Le festival du boeuf à Charolles...
Il y a des jours où le fait de se retrouver au sein d'une manifestation qui regroupe tous les acteurs de la filière charolaise fait du bien. Pendant quelques heures, oubliés les tracas de la sécheresse, le souci de reconnaissance, les violences de critiques permanentes... Sans triomphalisme, cela conforte de se retrouver devant de magnifiques animaux, de jeunes apprentis boucher. Mais surtout, comme il est important de voir la foule venir admirer les savoirs faire de nos productions ! J'ai eu le sentiment que tous ces gens venaient manifester une volonté de reconnaissance de nos façons de travailler et le respect de notre travail. C'est réconfortant !
C'est la passion des métiers qui ressort des différentes démonstrations. Chaque année, nous progressons pour permettre de recréer des liens entre les acteurs. Le concours de vitrines des jeunes apprentis s'est enrichi, la veille, d'un concours d'estimation des animaux sur pied... Notre volonté est de remettre en avant l'importance du choix de la viande que les bouchers proposent à la vente. Un vrai artisan doit être maître de ses choix ! C'est fondamental pour mettre en valeur les produits. Comment peut on expliquer et répondre aux attentes des consommateurs si on ne sait pas d'où vient la carcasse achetée ?
Beaucoup plus intéressantes ont été les discussions autour de l'événement. D'abord, la rencontre avec tous les jeunes et les professeurs, puis avec les responsables nationaux des bouchers. A tous les niveaux, de la production à la boucherie, c'est le consommateur qui revient au centre des préoccupations. Pour l'anedocte, nous nous sommes rendus compte que nous utilisons tous YUKA, un signe ! Signe d'une évolution profonde, il semble qu'en 2018 les ventes de viande en supermarché ont baissé de 10 % tandis que les ventes en boucherie augmentaient de 1,5 % ! Bon, ce sont des moyennes nationales et il faut faire attention que certaines situations personnelles peuvent être différentes. Bien sûr, les 10% pèsent en négatif sur les cours de nos animaux. Mais en parallèle, cela marque la limite de la course au prix au mépris de la qualité. Cela confirme également l'énorme erreur de la réforme de l'étiquetage des viandes sur les barquettes. Je trouve juste injuste que ce soit nous qui en payont les pots cassés et que, comme toujours, ceux qui l'ont décidé n'en supportent pas les conséquences financières. Pire on supporte des taxes pour financer ces bêtises...
Pour en revenir à notre sujet, il est clair que le consommateur veut des infos sur ce qu'il mange. C'est une chance pour nous si on réussi à faire bouger les choses. Je regrette le rendez-vous manqué des EGALIM mais nous ne devons pas nous décourager. Il faut construire un nouveau modèle économique. Autre signe de ce week-end, les centres de formation des apprentis boucher font le plein après des années très difficiles. Là encore, c'est un signal très positif. Mais cela nous oblige à repenser les métiers pour mieux appréhender les attentes consommateurs évoquées. Il y a donc un enjeu majeur à recréer un lien avec les éleveurs. Les échanges numériques peuvent compléter la relation directe de l'achat. Tout concorde à une réforme profonde des rapports au sein de la filière entre les acteurs. Mais je ne rêve pas, les intérêts à court terme de quelques uns bloquent le système et les politiques sont incapables de prendre leur responsabilité !
Cette journée est donc une parenthèse dans le marrasme actuel qui étreint les éleveurs. Mais au delà des difficultés, il y a des raisons d'espérer. Je ne sais pas à quelle échéance, mais je suis convaincu du rebond. J'espère juste que la situation actuelle ne fera pas trop de dégâts humains d'ici là !
Enfin, je n'oublie pas que le charolais s'est également des moutons...