"Immortelle randonnée"

J'ai brûlé la file des livres me restant à lire suite aux cadeaux de Noël ( une bonne dizaine !) . Mme PH m'a offert, pour ma fête, le dernier ouvrage de Mr Jean Christophe Rufin " Immortelle randonnée". Je crois qu'elle n'a pas hésité une seule seconde en le voyant sur les présentoirs pour deux raisons. La première, je vais en parler plus loin ! La seconde tient à l'intérêt porté au "grand Coeur" donc à l'auteur.

La tentation de faire une entorse aux grands principes était si forte que j'ai du cacher le bouquin sous une pile. En effet, je me discipline à ne lire un livre qu'une fois celui entamé terminé. Un seul à la fois. Je fais une entorse à cette règle en vous relatant ici ces lectures dans le désordre. Mais l'enthousiasme me rend gamin !

La lecture m'a posé quelques soucis. D'habitude, en cas d'insomnie, une vingtaine de pages me renvoient dans les bras de Morphée. Là, c'est tout le contraire ! Sur le fond, il est conforme à ce que j'attendais. Ce n'est pas une description stricte du chemin de Saint Jacques de Compostelle, des maux et des bonheurs de la marche, mais le cheminement de l'âme ! Pas de notes prises chaque soir, mais le souvenir qui trie les ressentis. Ce n'est pas un livre religieux du tout mais la découverte de la vraie liberté et du "moi" profond donc religieux tout de même. Je m'arrête là, seule la lecture... Je suis sûr qu'il vous pas décevra pas.

Mais la raison principale de mon intérêt tient au sujet ! J'ai un rêve au fond de moi, depuis plusieurs années, suite à des épreuves personnelles : Faire le chemin! J'en ai déjà beaucoup parlé à Mme PH. Impossible de laisser la ferme, deux mois au moins, pour le moment. Mais à la retraite. Je ne sais pas si mes problèmes physiques ( suites accident) me le permettront mais j'y pense souvent. Je n'envisageais pas de le faire, comme le font des amis, par tronçons chaque année, mais dans sa totalité, d'une traite. Je me posais la question du point de départ, un point fondamental d'après Mr Rufin, étant presqu'à équidistance de Vezelay et du Puy. L'attrait "touristique" du chemin en aveyron et lot me faisait pencher pour le Puy mais ce sera depuis ma maison puisque que le GR qui passe derrière permet de rejoindre le chemin venant de Vezelay à 20 km !

Avant de partir, j'irai rencontrer un ancien collègue et voisin, que j'ai toujours apprécié même si je l'ai peu fréquenté, qui a pris sa retraite dans les monts du charolais et qui a fait le chemin. Entre paysans, nous nous comprendrons. Nous partirons avec un appareil photo, sans cahier et peut être sans téléphone. Plus je découvre au jour le jour mon domaine naturel, plus cet appel est fort.

Je pense que vous comprenez mieux pourquoi ce livre m'a tant fait rêver ! Le hasard m'a fait tomber sur ce lien ( à durée de vie limitée malheureusement) qui m'interroge beaucoup : Notre société se cherche beaucoup, "on a une perte d'identité" ! N'aurait on pas besoin de faire un bout de chemin collectif ? Non pas en marchant tous, mais en prenant un vrai temps de réflexion et d'analyse, en posant nos quotidiens et ce que l' on croit être nos droits acquis à l'entrée des salles de réunions !

Comments

[alexlagri]

Pour l'avoir fait, il y a 11 ans maintenant, et c'est sans doute l'origine de ma reconversion dans l'agriculture, je ne peux que te conseiller aussi ce chemin qui m'a mené à un certain bonheur spirituel et donc l'écho résonne encore en moi presque chaque jour.

[praygil]

Dans ce billet, vous parlez d'un ancien collègue retiré dans les monts du Charolais,

J'ai peur de reconnaitre un habitant de Suin , décédé l'an dernier .

[aln03]

J.C.Ruffin , je le connaîs depuis son livre Rouge Désir et je pense que je lirai celui-ci.

Jean Lassale , je l'admire avec le moyen qu'il a choisi pour rencontrer les autres.

Ce chemin ne restera sûrement qu'un rêve pour moi .

Bravo pour cet article

[YMDS]

Plein de gens se lancent dans ce périple. Effectivement cela doit bien correspondre à quelque chose.

Lors d'une rando récente, hébergement dans un village qui est sur le chemin de Compostelle -> rencontre avec une jeune Danoise qui faisait "le" chemin. Ne parlait pas le français et n'avait pas de carte mais cela ne nous a pas empêché de discuter (en anglais et avec la gestuelle) et de sympathiser. C'est ça aussi le chemin, des journées de marche sans voir personne et des rencontres lors des étapes.

Perso, je sais qu'il existe un tas d'autres chemins tout aussi forts et enrichissants sans l'aspect un peu moutonnier de celui de St-Jacques, mais chacun son truc.

[marieswiss]

Belle idée que ce cheminement au fil des jours en apprenant qu'on peut tout simplement, par exemple, marcher de mille façons pour reposer un coté de pied ou le mollet ou..., que le nécessaire n'est pas l'indispensable, et faire de belles rencontres mais d'autres un peu insignifiantes qu'il faut savoir mettre de coté. L'idée de partir avec quelqu'un d'autre est peut être ce qui correspond à ta propre recherche mais je peux t'affirmer que partir seul permet plus facilement les rencontres car on est plus ouvert totalement aux autres plutôt qu'orienté au moins pour une bonne part vers le comparse. Personnellement ce fut ma démarche et je m'en suis toujours remerciée (bien sûr il faut parfois se faire des compliments, non?). J'ajoute que je n'ai jamais voulu connaitre les professions des gens rencontrés cela met sur un pied d'égalité certain et donc jamais je n'ai dévoilé ma profession même si parfois j'ai eu le regard professionnel dans quelques cas. Bueno Camino dès à présent. Il se vit à l'avance aussi!!!