Baisse de population en Saône et Loire ?
Les recensements ne datent pas d’aujourd’hui puisque l’histoire chrétienne commence par l’un d’eux au temps des romains. Mais à l’heure du numérique, on peut se poser la question de la pertinence de la méthode employée. Je m’explique, mais avant je tiens à préciser que décompter une population est essentiel pour la gestion d’une nation.
Sur ma commune, le dernier recensement a eu lieu en janvier-février 2020, les chiffres définitifs seront publiés en 2024 !!! Le comptage a eu lieu juste avant le début de la pandémie. Or, depuis, il y a eu quelques bouleversements démographiques. Il suffit de faire le tour de la commune pour se rendre compte qu’il n’y a pratiquement plus d’immobilier à vendre. Quand on fait ses courses, on découvre de nouvelles têtes, plutôt de jeunes familles ! Cela tranche avec les dernières décades où on sentait un sentiment de déclin, vécu avec une grande fatalité.
Je ne me permettrais pas de juger les politiques antérieures. Les mines de Montceau ont fermées, Creusot Loire s’est effondré, même les forges de Gueugnon ont vu les effectifs fondre. Notre région a été sinistrée par la désindustrialisation, des milliers d’emplois ont été détruits. Cela s’est ressenti pendant des décennies.
Mais depuis une dizaine d’années, on sent un frémissement, le rural retrouve grâce et l’immobilier de nos villages comme celui des petites villes autour s’ébroue. Cela s’est confirmé depuis l’épidémie. Or la publication des chiffres avec des années de retard ne retrace absolument pas cette situation. J’ai peine à croire que la Saône et Loire ait perdu 5000 habitants. Je crois qu’elle en a plutôt gagné depuis. C’est en cela que la méthode de calcul est caduque car c’est une photographie figée, prise tous les 5 ans et la date de la prise de vue est primordiale. De plus, les publications sont décalées de plusieurs années, résultat, toute interpétation est discutable...
Je ne peux m’empêcher de faire une analogie avec les recensements agricoles. Un exemple avec les questions sur les productions de nos exploitations. On nous demandait les effectifs de nos troupeaux. On avait donc une photo tous les 6 ans. Depuis, on déclare tous les mouvements de bovins en temps réel et la photo peut être quasi instantanée, reléguant aux oubliettes la photo « recensement ». Il en est de même avec les déclarations PAC qui photographient chaque assolement annuel de façon ultra précise. Inutile donc de les recenser tous les 6 ans ! Quant à la qualité d’exploitant ou de salariés agricoles, qui mieux que la MSA peut la déterminer ?
Pour en revenir à notre recensement, je trouve dommage que l’on ne cherche pas à améliorer la méthode, qui coûte très chère par ailleurs. On pourrait se dire que ce décalage temporel n’a pas de conséquences. Ce n’est pas le cas. Les dotations aux collectivités sont déterminées sur ces estimations fausses. A la baisse, une commune est pénalisée pour 5 ans, voir plus avec les décalages de publication ! Pire, les investissements collectifs sont calculés avec ces bases. Nombre de lits d’hôpitaux, routes et autres services publics sont « estimées » par nos technocrates en fonction de ces chiffres. Tout aussi important, les réseaux numériques comme l’installation de la fibre en dépendent, même si on présente cela comme une aumône qui nous est faite par notre république…
Voilà pourquoi, le titre de cet article me dérange. Il ne reflète pas le dynamisme nouveau de notre région, ni son attrait retrouvé, tout cela a cause d’une méthode de comptage empirique !