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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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22 octobre 2013

Ecotaxe vue par un paysan...

On en parle alors j'en parle (en attendant qu'il fasse jour pour aller travailler)...

8 % de plus sur les coûts de transport de tout ce que j'achète pour la ferme si les marchandises ne prennent pas les départementales ! Bref une taxe de plus, encore et toujours. A priori, des sommes assez restreintes, puisqu'on estime ici, le transport à moins de 10 % de mon prix d'achat depuis que le prix des matières premières ( aliments, engrais, carburant tracteurs...) a fortement augmenté. Le problème, c'est le cumul qui fait que loin de tout, le coût de production est toujours en hausse. Le coût de transport, si j' habitais près d'un port, serait divisé par 3 ou 4. Donc plus on est loin de la mer, d'un canal à grand gabarit ou d'une raffinerie, plus on est pénalisé. Je perçois l'écotaxe, en ce sens, comme une nouvelle pompe à fric venant grever ma marge.

Les 8 % s'appliquent également sur le transport des ventes de la ferme. Je ne vends pas un produit fini, prêt à mettre en rayon sur lequel je contrôlerai éventuellement le prix auquel il vous serait vendu. L'expérience prouve que dans ces cas là, les intermédiaires, sur pression des grandes surfaces, répercutent vers l'amont, donc sur nous, toutes les taxes indirectes. C'est pourquoi les bretons ont réagi vigoureusement la semaine dernière. Par les coopératives, ils contrôlent, plus que nous, le circuit des artichaux et autres produits agricoles et ont compris que cette taxe allait les pénaliser de part leur éloignement géographique. De plus, à part l'avion, les produits frais n'ont pas mille façons d'être transportés.

Je vous fait remarquer au passage, que tout le monde essaye de répercuter au travers des prix, ce genre de taxes sur les autres ! Il n'y a pas de transparence en la matière. Au final, c'est le maillon faible qui paie et surtout, le plus souvent le consommateur final, sans le savoir. C'est très pratique pour les politiques, bien moins voyant qu'une hausse de la TVA par exemple. C'est donc une taxe indirecte qui nous concerne tous...

Pour ou contre ? C'est à chacun de juger. Je pourrai comprendre le sens d'une telle taxe si nous avions des solutions de transport alternatives. Pas si simple dans nos campagnes profondes où le "camion" est le seul moyen d'approvisionnement et d'écoulement de nos produits. Une nouvelle fois, en partant d'une bonne intention, on pourrait arriver à un résultat inverse de celui recherché, du style de "plus tu es loin de tout, plus tu paies"... J'ai de plus en plus l'impression que la ruralité n'intéresse personne sauf à servir de base imposable. Et que l'on culpabilise, en utilisant différents arguments (justice sociale, environnement...), pour mieux taxer.

Taxe de trop ? Je ne sais pas, mais produire devient de plus en plus compliqué. Par exemple, les taxes locales (foncières) de ma ferme, qui n'a pas changé de taille depuis l'installation de mon père, ont augmenté de 62.5 % en 10 ans. Elles représentent plus de 10 % des subventions touchées par la ferme, subventions qui, elles, sont stables depuis 10 ans !!! On te donne, on te reprends au gré de politiques incompréhensibles. C'est le sentiment que nous ressentons. Au final, on a l'impression d'être dans un étau qu'on ne maîtrise pas ! Cela ne donne pas envie de se lancer, d'investir et de travailler. En écoutant autour de moi, j'ai le sentiment que beaucoup d'entrepreneurs (pas qu'agricoles) ont ce même sentiment ! Il faudrait que nos énarques comprennent qu'à un moment, trop de prélévements décourage...

                           chemin

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Commentaires
M
Je pense que beaucoup de gens seraient prêts à venir à la campagne, où la vie est plus agréable et où il est plus facile de se loger…à condition d’y trouver du travail.<br /> <br /> A Plancy, une petite usine qui fabriquait du matériel médical est fermée. Est-ce pour cela qu’il y a un très grand nombre de maisons à vendre (dans une rue il y en a une sur trois) et qu’elles sont invendables ?
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P
Comme le fait remarquer Olivier plus haut, un des non-dits est que ce n'est pas le transport longue distance qui coûte le plus cher, mais les "derniers km". C'est ce qui fait que faire venir des tomates d'Espagne n'est pas forcément un mauvais deal sur le plan des émissions de CO2, puisque les Espagnols ont moins besoin que nous de faire chauffer leurs serres. Et il n'y a pas que la consommation de gasoil: il y a aussi un type qui conduit le camion, il ne fait pas ça gratuitement, il faut qu'il mange lui aussi. <br /> <br /> <br /> <br /> Comme c'est un non-dit, on se retrouve avec tous les gens qui travaillent en circuit court qui protestent: ils pensaient agir de façon à éviter les taxes énergétiques à l'avenir. C'est renforcé par le fait qu'il n'y a pas d'alternative au pétrole dans les transports, et particulièrement dans les transports lourds comme les camions!
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P
Merci du rappel de cours d'économie ! Même si c'est trop raccourci, le maillon faible est plus facile à comprendre...<br /> <br /> Pour ce qui est des charges patronales et salariales, concrètement, la différenciation ne sert elle pas d'abord à gérer les rapports de force au sein des conseils d'administration des caisses ? <br /> <br /> Merci pour les liens, très intéressants...
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T
Vous avez parfaitement raison de souligner que cette taxe sera répercutée sur les producteurs. Mais pas parce qu'ils sont le "maillon faible" mais parce l'offre est inélastique.<br /> <br /> <br /> <br /> La répercussion se fait en effet toujours du côté inélastique du marché. Il s'agit là du principe fondamental de la théorie de l'incidence, si mal comprise même par les étudiants en Economie...<br /> <br /> <br /> <br /> On peut montrer ainsi que la TVA pèse intégralement sur les consomateurs, que la distinction entre charges sociales patronales et salariales est dépourvue de toute signification, etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour plus de détails, voici quelques liens très pédagogiques :<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.ecopublix.eu/2007/09/qui-paie-les-impts.html<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.ecopublix.eu/2007/11/qui-paie-vraiment-les-cotisations.html<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.ecopublix.eu/2008/02/qui-paie-la-tva.html
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O
Depuis ma vie de tous les jours, d'enseignant chercheur et de promeneur photographe de la campagne, je vois ça de loin, mais j'ai l'impression que ce sont les transports sur de très longues distance, depuis la Chine par exemple, qu'il faudrait taxer pour favoriser les productions locales. Mais si quelque chose d'important ne peut être produit localement, c'est injuste de la taxer.
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