Filière bovine française: réveillons nous !
Au gré des rencontres, je me rend compte que, mis à part dans les bonnes boucheries, notre offre viande bovine, ne correspond plus à la demande des consommateurs en France. Depuis des semaines, je me demande comment faire passer le message, à nos dirigeants politiques et responsables professionnels, que nous allons droit dans le mur ! Il y a des solutions techniques qui permettraient de prendre le virage attendu par la société et les consommateurs, sans sur-coûts. Elles permettraient même d'envisager une sortie progressive des subventions, au moins pour une partie de notre production. Ce changement, à mon sens, touche aux mentalités, aux comportements et demande un peu de courage décisionnaire, plus qu'un investissement financier ou budgétaire conséquent. Même s'il faut envisager une période de transition...
Il y a urgence. J'ai déjà abordé le problème, il y a 2 ans. 2 ans perdus, 2 ans de crise pour les producteurs. Je n'ai pas signé la pétition contre le TTIP cet été. J'assume ce choix conforme à mes propos de l'époque ! On peut organiser des manifestations, des pétitions... On peut croire au père Noël politique qui veut nous fait croire, depuis que nous sommes en campagne électorale 2017, que nos dirigeants puissent s'opposer au traité... Ce n'est que langue de bois pour ne rien changer et rien remettre en cause !
Mais je me suis trompé sur un point, il y a 2 ans ! Traité ou pas, les américains ne viseront pas le seul marché des viandes au prix le plus bas possible, issues des feedlots et des hormones... Ils ont compris que les marchés à valeur ajoutée se trouvent dans la réponse aux attentes, de plus en plus diverses, des consommateurs. Or, suite à toutes les contraintes normatives françaises et surtout aux compétences techniques, c'est un marché que les producteurs du centre de la France devraient occuper naturellement. C'est comme si la viticulture du midi s'était entêtée à produire et vendre du vin de table, le moins cher possible... Il y a urgence, car d'autres pays avancent dans le monde. Si nous ne changeons pas de stratégie, bientôt nos propres marchés de qualité seront occupés par des viandes d'autres continents, répondant aux attentes de renseignements que nous nous refusons d'afficher...
J'en ai trouvé une preuve sur twitter ce matin !
Ils copient même nos labels, en étant plus clairs sur les étiquettes en mettant en avant un ou deux arguments !
Il y a urgence : Cette semaine, j'ai vendu des vaches finies à l'herbe, complémentées avec mes céréales et du tourteau de colza non OGM ! Il me faudra attendre 3 semaines avant leur départ. Mais le plus douloureux reste à venir : le prix. On devait, selon les annonces de juin 2015 gagner progressivement 50 cts par kilo par rapport aux cours de l'époque. On approche les 50 cts de moins de ces mêmes cours. Je crois que cela se passe de commentaires.
Les autres avancent. Nous, nous reculons faute de choix clairs et courageux ! Faute d'ambition !