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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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4 septembre 2019

Organiser une "transhumance sécheresse" ?

Même en 1976, la goulliarde n'avait pas arrêté de couler... Chaque jour, la situation devient plus critique, l'eau se perd dans le terrain. C'est plus de la moitié de ma ferme qui se retrouverait sans eau pour abreuver les animaux si le petit étang créé en 1977 capitule et si la dernière partie de la goulliarde cesse de couler. Chez moi, ce sont déjà les deux tiers inférieurs du ruisseau qui sont à sec..

gouillarde

C'est l'endroit où elles boivent d'habitude. Heureusement, nous avons grâce à des clôtures électriques ouvert un accès sur la partie du ruisseau qui coule encore. Plus bas, j'ai mis un baquet de 350 l pour les animaux que je remplie tous les deux jours car il n'y a que 4 animaux... Le gros troupeau vit sur l'étang de 1977 ! L'autre moitié de la ferme tient sur un autre petit étang et un filet d'eau. Mon angoisse maintenant tient donc à la capacité de ces deux étangs... Car je ne suis pas raccordé au réseau public !

passage gouillarde

Et même si je l'étais... Le réseau public; il est vraiment fragile. Nombre de mes collègues ont été obligés de se rabattre sur lui. Mais avant-hier, un premier article du JSL alertait sur la situation en amont de mon village. La rivière ne coule plus. Hier, Gueugnon, en aval, lance un appel à la raison. La situation est inédite. Lundi soir, en bureau municipal, j'ai parlé du problème mais comment avertir, sensibiliser la population et que faire ? Tant de gens ne se posent pas de question tant que l'eau coule au robinet... Beaucoup font très attention et ne peuvent rien faire de plus. En clair, il n'y a pas de solutions si ce n'est d'éviter les gaspillages. Pour sourire et en blaguant, j'ai suggéré que les 50000 habitants (je ne connais pas le chiffre exact) de la vallée aillent faire la petite commission dans la nature. Ce serait 6 fois les 5 litres de la chasse d'eau qui seraient économisés chaque jour, soit environ 1 500 000 de litres ! Plus sérieusement, peut on faire comprendre qu'il y a un vrai risque que d'ici quelques semaines, il n'y ait plus d'eau ? Que se passera t'il alors ?

débit eau étang

Ma boutade n'est pas anodine. Actuellement, le débit de l'Arroux est de O,3 m3 par seconde à Etang , c'est à dire 18 m3 par minute soit 1080 m3/ heure. Mon petit calcul précédent, si imprécis soit il, conduit à une consommation de 1500 m3  soit presque une heure et demie du débit de l'Arroux, juste pour un petit besoin.Ces 6% retarderaient d'autant la phase critique ! On peut me rétorquer, à juste titre, qu'en utilisant les WC, une bonne partie de cette eau est traitée en station puis rejetée dans la rivière. C'est vrai et enthousiasmant d'y penser... Mon calcul consiste juste à faire prendre conscience des enjeux actuels. Car d'habitude, à Etang, au coeur de l'été, la hauteur d'eau est plutôt supérieur à 50 cm, la normale à 1,50 m... Là, nous sommes à 0 ! Cela veut dire que nous, à Toulon, nous vivons sur l'eau qui circule en dessous du lit visible. Qu'est ce que cela représente vraiment ?

hauteur d'eau à Etang

Et nous éleveurs, que pourrions nous faire ? En montagne, les troupeaux montent en alpage en été en suivant la pousse de l'herbe en altitude... A cette époque, les stabulations ne sont pas utilisées dans les zones d'élevage, y compris dans celles qui ont reçu de la pluie. Je vais faire une suggestion originale. Pourrait on envisager une "transhumance sécheresse" ? Serait il aberrant d'emmener une partie du troupeau dans les stabulations de zones qui ont de l'eau ? Je sais, cela soulève une tonne de problèmes, en particulier pour la nourriture, indemniser le travail journalier... Mais est ce qu'on pourrait jouer la solidarité autrement ? Car toute économie faite sur la consommation des réseaux de notre vallée ne profiterait pas qu'aux éleveurs mais à l'ensemble de la population ! Pourrait on être innovant et sortir du chacun pour soi ? Je sais une seule chose, nous ne pouvons compter que sur nous même car les pouvoirs publics et nos techniciens sont dépassés et n'ont aucune solution mis à part interdire !!! Quand à notre ministre, à part nous dire d'attendre octobre... 

Les bulletins n'annoncent rien de bon. Je n'ose imaginer le pire. Pourtant, si d'ici un mois, la rivière est à sec, comme les sources le sont dans les campagnes, allons nous être les premiers migrants climatiques, même pour quelques semaines ?

Dire qu'une bonne pluie réglerait les problèmes.

 

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Commentaires
O
On attrape pas le choléra si on ne tire pas la chasse à chaque fois qu'on fait ses petits besoins, on ne tombe pas malade si on ne prend pas une douche tous les jours. On peut très bien se laver avec quelques louches d'eau et être parfaitement propre. Et même si on prend une douche, on peut limiter la consommation à une quinzaine de litres par personne.<br /> <br /> Une grande partie de notre consommation d'eau relève de besoins culturels plutôt que de besoins de première nécessité.<br /> <br /> Ma grand mère avait l'eau courante, mais avec juste un robinet à la cave, pas de point d'eau (ni de WC) dans la maison. Elle consommait moins d'un mètre cube par an. Sans aller jusque là, on a une marge d'économie considérable pour les utilisations domestiques. Je consomme environ 20 mètres cubes par an et je pourrais faire mieux.<br /> <br /> Mais ce n'est peut être pas nécessaire toute l'année. On pourrait imaginer de moduler le pris du mètre cube selon la disponibilité de la ressource, pour inciter les gens à faire particulièrement attention en période de sécheresse. Mais s'ils passent devant des champs de maïs arrosés des heures durant (fréquent dans ma région), c'est sûr qu'ils auront du mal à admettre les restriction qu'on leur imposes, même si la consommation agricole est beaucoup plus faible que le cumul des consommations domestiques. Les gens ne calculent pas, ils réagissent sur des impressions, comme l'illustrent des billets twitter du genre "les pesticides sont dangereux parce que mon oncle qui habite près un champs a eu un cancer", ou encore "le bio donne le cancer parce que ma voisine qui ne mange que du bio en a eu un".<br /> <br /> Le problème de fond est peut être le niveau de connaissances scientifiques et de pensée scientifique au sein de la population et des décideurs.
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D
Parfois je me dis qu'il serait bon d'écouter les gens du terrain comme vous, comme d'autres qui connaissent les problèmes et sont capables de réfléchir à des solutions, non pas comme ces technocrates de tous poils qui ne comprennent rien et sont dépourvu du bon sens le plus élémentaire. Eux s'en fichent de la sècheresse, ils n'ont qu'à ouvrir le robinet, prendre une douche en rentrant, tant réfléchir les assèche et se réjouir que demain il fasse encore beau car c'est tout de même plus agréable pour aller au boulot.
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