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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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6 décembre 2021

Autonomie énergétique et neutralité carbone de la ferme ? Acte 1 La recherche de références…

Je rappelle le contexte de cette série de billets. Un lecteur m’a demandé de livrer mes suggestions d’évolutions techniques pour tendre vers l’autonomie et la neutralité carbone de ma ferme. Heureusement, il me donne 20 ans pour l’exercice. Celui-ci est complexe car il touche à tous les aspects de la production et de mon travail.

Pour aborder un tel sujet, il faut des références scientifiques. Le carbone ou le méthane ne se voient pas. On ne mesure pas les quantités produites ou stockées en regardant un pré, un bois ou une terre. On n’apprécie pas à l’œil nu les émissions de méthane d’une vache. Ces mesures ne peuvent être que le fruit du travail des scientifiques. On ne peut s’arrêter à des affirmations claironnées à la cantonade dans les réunions politiques ou sur les plateaux télé. La vulgarisation des résultats est donc essentielle. Il faut des relais d’informations crédibles, simples, efficaces et accessibles. On ne peut aborder un tel sujet en « aveugle »!

J’imagine sans réserve le rôle d’écologues pour répondre à cette exigence. Je parle bien d’écologue, pas de d’écologiste militant ! J’entends par là des personnes compétentes pour avoir une approche globale des conséquences d’une production agricole sur le biotope, sans à priori. Cela existe, j’en ai rencontré un et j’aurais aimé poursuivre une vraie étude de ma ferme avec lui. Mais je n’étais pas dans la bonne région administrative pour la financer !

Face à l’urgence climatique, si l’on veut faire avancer les choses assez vite, il faut vulgariser les démarches sur le modèle des années 60 ! Je m’explique : L’erreur actuelle est de vouloir tout imposer de façon descendante sans tenir compte de l’expérience des acteurs de terrain. Quand on parle de « politique écologique », on ne l’envisage qu’avec des normes, des règlements, des interdictions ! Un conférencier, qui intervenait récemment sur un autre sujet devant des agriculteurs, faisait remarquer que les décisions sont prises au cours de réunions nationales par des participants dont aucun n’est concerné directement. Difficile alors d’impliquer et de responsabiliser les acteurs de terrain. La sanction-répression devient la seule solution pour faire appliquer des décisions pas toujours pertinentes. C’est démotivant par rapport aux enjeux réels du moment.

Comment faire pour que tout paysan se réapproprie le leadership de l’écologie sur sa ferme ?

Déjà, il faut être sensibilisé aux problèmes. Nous avons la chance de pouvoir partager facilement les informations grâce aux outils numériques. Des vidéos aident à prendre conscience, par exemple celle-ci que je vous conseille de prendre le temps de visionner

Si je devais concrètement aborder le sujet aujourd’hui, je commencerais par prendre contact avec la chambre d’agriculture ou autre organisme pour faire un premier bilan « carbone » de la ferme. Cela permettra de faire une photographie à l’instant T, même si je dois payer le service.

Pour la suite, j’ai envie de rêver un peu. Pour continuer la démarche, j’imagine un programme informatique en ligne, accessible depuis ma ferme, gratuit, où mes données seraient entrées. L’objectif serait de pouvoir faire ensuite des simulations dans tous les sens, n'importe quand, sur chacun des postes, sans se poser de question du prix du service. C’est la seule solution pour que des idées nouvelles émergent. Par exemple, en adoptant telle ou telle technique, quel serait l’impact carbone sur ma ferme ? Il faut laisser la place à l’innovation et l'imagination. En la matière, les paysans n’en manquent pas. Tout ceci serait supervisé par des spécialistes qui mettraient à jour le programme avec les dernières découvertes. Bien sûr, il faudrait ensuite pouvoir les contacter pour éventuellement approfondir un sujet.

Bien entendu, il est fondamental d'échanger avec d’autres éleveurs, exploitant dans des conditions comparables,surtout lorsque leurs pratiques ont de meilleurs résultats que les miennes. C’est en cela que de reconstituer des groupes de travail est fondamental, comme les GVA et CETA l’ont fait dans les années 60. L’avantage d’Internet est qu’une partie de ce travail peut se faire à distance même s’il faut garder des moments de rencontres physiques conviviales… L’écologue ou le technicien doit être un animateur ou un référent technique et ne pas imposer une vision unique.

