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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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22 décembre 2013

Dictionnaire pour saisie, l'important est ailleurs...

J'ai étrenné la vêleuse pour la première fois de la saison mercredi soir. Plus par acquis de conscience que pour un vêlage réellement difficile. Un mâle, sur une génisse. Seul le passage de la tête s'est fait sous tension des cordes, ensuite le veau a glissé tout seul ou presque et je l'ai rattrapé de justesse... J'étais partagé entre le plaisir de retrouver les sensations que créent l'acte et l'appréhension que l'on ressent toujours en passant la main. Est ce une bonne présentation ? Est ce que le passage est suffisant ? Les pattes s'allongent bien, donc... Bref un vêlage de mise en route, à la onzième naissance de ce début d'hiver...

Jeudi soir, la génisse qui va vêler est sur la défensive ! Cette fois, j'apprécie le système de contention avec la cage dite de césarienne qui me sert maintenant lors des vêlages plus compliqués. C'est nettement plus agréable et bien moins risqué que de jouer du lasso avec une corde. Le veau est gros, les pattes sont impressionnantes. Je dois aller le chercher un peu plus loin. Je glisse une corde à la première patte juste devant le bassin. Il me faut plusieurs essais pour passer la seconde qui est dans le bassin. Manque de place. De plus, la génisse se défend au lieu de pousser. Elle est craintive et cela retarde tout. Autant celle de la veille l'aurait fait toute seule si je l'avais laissé, autant pour celle-ci, c'est moins évident. Là, la question de l'engager peut se poser. Quand c'est comme cela, je m'arcqueboute et je tire sur le liens sans vêleuse. Les pattes avancent un peu mais les épaules n'ont pas passé le bassin. La tête semble plus engagée.

Je n'hésite pas, je vais me servir de la vêleuse sans forcer pour voir si le veau s'allonge... La question de savoir ce qu'il faut faire ne se pose pas longtemps. Je tire, fais levier vers le bas et je sens que les épaules sont passées. Je n'ai plus le choix. La tête butte sur la vulve qui n'est pas dilatée. De petits mouvements avec la vêleuse accompagnent les efforts de la mère. Ne jamais exercer une tension constante mais suivre les contractions en amplifiant le mouvement à chaque fois... Un bout de naseau apparaît. Je glisse mon doigt pour masser et j'en profite pour enlever le bout de poche qui traîne sur le nez. Plus tard, cela pourrait être gênant lorsque le veau va prendre son souffle. Encore des efforts, et les yeux apparaissent ! Je contrôle toujours la pression, la forme de la tête en coin fait le passage ! C'est naturel et plus j'utilise le mouvement moins je risque de déchirer la jeune mère... D'un seul coup, je suis souvent surpris car je crois toujours que ça coince encore un peu, les deux oreilles passent et surgissent dans un râle la vache. La contraction a été plus violente que les autres et la tête est entièrement éjectée, toujours posée sur les deux pattes du veau. Maintenant, je tire ou plutôt je mouline la vêleuse ! C'est sportif, le veau semble glisser lentement sans que j'ai l'impression de tirer très fort. Il faut avancer le plus vite possible car la prochaine difficulté sera le passage du train arrière dans le bassin de la mère. Il faut que les liens restent tendus. Ça y est, ça butte ! Le veau est au trois quart sorti et pend ( la génisse est restée debout). C'est un atout car son poids m'aide et un handicap ! J'hésite en effet un instant. Vêlage mère couchée, on peut passer la main pour couper le cordon et prendre son temps pour la suite. Mais debout, c'est impossible car tout le poids du veau est sur son ventre. Par contre, comme cela, je peux le faire travailler sur lui-même et donc faire passer ces fichues cuisses. Je tends bien la vêleuse et j'exerce une pression vers le bas tout en donnant un léger mouvement. Je suis à 50 cm de la tête du veau ! Je retends et appuie à nouveau. Tout dure 2 ou 3 secondes ! Je sens la vêleuse, je sais que c'est passé. En même temps, du nez du veau coule le reste de liquide amniotique et j'entends sa première prise d'air. Mais moi, je me suis déjà relevé pour le recevoir et limiter la gamelle. Et oui, il chute littéralement du haut de la taille de sa mère, 1.60 m ? 1.70 m ? C'est gluant, je n'ai pas de prises mais je freine pour limiter le choc au sol. Un peu d'eau froide sur le museau, idem dans l'oreille et le gaillard, un mâle, se réveille. C'est gagné pour cette fois, la vie est transmise. Désinfection, piqûre de bienvenue, bouclage de la mère..

Une heure plus tard, je surveille à la télévision en dînant avec Mme PH. La mère craintive a refusé de lécher tant que j'ai été dans la stabulation. Par contre, la caméra ne la gêne pas du tout. Nous sommes donc devant la chaîne "stabulation en direct" Nous sourions en voyant faire la jeune mère. Mme PH est impressionnée par l'instinct maternel. La mère lèche avec une ardeur incroyable. Personne ne lui a expliqué ce qu'il fallait faire mais elle sait. Tous les recoins du bébé sont passés au crin de la langue maternelle. Elle va jusqu'à soulever la patte pour ne pas laisser une seule parcelle de peau sans soins. C'est beau et nous ne nous lassons pas du repas. Cela change un peu des infos... A un moment, Mme PH me demande si lors du vêlage, le veau se rend compte et me voie ? Difficile à dire. Quand il était à 50 cm de moi, je crois qu'il était un peu dans le cirage. Mais quand le vêlage est plus facile et que le cordon se rompt plus tôt, je crois que le veau me regarde. Il doit bien se demander ce que c'est que ce bipède qui le tire et bouge devant lui, puis qui l'arrose d'eau froide... Mais il ne faut pas fabuler, la conscience doit être très réduite.

Re-belote vendredi soir. La génisse travaille très bien toute seule ! Poche des eaux percée mais onglon en l'air.Il faut intervenir. Je la met dans la case décrite plus haut et je passe la main. Jarret dans le bassin. C'est un siège. La mère reste debout cette fois encore et pour un siège, c'est mieux. Là, tout est à l'envers. Pas de tête pour faire coin mais le postérieur ce qui est moins efficace.  Une fois celui-ci passé, il faut au contraire d'une position normale, tirer très vite sans attendre. En effet, le cordon va se couper avant que la tête soit sortie et le veau peut "boire" en ayant le réflexe de respiration avant d'être à l'air libre. La mère est sympa et n'est pas trop inquiète. Tout se passe très très vite, je suis quitte pour une bonne suée. Je pends la génisse qui vient de naître pour être sûr que tout le liquide amniotique soit bien évacué ! C'est presqu'une formalité, du moins cela m'apparaît comme tel après le vêlage car pendant on n'est pas au repos... Je relâche la mère une fois bouclée, elle se retourne et lèche sans se soucier de moi. A croire qu'elle en est à son dixième veau ! Je me dis que je vais aller jeter un coup d'oeil au père sur l'ordinateur car elle a un instinct incroyable. Et là, je veux noter la position, je cherche donc "siège" mais je ne trouve pas. Je cherche sur le net et je trouve le nom savant "dystocies" ! C'est fait sérieux sur nos programmes mais cela ne me satisfait pas car il y a de multiples postures anormales...

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Commentaires
F
Des récits de vêlage toujours aussi incroyablement bien écrits et réalistes!!<br /> <br /> Un bon début, apparemment. Tant mieux.<br /> <br /> Ici, les vêlages ne commencent qu'après les fêtes. On verra...<br /> <br /> Bon Noël
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