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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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15 février 2014

Fin prêts, pas pour le salon...

La saison avance, tout en tempêtes. Un impressionnant coup de vent a secoué la région jeudi après midi. Pas trop annoncé, les vents ont été mesuré à 115 km/h à la station située à 20 km d'ici. Le grondement faisait croire à un tonnerre continu. L'eau a pénétré partout dans les stabulations ouvertes, trempant les litières...

Je ne suis pas trop en avance pour la prophylaxie. Aussi, hier matin, j'ai pris le(s) taureau(x) par les cornes... Ils passent l'hiver dehors et s'en portent à merveille. Le jour de la prophylaxie, je dois présenter tous les animaux âgés de 2 ans et plus pour que le vétérinaire sanitaire puisse effectuer une prise de sang individuelle. Le travail de préparation pour que les animaux soient contenus est conséquent. Prendre presqu'une centaine de bestiaux à la fois n'est pas aussi aisé que l'imaginent les intervenants. Et cela se complique avec ceux qui sont dehors. Cerise sur le gâteau, il faut prendre rendez vous et se plier à l'exercice pour un jour et une heure donnée. Pas question de se louper le jour J, ce qui impose de courir si les patients en le sont pas et éventent la séance.

Pour répondre aux exigences, j'ai décidé de faire les animaux qui gambadent à part. La facture sera majorée en conséquence, mais j'ai trouvé cela plus pertinent. D'un côté une vache et une génisse, de l'autre les taureaux. Côté des miss, un peu de course exigée, elles avaient compris que ce ne serait pas comme d'habitude. Ensuite, les barrages d'un jour ont bien fonctionné. J'ai pu les mettre dans une case de transit. Côté mâles, aucun souci pour les ramener dans le parc de contention. J'ai joué sur le fait que, chaque matin, ils attendent que je leur rende leur miss... En plus, un jour de Saint Valentin, vous imaginez qu'ils y ont cru !!!

Les parcs intermédiaires fonctionnent à merveille. La preuve:

taureaux parcs copie

La jeune véto déléguée à l'opération est arrivée. les véto n'aiment pas ce boulot et envoient autant que possible les aides. Donc, une jeune fille est arrivée pour affronter mes trois gaillards. Moi, je préfère les jeunes femmes aux jeunes hommes pour faire cela. Expérience de vieil éleveur ! Ne pensez pas à mal, la raison est très simple. Elles ne friment pas (elles nous écoutent alors que les mecs savent souvent tout d'avance), sont plus douces, ne crient jamais et savent parler aux animaux. De plus, elles sont beaucoup plus patientes. Et oui, les apparences sont trompeuses et preuve en a été donné hier. Impossible de prendre la vache et la génisse au cornadis, la véto a fait la prise de sang à la volée, en douceur pendant que je caressais les animaux. Un mec aurait pesté et on aurait tourné un bon moment. Plus spectaculaire a été l'action avec les taureaux. Discrète, je ne voulais lui faire prendre aucun risque. Elle a pris place sur le côté du couloir, sans contact avec les animaux. J'ai ensuite fait rentrer les deux taureaux les plus petits dans ce couloir. Elle a pu faire la prise de sang par dessus. Petit problème, le premier des deux, est resté coincé dans le virage. Du coup, derrière, impossible de faire rentrer le troisième, le plus gros. Jouant avec les barrières, j'ai réussi à le coincer sans pouvoir l'attacher pour qu'elle puisse agir, sachant que c'était moi qui prenait les risques pour le retenir. Heureusement, elle a été si discrète et efficace que le gros père n'a pas bronché : 80 kg contre 1100 kg, je ne vous dis pas, je n'aurai pas fait le poids. Donc tout s'est bien passé, aussi vite que possible!

Elle est repartie vers d'autres élevages. J'ai relâché les femelles et j'ai profité de la contention pour mettre à jour mes traitements de taureaux. Première étape : Obliger le premier à passer le virage, galère énorme. Quand enfin, il a pu être dans la bascule, j'ai du démonter un support pour le prendre pour lui faire boire la potion prévue ; encolure trop volumineuse pour le cornadis. A la pesée, il approche les 870 kg. L'opération pour le plus petit a été très rapide. Il circulait bien dans le couloir. Lui approche les 700 kg. Restait le gros ! J'ai réussi à le faire entrer dans le couloir ! Trop gros, ça frottait de partout. Impossible de le faire avancer. Piqûre mais refus de prendre la potion. Je n'ai pas pu le tenir, il est trop costaud et il ne passe pas pour aller jusqu'à la bascule. Donc, marche arrière et j'utiliserai une astuce ce matin pour qu'il avale sa dose quand même. J'estime son poids à 1100 kg car les autres années, à 1 tonne, il passait dans le couloir...

