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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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14 septembre 2016

La fin de paysanheureux ? Contexte 1

 

Ne plus écrire me manque beaucoup. Le contexte est simple. Le cumul  des déconvenues entame lentement et irréversiblement le moral. Face à des événements sur lesquels nous n’avons aucune prise, le silence et  le repli sur soi l’emportent sur l’optimisme et l’envie de communiquer. J’essaye, en société, de ne rien laisser paraître. J’écoute  les autres se plaindre, souvent pour des broutilles, avec le sentiment que mon avenir professionnel  est sur une planche savonneuse sur laquelle je glisse inexorablement vers le bas !  Pourquoi parler d’un métier qui, si cela continue, pourrait être voué à disparaître ?

D’abord le contexte économique :

 Il y a 14 mois, les éleveurs tentaient d’imposer à la filière une évolution des prix à la production. Le principe était simple. Les subventions 2015 allaient être rognées de 10 %, pour des raisons budgétaires et d’idéologie politique, qu’il  fallait compenser par une hausse des prix ! Bien qu’ayant suivi de loin, même le ministère applaudissait des deux mains, trop heureux de pouvoir s’affranchir de lignes financières.

 Sur ma ferme, je devais subir, comme tous mes confrères, une baisse des aides mais passer d’environ 4 € le kilo de viande vendu à 4.5 €. A moi de travailler en améliorant ma production pour ne rien perdre au final.  Un an plus tard, j’ai bien perdu au moins 10 % de subventions sans que personne ne puisse m’expliquer  les calculs qui viennent juste de se solder pour 2015, soit 8 mois après la fin de l’année concernée ! Et je vends à 3.5 € au lieu des 4.5 € !

Résultat, un manque à gagner impossible à compenser. La  situation de trésorerie  se traduit par un découvert en banque qui se creuse dangereusement ! Aucun signe de reprise pour les prochains mois. On ne va pas à l’encontre les marchés. Sauf aux USA, où l’état « intervient » en rachetant un nombre important de vaches laitières, à prix minimal, pour permettre aux farmers de passer le cap.

En simplifiant, la bascule des cours de la viande s’est produite au moment de l’embargo russe décidé suite aux problèmes de Crimée. La viande polonaise s’est retrouvée sans débouchés. En se repliant sur le marché européen,  elle a fait plonger le prix du bas de gamme. Faute d’une stratégie de « segmentation » en France, le prix de toutes les autres catégories a été entrainé dans une spirale infernale à la baisse. Depuis, aucun redressement du marché. La crise laitière amplifie le phénomène et on est très loin d’en sortir. On annonce encore une baisse du troupeau de vaches laitières avec plusieurs dizaines de milliers de tonnes de viande qui vont venir sur le marché. A vil prix, puisqu’il s’agit de dégager des vaches en trop quand elles ne proviendront  pas d’élevages en faillite. Enfin, les attaques récurrentes contre la viande provoquent une baisse de consommation…

Il y a trois ans, on nous annonçait le meilleur pour l'avenir, aujourd'hui le pire arrive ! 

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Commentaires
Y
Bonjour PH,<br /> <br /> juste un lien vers un article qui traite aussi d'un éleveur. Pas un modèle, juste un truc, parmi d'autres, qui redonne du sens au métier, de l'envie et sort d'un isolement dangereux.<br /> <br /> https://www.facebook.com/dsne79/ Bocage et biodiversité
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B
Je suis agriculteur comme vous seul sur l'exploitation et je ressens les mêmes difficultés que vous. Je suis à deux ans de la retraite et je fais les mêmes constatations que vous. Je suis fatigué de ce métier où l'on ne valorise pas notre travail.En plus la météo joue avec nous. En Dordogne c'est la sécheresse: un premier orage le 13 septembre: depuis le 22 juin, 13 mm de quoi perdre le moral .En plus maintenant se pose le problème de la transmission d'entreprise car on ne peut la céder à qui l'on veut avec la SAFER .
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M
Je pense à toi chaque fois que je vois un reportage sur le monde paysan j'ai une pensée pour toi et tes difficultés...Ca ne t'aidera pas beaucoup de le savoir mais bon.... Courage... Bises
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A
Je comprends votre désarroi, je ne suis pas agricultrice mais j'ai tellement côtoyé cette profession que j'ai vu ses conditions de vie s’appauvrir depuis plus de 20 ans. Cette année plus que les autres le climat n'a aidé personne.<br /> <br /> Profession difficile, compte tenu de tous ces aléas, sincèrement tout est bien mal payé par rapport aux efforts donnés. (moi qui suis loin je ne parle pas des marges qui sont engrangées ici par les importateurs de produits agricoles métro, le litre de lait crève le plafond ............). j'espère que vous aurez encore un peu d'énergie pour faire partager votre métier.
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F
Lisant le titre et les premières phrases, j'ai eu très, très peur que tu n'écrives plus...<br /> <br /> Pour le reste, nous faisons exactement les mêmes constatations très pessimistes pour l'élevage...<br /> <br /> Je pense qu'à court terme, l'élevage de type familial tel que nous le pratiquons est voué, en effet, à disparaître.<br /> <br /> J’attends le contexte 2...
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