Corydalis solida, avec une semaine de retard

Les fleurs de Cornus sont en pleine forme cette année :

Je n'ai rien dit aux employés territoriaux lorsqu'ils sont venus curer le fossé du chemin cet hiver, mais j'y ai pensé... Ils m'auraient sans doute regardé avec des yeux tout rond si je leur avais dit qu'une plante protégée pousse sur les accotements du chemin communal. Le mieux , pour les préserver, est de ne rien dire et de laisser faire dame nature !

                    

En réalité, en améliorant la circulation de l'eau, la plante s'est développée sur le haut de l'accotement ! Si on avait demandé des tonnes d'avis de spécialistes, le fossé en serait pas fait et la population de corydalis serait moins importante. Plus loin, elle poursuit sa progression ! Non seulement elle prospère mais elle a même traversé le chemin et descend aussi vers le soir. Comment se déplace t'elle ainsi en saut de puces de plusieurs mètres ? Qui transporte les graines ? En attendant, je suis certain que les abeilles de Dom font le travail de fécondation. Elles habitent à 50 m de la plus grosse population...

                             

Interrogé il y a peu sur ma perception de la bio diversité sur ma ferme, j'ai repensé en particulier à ces fleurs ( et à des tas d'autres choses ) que Cornus m'a fait découvrir. J'ai ajouté qu'elles sont la preuve que nous ne faisons pas forcément n'importe quoi comme certains le pensent. Et que pour que cette bio-diversité soit préservée, qu'il fallait aussi nous faire confiance...

            

Enfin dernière constation de cette année liée à cette floraison : Nous avons une semaine de retard par rapport aux deux dernières années ! Prochain marqueur "nature" : le muguet !

Comments

[Isabelle]

Je viens par içi très régulièrement... De la corydale jaune s'est naturalisée chez nous (tout au sud de l'Alsace) depuis quelques années, sans doute passagère clandestine dans un pot donné par un ami et qui contenait tout autre chose. Elle n'est pas encore en fleurs, mais les boutons sont là.Depuis le 3 avril je scrute tous les jours le coin du muguet, et rien... Jusqu'à ce soir où il semble avoir littéralement jaillit de terre! Sans doute les températures quasi estivales depuis dimanche dernier. A bientôt

[dorigord]

Un ami a acheté une maison avec un grand terrain et bois pour y faire du maraichage, il y a plus de 20 ans. Il y avait un pré sans plantes particulières. Il l'a retourné pour y mettre surtout des ail et oignons. Quand il a arrêté le maraichage car sa terre ne pouvait pas les faire vivre, le pré est retourné en prairie naturellement, seuls les chevaux y pâturaient, il a eu la grande surprise de voir apparaitre un grand nombre d'orchidées sauvages différentes.

Cette expérience corrobore ce que tu dis, Cornus

[Cornus]

Ah, on parle de moi ;-)

En fait, cette espèce n'est pas protégée. Elle est assez rare en Bourgogne en général, mais plus rare si l'on regarde à une échelle plus restreinte, en particulier dans cette partie de la Saône-et-Loire, car elle affectionne les terrains davantage calcaires. Or, c'est assez peu calcaire dans le coin, d'où l'intérêt de telles stations, qui présentent peut-être des caractères génétiques différents et originaux, donc intéressants.

On trouve encore beaucoup de choses très intéressantes le long des routes et chemins de Bourgogne et il faut en effet se méfier de certains donneurs de leçons ou de faux spécialistes qui fustigent certaines interventions et qui méconnaissent complètement la biologie et l'écologie des espèces végétales concernées. Il importe, de temps en temps, de faire des interventions plus "musclées" pour "rénover" le milieux et permettre l'expression ou le retour de plantes pionnières, qui sont par la suite étouffées par des espèces sociales plus compétitrices. Voilà mon avis, vu de loin, mais sans avoir vu de près, il y a des choses que l'on "sent". Mais sans doute, ne suis-je pas un spécialiste ?

Sinon, la Corydalis solida est une géophyte (plante à bulbe, plus précisément à tubercule) et il est logique que si on déplace la terre sans tout broyer menu, elle se maintiennent voire se développe compte tenu de ce que j'ai dit plus haut. Sinon, elle a pu traverser le chemin grâce aux fourmis, car les graines sont disséminées par elles : on dit que la plante est myrmécochore.

[YMDS]

Belle observation !

Cela démontre, s'il en est encore besoin, qu'il est essentiel d'impliquer les acteurs locaux dans la protection de la nature, protection pragmatique.