Je les ai ensuite relâché. Je pensais qu'ils m'en voudraient. Mais non, l'appel de la nature est le plus fort et ils sont restés à la barrière jusqu'en milieu d'après midi au moment où je suis monté à la montagne faire des clôtures en tracteur. Ils sont d'ailleurs venus voir ce que je faisais... Voilà, ils sont fin prêts pour le grand moment des retrouvailles. 6 au jus ! Ils doivent sentir, même si je les tiens à distance, car côté des premières vêlées, ça bouge dur. Contrairement à ceux que vous verrez bientôt au salon de l'agriculture, ils n'auront pas de toilette partcilière et seront en l'état. Par contre, avec chacun une quinzaine de femelles dès le départ, je suis certain qu'ils préféreront leur sort à celui des stars du salon. Le bon temps est dans les troupeaux ! Pensez y en visitant porte de Versailles...

Le printemps se prépare, même s'il faut encore attendre !

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Commentaires
A
"Les vétos n'aiment pas ce boulot et envoient autant que possible les aides. C'est donc une fille..."voui, voui. Elles sont plus patientes, plus douces, moins fanfaronnes ? <br /> <br /> Quelle caricature vous faites, PH ! Vous êtes plus nuancé d'habitude. En connaissez vous tant que ça, des vétérinaires ?<br /> <br /> L'égalité sera atteinte quand les vétérinaires femmes seront des associées (qui n'aiment pas la prophylaxie, mais aiment l'argent que ça rapporte) et non plus seulement des "aides" (petit nom des vétos salariés, un brin condescendant quand même...dans le même genre j'ai eu droit une fois à "la commise"). Un jour les femmes vétérinaires seront appréciées pour leurs diagnostics, leur efficacité en obstétrique, leurs conseils, et pas "parce qu'elles sont douces" ! En tant que femme j'aimerais d'ailleurs avoir le droit de râler, voire même de gueuler si d'aventure je me ramasse un coup de pied. Merci.<br /> <br /> Et puis, des vétos hommes doux, pas fanfarons et pas râleurs, ça existe aussi et heureusement. Par pitié, évitons les commentaires dithyrambiques "superposant la féminité et l'animalité" (formulation que je me permets de trouver douteuse). Quant au commentaire s'émerveillant littéralement du mariage entre un agriculteur et une vétérinaire, je ne sais pas qui doit mal le prendre...éleveurs et vétérinaires, nous faisons partie du même monde et nous sommes faits pareil ! Quant aux différences véto-homme/véto-femme, elles tiennent d'après mon étude sociologique personnelle plus à la personnalité qu'au sexe...(et je suis rentrée en école vétérinaire il y a presque 15 ans)<br /> <br /> Loin de moi la volonté de troller mais vu le contexte actuel je suis allergique aux discours bien stéréotypés sur la différence entre les sexes !<br /> <br /> PS : pardon PH de ce long discours, et aussi je crois que beaucoup de vétos savent que ce n'est pas si facile pour vous de prendre comme ça toutes vos bêtes le même jour pour la prophylaxie. En tous cas ceux qui comme moi continuent, même moins jeunes, à faire "de la pique" (et aiment bien ça en fait), le savent.
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A
Les agriculteurs de ma famille ont aussi une préférence pour les jeunes vétérinaires féminines pour les mêmes raisons que toi .Dans mon village d'origine, il y a même eu un mariage entre un jeune agriculteur et une jeune véto , bien installée dans le coin et qui ne rechigne pas pour faire des césariennes si nécessaire..<br /> <br /> Il me semble que les bovins n'aiment pas trop faire salon .
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Y
"Je pense que les animaux perdent leur repères..." : ils se rattrapent au retour .... ? ;o)<br /> <br /> Le salon, c'est une belle fête médiatique mais quel boulot /investissement cela doit représenter !
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E
En parlant de la sensibilité des femmes à l'égard des animaux, j'avoue avoir été fascinée par le film retraçant la vie de Temple Grandin qui a bataillé dur pour que les bovins destinés à la boucherie meurent dans de bonnes conditions. Ce film qui traite à la fois de l'autisme, de la place de la femme dans certains univers et du traitement des animaux est vraiment impressionnant.<br /> <br /> <br /> <br /> Malin, le coup de la saint Valentin ! Tu aurais pu accrocher des petits cœurs sur tes barrières quand même !
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Y
Cette juxtaposition de la féminité et de l'animalité est très belle.<br /> <br /> <br /> <br /> Porte de Versailles, ça doit être quelque chose de faire cohabiter vaches et taureaux sans que la nature prenne le dessus ....
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