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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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29 juillet 2013

Communication avec Ado européens : Un exercice complexe. 1. la forme

Ce matin, je me suis livré à un exercice inédit et passionnant. J'ai été contacté, il y a 6 mois, par une amie professeur qui organise avec d'autres professeurs, dans le cadre de jumelage entre villes européennes, une rencontre annuelle de jeunes ados. Le thème, cette année, était la découverte sur le terrain de l'utilisation des fonds européens.

Bien évidement, l'agriculture, la seule politique réellement européenne est au coeur du sujet. La commande était complexe : " Essaye de montrer les effets de la PAC sur ta ferme et plus généralement sur la région ! Ton public, environ 25 jeunes lycéens et 6 professeurs, d'origine citadine, venant d'Angleterre, d' Allemagne et de France ! " En acceptant le défi, je me disais que les choses allaient se décanter dans ma tête. Je me suis interdit un plan tout fait afin de garder quelque liberté de parole en tentant de m'adapter au public. J'espérais sentir les points d'accroche, je ne voulais pas être prisonnier d'un cours magistral, ils sont en vacances tout de même...

Je voulais rendre la rencontre conviviale, montrer que j'étais content de les recevoir. J'ai donc acheté quelques gâteaux, chips et autres cacahuètes arrosés de soda complétés de bouteilles d'eau... Comme je stocke du foin aux endroits habituellement libres d'animaux à cette saison, j'ai du, en vitesse, nettoyer un peu l'emplacement du hangar où je loge la moissonneuse. La météo étant trop incertaine pour prendre le risque de s'installer dehors. J'avais disposé des fauteuils de jardin. L' expérience m'a appris qu'une assemblée, si petite soit elle, est vite dissipée si elle reste debout. Le confort ne nuit pas à l'écoute, même si trop de confort conduit au sommeil...

J'avais rassuré par mail la semaine dernière les organisateurs. Le car tournerait sans problème dans la cour. Je ne l'ai pas dit, mais des camions de bestiaux, d'aliment voir des semi-remorques viennent régulièrement. Aucun souci donc pour la logistique transport. Seul le respect des règles de conduite, donc des coupures du chauffeur, suite à une soirée plus tardive que prévue hier soir a retardé l'arrivée. 

La première chose qui m'a marqué lorsque les jeunes sont descendus, c'est que j'étais incapable de discerner les pays d'origine. Même codes vestimentaires, même apparence... Les jeunes européens se ressemblent tous sauf par la langue pratiquée. Mais comme ils ne parlent pas beaucoup, impossible de savoir qui est qui. Je ne suis pas surpris puisque j'ai voyagé dans chacun des pays concernés. Le seconde chose qui m'a sauté aux yeux, la plupart avaient une ou deux oreillettes vissées aux oreilles. Nos footeux ont fait des émules, la comparaison était saisissante à la descente du car. Je me suis dès lors posé la question de l'intérêt et de la motivation réels de ces jeunes qui semblaient ainsi vouloir prolonger leur monde jusque dans ma cour de ferme. Comment faire si certains les gardaient pendant mon intervention ? Mais cela n'a pas que des côtés négatifs, j'ai remarqué alors que tout le monde prenait le temps de se mettre en place, que les jeunes s'échangeaient des morceaux. La musique est donc source de contacts internationaux. Pour casser leur code et imposer un peu le mien, après tout je suis chez moi, j'ai décidé, à leur grande surprise, de serrer la main de chacun pour souhaiter la bienvenue. En français, bien sûr...

 

                       DSC07457

Là, côté forme on touche un problème majeur. La langue ! Je suis le pur produit de l'échec institutionnel de l'enseignement des langues en France. Je ne débaille pas un mot d'anglais. C'est tragique et énorme de conséquences. J'en souffre beaucoup, plusieurs fois par an. Je suis amené, par ailleurs, à rencontrer des délégations d'éleveurs ou de chercheurs d'autres pays qui viennent dans notre région ! A chaque fois, le passage obligé par un inteprête, me prive d'une valeur fondamentale à mes yeux : Le contact direct. Encore ce matin, lorsque je parlais, je m'adressais d'abord à l'interprête, vérifiant sur son visage qu'il m'ait bien compris et non à mes vrais interlocuteurs, à savoir les jeunes. J'ai l'impression d'un filtre mis en nous. Cela sans renier ni minorer en rien le travail remarquable de la transcription dans une autre langue. Toute petite satisfaction aujourd'hui, j'ai compris une petite diversion d'une traduction en anglais et j'ai pu préciser les choses... En français, à l'interprête ! 

