feinter pour arriver enfin à mettre la bonne mère avec le veau dans la case. Je repasse derrière l'autre vache. Aucun signe visible, juste ce comportement qui trahit les signes avant-coureurs de son vêlage. 

Je ré-enfile le pyjama et je monte me coucher. Je règle le réveil sur 1 heure du matin. Je m'assoupie sans avoir la sensation de dormir. Il en va ainsi lorsqu'une vache est en phase de vêlage. Je suis fébrile. Au bout de trois quart d'heure ou une heure, j'allume la télé et je connecte la caméra. Distinctement, il y a un nouveau veau. Une vache s'active à le lécher mais elle est couchée, dos vers la barrière et je ne peux pas voir ce qui se passe. Par contre, entre deux coups de langue, elle a des contractions. Cela n'est pas normal ! A nouveau, je sors en trombe du lit, de la chambre, à la grande surprise de Mme PH à qui j'ai juste le temps de luii souffler " une deuxième..." A nouveau, j'enfile la tenue de travail dans les mêmes conditions qu'une heure plus tôt, retraverse la cour à la même vitesse. En arrivant à la stabulation, le veau est léché par deux vaches. C'est tout de même incroyable. La mère n'a pas fait le ventre ce que je craignais en voyant une vache forcer. L'explication est plus positive, derrière la fausse mère qui léche le nouveau-né, je découvre une magnifique poche des pattes. J'ai donc un troisième vêlage en route. Je n'ai pas de case libre dans la stabulation, je décide donc de remonter la troisième vache dans une case de vêlage dans le bâtiment du haut. Je vais mettre un tracteur pour faire barrage et redescend chercher la vache. Le veau est debout, mais comme la fausse mère est plus forte que la vraie, elle s'est imposée et se positionne pour faire téter le veau, la poche pendant toujours derrière. Il faut que je la sorte de la case pour que la vraie mère puisse s'occuper de son fiston. Les autres vaches de la case, peu nombreuses sont indifférentes à la situation. Mais pour sortir la fausse mère, il faut la séparer du rejeton. Elle le considère comme le sien et est prête à le défendre. Je saisie une fourche pour me protéger. Je ne la frappe pas mais je l'agite pour la séparer et la repousser vers la barrière entrouverte... J'arrive enfin à faire ce que je voulais et je la remonte dans la case ouverte. Je pique et désinfecte le veau que la mère lèche en paix. 

Impossible de prévoir le moment du troisième vêlage. Je retourne me changer et me coucher. Cette fois, je suis plus réveillé et je traîne un peu avant de monter. Rien de plus à la caméra avant de monter. Je m'étends sur le lit. Je n'arrive pas à dormir. Au bout d'un bon quart d'heure, je regarde à nouveau la télé "vaches". De loin, j'aperçois deux pattes qui dépassent. Pour la troisième fois, je retourne enfiler la tenue de travail en urgence. Quand j'arrive dans la stabulation, la tête est déjà sortie. Je passe dans la case pour aider la mère. A mains nues, j'essaye de tirer, sans succès, car je ne peux saisir les pattes sans qu'elles glissent de mes mains, dès que je tire... Je file chercher les liasses de vêlage que je passe mais je n'ai pas plus de succès en tirant. Je me décide à aller chercher la véleuse et tandis que j'ai le dos tourné, j'entends un grand flop. Le veau est tombé tout seul de la mère qui s'était relevée... En bougeant, il s'est décoincé tout seul ! Je n'ai plus qu'à récupérer les liasses, faire la piqûre et désinfecter le cordon.

Je rentre à la maison. Perception à nouveau du pyjama et direction le lit, non sans avoir mis en route une dernière fois la caméra. En bas, le premier veau tête... Le second est debout et semble à la recherche du pis. Quand au troisième, il est sous les coups de langue de la mère... Une fois au lit, je regarde le réveil, il est une heure moins dix. Je le désactive pour 1 h mais garde la seconde alarme pour 6 heures. En effet, j'ai une réunion qui m'oblige à commencer au lever du soleil... 

Trois vélages à la queue leu-leu, avec deux fois des mères qui croient que ... Pas banale cette fin de saison !

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Commentaires
Y
Tu dois avoir un pyjama de sportif !! ;o)<br /> <br /> <br /> <br /> Rôle très important de cette surveillance vidéo ! <br /> <br /> Et belle retranscription du comportement des nouvelles/futures mères.
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M
Bravo !!<br /> <br /> :-)
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G
la vache ! ! quelle nuit !
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G
Pour l'avoir vecu c'est tellement vrai et certains nous diront que paysan c'est de la rigolade!!!!!
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B
Tu devrais t'installer un lit de camp tout près de l'étable !! Belle maternité ! j'adore ces récits !
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