La goutte d'eau, le vase, la crue...
Dimanche soir, immédiatement après la fin du journal de TF1, tweeter s’est emballé…
J’avoue que j’ai bondi sur mon téléphone pour entrer dans la danse… Trop, c’est trop ! Nous voici, nous les paysans, responsables de tous les maux de la société ! Donc responsables des crues… Constat : Ici, il est tombé 422 mm entre le 25 novembre et le 26 janvier ! 422 litres par m2 soit 4 220 000 litres par ha. 422 m3 sur votre parcelle lotissement de 1000 m2 pour que vous puissiez comparer avec votre facture d’eau. Sachant que l‘eau coule du haut vers le bas, en suivant les rivières, on imagine les volumes que doivent évacuer les fleuves qui traversent les grandes villes. Le mode d’exploitation agricole ne joue plus qu’à la marge. Que dire des constructions dans les zones inondables, de l’artificialisation des sols qui ont fait la fortune de Bouygues entre autres ? Au cours d’une émission de C dans l’air, une géographe disait que sur la Seine, les 4 grands lacs de retenue en amont de Paris avaient une incidence de 15 cm seulement !!! Ici, malgré le bocage, l’Arroux a débordé et nous avons eu beaucoup de chance que la pluie du dimanche 21 janvier passe à 100 km au nord, sinon…
Guy faisait remarquer à juste titre que la crue de référence de la Seine, est celle de 1910 : 8.62 m quand aujourd’hui on est à 5,84 m. Pour information, la plus grosse crue répertoriée est celle de 1658 qui aurait atteint ou dépassé les 9 m. Dans les deux cas, l’agriculture de l’époque n’était pas « conventionnelle » … J’espère que sur ce sujet, toutes les tendances de l’agriculture seront solidaires pour dire que face à un phénomène climatique de cette importance, comme pour un ouragan ou une sécheresse, nous sommes sur un pied d’égalité et qu’il est trop facile de se servir de l’agriculture comme bouc émissaire…
Il faut dire que le matin même, j’étais tombé sur ce tweet qui m’avait fait réagir !
Cette fois, nous sommes des fainéants. Donc si les produits agricoles sont trop chers en magasin ou si une enseigne est mal positionnée, c’est de notre faute. Travailler à perte ne suffit pas, il faudrait que l’on donne nos produits pour sauver les emplois (c’est ce que j’ai compris). Avec quoi va-t-on payer les intrants ou les services obligatoires, mystère ? Bon, d’accord, en cherchant, on retrouve le problème de ce monsieur et peut être le pourquoi de sa rancœur. Mais l’insulte est lancée, lue par combien de personnes ignorant sa situation ?
Quelques jours plus tôt, alors que tard le soir, nous nous assurions avec le maire de la commune que tout le monde soit averti de la crue et en sécurité, j’avais déjà essuyé une critique : « Il faut interdire le passage des paysans avec leur tracteur. Ils roulent comme des fous. Ils font des vagues qui passent par-dessus nos protections… » Je n’avais pas répondu. Le lendemain matin, au même endroit, je me suis fait asperger par un 4*4 qui n’a pas ralenti dans la flaque formée par le reflux le long du trottoir.
La crue suivante, malgré les panneaux, un camion s’est engagé formant une vague d’au moins 15 cm visible le long du mur. Evidemment, cela peut passer par-dessus les bâches et moellons protégeant les entrées de maisons. Mais quand doit on arrêter toute activité ? Comment gérer à la fois le travail de chacun et la protection des biens des autres ?
Heureusement, tout le monde ne fait pas tant de remous !
Pourquoi n’y aurait-il que les paysans qui devraient être en cause ? Ce « bashing » ne s’arrête pas là, en rentrant, je découvre un commentaire sur You tube… Là, je…