Je n’envisage pas que ce travail de réflexion soit déconnecté des enjeux financiers de la ferme, ni des enjeux techniques ! Si on veut que les agriculteurs investissent et s’impliquent sur le climat, il faut que les démarches soient très pragmatiques. Un exemple : Aujourd’hui, avec la flambée du prix de l’énergie, le coût d’un kg d’azote minéral explose. Les instituts techniques proposent des abaques pour déterminer le seuil où le coût des unités à apporter sur un blé sera supérieur au prix du quintal supplémentaire espéré ! Dans cette approche, on ne cherche plus le rendement maximum mais le rendement optimum ! C’est compliqué car on ne connait pas le potentiel rendement de l’année climatique, ni le cours du blé dans un an et encore moins le coût de l’énergie donc des intrants… Mais avec un tel document, on peut avoir une notion de la prise de risques. Sans cette approche, on peut perdre beaucoup ! J'imagine la même démarche pour les évaluations "carbone".

abaque azote

Nous avons donc besoin d’outils de simulation rapides qui puissent permettre d’entrer en temps réel les données quand leur valeur varie. Il faut une approche intégrant la notion de réchauffement climatique sur les choix ! A l’identique des plans de financement des investissements, nous pourrions intégrer les données « carbone » ! On ne peut rester figé sur un modèle mais être flexible grâce à l’interaction numérique. Car le réchauffement climatique amène à des événements inédits et des répétitions aléatoires de situations extrêmes. Il ne faut pas une gestion d’exploitation rigide mais une ligne directrice avec une capacité d’adaptation en temps réel. C’est un vrai changement pour nous, d’autant que comme une industrie lourde, les capitaux engagés sont conséquents et le sont sur des périodes longues !

FEj-bIkXsAU4zyg

On ne peut réduire le sujet à la capacité de stockage carbone des prairies pour se rassurer. Si sa rémunération est un premier petit pas, l’optimisation des rejets est tout aussi important. C’est donc un équilibre d’ensemble qu’il faut trouver ! Et c’est vers cela que je tenterais de revenir modestement avec des exemples concrets…

