Fin prêts, pas pour le salon...
La saison avance, tout en tempêtes. Un impressionnant coup de vent a secoué la région jeudi après midi. Pas trop annoncé, les vents ont été mesuré à 115 km/h à la station située à 20 km d'ici. Le grondement faisait croire à un tonnerre continu. L'eau a pénétré partout dans les stabulations ouvertes, trempant les litières...
Je ne suis pas trop en avance pour la prophylaxie. Aussi, hier matin, j'ai pris le(s) taureau(x) par les cornes... Ils passent l'hiver dehors et s'en portent à merveille. Le jour de la prophylaxie, je dois présenter tous les animaux âgés de 2 ans et plus pour que le vétérinaire sanitaire puisse effectuer une prise de sang individuelle. Le travail de préparation pour que les animaux soient contenus est conséquent. Prendre presqu'une centaine de bestiaux à la fois n'est pas aussi aisé que l'imaginent les intervenants. Et cela se complique avec ceux qui sont dehors. Cerise sur le gâteau, il faut prendre rendez vous et se plier à l'exercice pour un jour et une heure donnée. Pas question de se louper le jour J, ce qui impose de courir si les patients en le sont pas et éventent la séance.
Pour répondre aux exigences, j'ai décidé de faire les animaux qui gambadent à part. La facture sera majorée en conséquence, mais j'ai trouvé cela plus pertinent. D'un côté une vache et une génisse, de l'autre les taureaux. Côté des miss, un peu de course exigée, elles avaient compris que ce ne serait pas comme d'habitude. Ensuite, les barrages d'un jour ont bien fonctionné. J'ai pu les mettre dans une case de transit. Côté mâles, aucun souci pour les ramener dans le parc de contention. J'ai joué sur le fait que, chaque matin, ils attendent que je leur rende leur miss... En plus, un jour de Saint Valentin, vous imaginez qu'ils y ont cru !!!
Les parcs intermédiaires fonctionnent à merveille. La preuve:
La jeune véto déléguée à l'opération est arrivée. les véto n'aiment pas ce boulot et envoient autant que possible les aides. Donc, une jeune fille est arrivée pour affronter mes trois gaillards. Moi, je préfère les jeunes femmes aux jeunes hommes pour faire cela. Expérience de vieil éleveur ! Ne pensez pas à mal, la raison est très simple. Elles ne friment pas (elles nous écoutent alors que les mecs savent souvent tout d'avance), sont plus douces, ne crient jamais et savent parler aux animaux. De plus, elles sont beaucoup plus patientes. Et oui, les apparences sont trompeuses et preuve en a été donné hier. Impossible de prendre la vache et la génisse au cornadis, la véto a fait la prise de sang à la volée, en douceur pendant que je caressais les animaux. Un mec aurait pesté et on aurait tourné un bon moment. Plus spectaculaire a été l'action avec les taureaux. Discrète, je ne voulais lui faire prendre aucun risque. Elle a pris place sur le côté du couloir, sans contact avec les animaux. J'ai ensuite fait rentrer les deux taureaux les plus petits dans ce couloir. Elle a pu faire la prise de sang par dessus. Petit problème, le premier des deux, est resté coincé dans le virage. Du coup, derrière, impossible de faire rentrer le troisième, le plus gros. Jouant avec les barrières, j'ai réussi à le coincer sans pouvoir l'attacher pour qu'elle puisse agir, sachant que c'était moi qui prenait les risques pour le retenir. Heureusement, elle a été si discrète et efficace que le gros père n'a pas bronché : 80 kg contre 1100 kg, je ne vous dis pas, je n'aurai pas fait le poids. Donc tout s'est bien passé, aussi vite que possible!
Elle est repartie vers d'autres élevages. J'ai relâché les femelles et j'ai profité de la contention pour mettre à jour mes traitements de taureaux. Première étape : Obliger le premier à passer le virage, galère énorme. Quand enfin, il a pu être dans la bascule, j'ai du démonter un support pour le prendre pour lui faire boire la potion prévue ; encolure trop volumineuse pour le cornadis. A la pesée, il approche les 870 kg. L'opération pour le plus petit a été très rapide. Il circulait bien dans le couloir. Lui approche les 700 kg. Restait le gros ! J'ai réussi à le faire entrer dans le couloir ! Trop gros, ça frottait de partout. Impossible de le faire avancer. Piqûre mais refus de prendre la potion. Je n'ai pas pu le tenir, il est trop costaud et il ne passe pas pour aller jusqu'à la bascule. Donc, marche arrière et j'utiliserai une astuce ce matin pour qu'il avale sa dose quand même. J'estime son poids à 1100 kg car les autres années, à 1 tonne, il passait dans le couloir...
Je les ai ensuite relâché. Je pensais qu'ils m'en voudraient. Mais non, l'appel de la nature est le plus fort et ils sont restés à la barrière jusqu'en milieu d'après midi au moment où je suis monté à la montagne faire des clôtures en tracteur. Ils sont d'ailleurs venus voir ce que je faisais... Voilà, ils sont fin prêts pour le grand moment des retrouvailles. 6 au jus ! Ils doivent sentir, même si je les tiens à distance, car côté des premières vêlées, ça bouge dur. Contrairement à ceux que vous verrez bientôt au salon de l'agriculture, ils n'auront pas de toilette partcilière et seront en l'état. Par contre, avec chacun une quinzaine de femelles dès le départ, je suis certain qu'ils préféreront leur sort à celui des stars du salon. Le bon temps est dans les troupeaux ! Pensez y en visitant porte de Versailles...
Le printemps se prépare, même s'il faut encore attendre !