Dans la family PH, je suis le seul qui ne soit pas bilingue. Mme PH, mes trois enfants parlent couramment au moins l'anglais. Avec mon épouse, nous avons toujours considéré qu'il y avait , dans l'acquisition de l'anglais, un enjeu majeur d'éducation. Nous avons toujours trouvé des solutions pour des échanges linguistiques; parfois onéreuses. Quelle richesse de recevoir pendant un mois des jeunes, suédois, finlandais, anglais ou américains chez nous ! Je me souviens que pour le californien, en particulier, cet échange avait transformé sa vision de la France. Mais à chaque fois, ma nullité en anglais m'a privé d'un vrai échange !  Je ne fais aucun reproche à mes parents A l'époque, déjà interne toute l'année, je n'aurai pas conçu de devoir abandonner les travaux de la ferme d'été, où j'avais toute ma place, pour aller m'immerger dans un autre pays pendant au moins un mois. Avec l'âge, je me rends compte que mon impatience à me retrouver sur la ferme a été une erreur majeure. Je n'ai donc jamais hésiter une seconde pour mes enfants, jamais je ne ferai passer la ferme avant leur éducation J'en veux au système éducatif, incapable de former réellement et à certains intégristes français qui croient nous protéger de l'anglophonie en nous privant de l'acquisition de cette langue. Heureusement, les choses changent, lentement, mais sûrement... Le problème est encore plus crucial pour d'autres professions, comme les commerçants ici ! Comment la première destination touristique de la planète peut elle le rester si on reste le seul endroit au monde où les transports, les commerces voir une majorité de sites touristiques ne sont accessibles que dans notre langue ? Ma toute petite expérience de relations avec des étrangers me laisse penser qu'on défend mille fois mieux nos valeurs en étant capable de se faire comprendre !!!! 

Que dire de plus sur la forme de cette rencontre ?

Si, que j'ai été surpris plusieurs fois, alors que je sentais l'attention se relâcher quelques secondes plus tôt, le temps que je m'exprime en français, du silence qui s'imposait, lors de la séquence anglaise. J'ose espérer qu'il s'agissait là de l'intérêt porté aux propos. Mêler l'anecdoque au fond pour raccrocher l'attention, là encore, dommage que cela n'ait pas pu se faire en direct...

Enfin, j'en reviens au comportement des jeunes et à mon petit buffet sommaire. Lorsque l'entretien s'est terminé, ils se sont approchés. J'ai laissé faire sans rien dire, sans contrôler non plus. Lorsque je suis retourné ranger après leur départ, je n'ai retrouvé que les deux bouteilles d'eau, intactes, et un tout petit reste de pain d'épice... J'ai alors repensé aux soirées qu'organisaient mes enfants. Là encore, les jeunes de tous pays européens se ressemblent vraiment. Dans le meilleur et dans le pire. J'ai cru comprendre que comme chez nous, l'alcool est un vrai enjeu le soir, une vraie angoisse pour les accompagnants. Il parait même que les filles en sont pas les dernières.... De quoi faire réfléchir ceux qui entretiennent le discours de prétendues différences entre pays, au moins chez les plus jeunes....  

 

                   DSC07466

 

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Commentaires
C
Je suis hélas nul en anglais, ce qui me pose des soucis en tant que scientifique. J'arrive tant bien que mal à déchiffrer les textes, mais comprendre et parler anglais m'est d'une extrême difficulté. Peut-être que je suis nul et que je ne veux plus faire d'efforts, mais il est clair que l'enseignement des langues est plutôt mauvais en France, ce qui explique que nous sommes aussi nombreux à avoir un aussi piètre niveau. Cela ne devrait pourtant pas être une fatalité, mais je constate que l'éducation nationale n'a pas encore pris les choses au sérieux pour inverser la tendance.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de l'apparence physique, vestimentaire et culturelle des jeunes Européens, j'ai fait depuis longtemps le même constat. D'ailleurs, c'est une certaine forme de modèle anglo-saxon qui s'est imposé partout.
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O
Les enseignements d'allemand et d'anglais que j'ai reçus au collège et au lycée ont réussi à me donner la phobie de l'apprentissage des langues. Pour communiquer avec nous, l'enseignant utilisait une langue qu'on ne connaissait pas, puisque c'était celle qu'on devait apprendre. Mais comment apprendre si on ne comprend pas ce que dit l'enseignant !!! Ce fût une catastrophe. Je ne savais même pas à quelle page ouvrir mon livre car l'enseignant nous donnait cette information dans une langue qui m'était, pour le coup, étrangère. Aujourd’hui, je parviens à lire et écrire l'anglais, indispensable pour mon métier de chercheur, mais je fais toujours un blocage à l'oral. Je me demande quand les gens comprendrons qu'il n'y a pas de méthode d'enseignement qui marche pour tout le monde, quelle que soit la matière, et qu'il faut adapter les pratiques et stratégies pédagogiques au profils des apprenants.
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P
Je retiens l'idée de la bétaillère quand on ne tient plus dans le C15 ! Même si cela va faire frémir d'horreur les stafs parisiens auxquels il sera impossible de faire comprendre que cela n'est pas plus risqué et même plus respectueux de l'humain en terme d'espace que le métro ! <br /> <br /> Pour l'anglais, Mme PH m'a proposé, aprsè leture de ce billet, un stage d'immersion en anglais ensemble à notre retraite ! La connaissant, même sur l’oreiller...:-)
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Y
Super sympa cette rencontre. Bravo pour ton engagement !<br /> <br /> <br /> <br /> Dans le cadre de chantiers internationaux de jeunes, nous avions organisé une soirée chez un éleveur avec découverte de la ferme. Transport du chantier vers la ferme en bétaillère, approche du taureau et dégustation de trousse-pinette ont marqué les grands ados (recueil des faits marquants). Tout de même des discussions/questions concernant la ferme lors de la visite, certains jeunes étant eux-mêmes de la campagne.<br /> <br /> Comme tu le dis, la langue anglaise est obligatoire. Et elle peut s'apprendre à tout âge ! Faut juste trouver le moyen adapté (actuellement avec Internet et le téléphone, c'est efficace pour les adultes) et se dégager le temps pour travailler sérieusement.
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