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Commentaires
C
Youpi> Les plantes entrent en symbiose avec certaines bactéries ou certains champignons et même énormément de sorte que dans la nature, il y a énormément de relations entre ces organismes pour absorber des tes de nutriments, minéraux dans le sol et même absorber l'eau. En réalité, sans cela, les plantes péricliteraient rapidement. Ce sont ces phénomènes qui permettent au plantes de se développer en temps normal sans beaucoup de nutriments (azote) dans le sol. L'agriculture moderne a énormément simplifié l'écosystème plantes-sol et au fur et à mesure des excès de produits phytosanitaires déversés, il a fallu augmenter les quantités d'engrais pour obtenir les mêmes résultats car moins de symbioses (quantités et qualités) et d'absorption de nutriments et minéraux...<br /> <br /> Sinon, pour le blé, pas de relation plante/bactérie ou champignon pour la fixation d'azote gazeux, contrairement aux Fabaceae (Légumineuses) et quelques autres plantes (exemple de l'Aulne glutineux ou Verne).<br /> <br /> Pour éviter les déperditions excessives d'azote (et autres) pendant la culture du blé (ou autres) ou après, l'agroforesterie via des bandes boisées, des haies judicieusement placées (et d'autres dispositifs) peuvent se révéler intéressante. Il y a plein de choses à optimiser et à adapter en fonction des modes de culture, d'exploitation...
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A
Pour la fertilisation azotée minérale sur céréales à paille il y a deux discours qui sont assez ambigu suivant le regard qu'on a sur la production.<br /> <br /> J'explique;d'un coté l'agriculteur est tenu de faire une fertilisation au plus juste pour éviter au maximum les pertes d'azote qui nuisent à l'environnement et aussi à ses finances et c'est tout à fait normal.<br /> <br /> D'un autre coté on nous demande de produire des blés toujours plus riche en proteïnes et donc très bien fertilisés en azote sinon l'accès au marché est difficile et les réfactions de prix tombent très vite surtout pour le blé dur qui sert à fabriquer les fameuses pâtes qui déclenchaient de vives altercations entre consommateurs au supermarché pendant le premier confinement.<br /> <br /> Mais le marché du blé dur est à géométrie variable pour la qualité et je vais expliquer;cette année pour la moisson du blé dur qui supporte très très mal la pluie quand il est mûr ce fut vraiment catastrophique.On nous disait même que certains lots seraient invendable pour la consommation humaine et que les industriels allaient importer du blé dur de printemps du canada.Le canada récolte son blé dur en septembre et chez eux aussi cette année sous la pluie avec de mauvaises qualités comme chez nous et soudainement nos blés tout juste bon pour soit disant nourrir les animaux sont redevenu consomables pour faire des pâtes et de la semoule avec des prix repartant à la hausse et à partir de ce moment les industriels ont arrêté de faire la fine bouche et il y aura une légère augmentation du prix de ces aliments mais ne vous inquiétez pas pour une hypothétique pénurie...<br /> <br /> Morale de l'histoire;l'alimentation est le premier besoin de l'Homme avant la téléphonie, les loisirs et j'en passe des meilleurs sous silences.Quand on à faim on ne fait pas le difficile et on peut manger beaucoup de choses...
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C
Tu avances des choses que je partage. Ne parlons pas des écologistes car en général, ce ne sont pas des scientifiques (et pas non plus de "simples" naturalistes), même si j'en connais qui cumulent les deux casquettes, mais ne tiennent généralement pas les mêmes propos.<br /> <br /> La vulgarisation est très importante, mais ce ne sont pas toujours les scientifiques qui savent le mieux faire, même s'il y en a qui savent fort bien. Attention aussi aux scientifiques qui connaissent bien un domaine, mais qui par vulgarisation ou communication excessives sortent sans l'avouer de leurs champs de compétence et finissent par dire de belles bêtises.<br /> <br /> La vidéo est pas mal mais hélas trop sommaire et ce qu'elle dit (et le PPT associé) est très juste.<br /> <br /> Je plaide depuis des années et des années pour les prairies (permanentes et sans utilisation de phytocides), à la fois parce que je suis favorable à l'élevage extensif qualitatif et parce que c'est bon pour la biodiversité, notamment végétale. Toutefois, je constate avec effroi que la grande majorité des prairies principalement de fauche au nord de Paris se sont considérablement appauvries sur le plan floristique. Alors qu'il y a 70 ans, sur une surface échantillon standard, elles pouvaient accueillir au moins 30 espèces végétales vasculaires, elle en accueille facilement 2 à 3 fois moins à présent (sans parler les prairies "artificielles"). Ce n'est pas sans conséquences fortes pour l'ensemble de la biodiversité (et pas que végétale), mais aussi sur la santé du bétail, leur équilibre en sels minéraux... et les qualités organoleptiques du lait et de la viande, même si c'est assez peu étudié en plaine (cela l'a été en montagne).<br /> <br /> Au sujet du concours "prairies fleuries" (intégré à présent dans le concours général agricole), on a pu constater que des prairies assez diversifiées étaient pas mal productives (parce qu'on se plaît à dire à tort que les prairies riches en espèces sont peu productives, ce qui n'est pas exact en général). Tout porte à croire que l'on puisse concilier une certaine richesse floristique et une bonne productivité, mais il va falloir passer la seconde en termes de recherche pluridisciplinaire.<br /> <br /> Quel est la source du document en fin d'article (je n'arrive pas à lire le texte tout petit en bas) ?
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Y
"Quand on parle de « politique écologique », on ne l’envisage qu’avec des normes, des règlements, des interdictions "<br /> <br /> Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, j'ai observé que c'était assez fréquent de la part de nos politiques.<br /> <br /> Je pense que ce biais est du à la nécessité de se faire (ré)élire par des électeurs, ce qui permet ensuite de prendre des décisions.<br /> <br /> Les électeurs sont de simples citoyens qui n'ont pas la science infuse. Un médecin peut savoir parfaitement comment soigner une maladie, un plombier peut savoir comment réparer une tuyauterie, mais ni l'un ni l'autre n'ont à priori de compétences en agriculture (par exemple). Nous sommes donc obligés de nous fier à ce que disent ceux qui se revendiquent comme experts sur le sujet.<br /> <br /> Hélas, ces experts n'ont pas eux toujours de bonnes compétences dans l'art de vulgariser et de convaincre.<br /> <br /> Pour caricaturer, nous finissons par suivre celui qui parle le plus fort ou qui est le plus charismatique, la pandémie actuelle l'a bien montré.<br /> <br /> Un politique qui veut se faire élire devra donc soit se livrer à ce travail de vulgarisation et convaincre les gens malgré les grandes gueules... soit crier avec eux, et après moi le déluge. Sans compter que le politique est un citoyen comme un autre, donc non-spécialiste, et doit aussi se fier à un entourage dont l'expertise peut être purement apparente.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne préconise pas une "république des philosophes" (Platon) ou des chercheurs, mais je vous rejoins sur le fait que sans un effort de vulgarisation (et internet le permet), nous irons vers l'échec.
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