Précautions d’hiver…
Je rentre un maximum de bois… J’ai attendu la fin des grosses chaleurs pour le faire. Le bois, on peut en parler. C’est un vrai exercice physique. Beaucoup de villageois en faisaient auparavant… Puis, par facilité, cela s’est perdu. Je ne peux pas m’équiper à titre individuel pour acheter du matériel perfectionné, cela coûterait plus cher que l’électricité ou le fioul du chauffage. Donc, il reste l’huile de coude ! Ce n’est pas marrant, mais il n’y a pas d’autre solution.
En sciant et empilant ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de méditer. Pourquoi l’habitude de faire son bois a quasi disparue ces 30 dernières années ? D’abord, il y a la facilité. Il n’y a pas photo quand on compare le branchement d’un radiateur électrique ou faire remplir sa cuve à fioul, à passer des journées d’hiver à couper du bois. J’ai été le premier à le faire. Ensuite, il faut de la patience comme toujours avec dame nature. Pour avoir un bon bois de chauffage, il faut qu’il sèche un minimum de 2 ans. Mais plus d’années ne fait pas de mal. J’insiste sur cette notion qui fait qu’il faut prévoir et s’inscrire dans un temps long ! Aujourd’hui, on gère tout au jour le jour. Puis au bout de deux ans, il faut le couper et le rentrer à l’abri car on ne peut pas mettre dans une chaudière ou un poêle du bois mouillé extérieurement par une pluie. Un boulot dur car il faut scier puis empiler dans un endroit pas toujours accessible… Et surtout, il faut un local pour stocker ce qui n’est pas prévu dans les constructions récentes…
Les freins sont donc de diverses natures. On ne peut passer sous silence les choix de l’état pour lequel la taxation de l’énergie est une manne financière énorme. Il y a aussi le jeu des contraintes administratives indirectes qui freinent ou interdisent des constructions légères pour stocker en obligeant à passer par les permis de construire. Il y a les contraintes imposées par des normes qui peuvent conduire à interdire certaines remorques ou tracteurs pour rouler le bois… Enfin, il y a les gênes diverses au voisinage comme le bruit d’une scie ou le tas sur le trottoir le temps de rentrer le bois dans la cave. Bref, rien n’est fait pour favoriser ce combustible.
Mais il y a aussi un frein psychologique ou sociétale, je ne sais comment le définir. L’air du temps conduit plus à aller à la salle de sport que de pratiquer une activité physique productive contraignante ! Les jardins potagers ont été transformés en pelouses (il suffit de regarder les cartes postales anciennes de nos communes), faire du bois est trop pénible car il faut y aller par temps de gel ou de chaleur… J’ai lu cette semaine des articles où chacun se plaint de la flambée du prix du bois et surtout des pellets et pleure la facilité perdue. On préfère quémander une aide de l’état que de prendre une tronçonneuse ou charger une remorque ! Comme il est plus facile de critiquer ceux qui bossent alors qu’on rechigne devant des activités trop pénibles. On a pris l’habitude du tout pas cher sans se rendre compte, ni prendre en compte la pénibilité du travail nécessaire pour produire ! Plus je suais cette semaine, plus je pensais à cette idée aberrante de certains politiques qui prônent une société de la paresse. Facile quand on exploite et profite du travail des autres, les agriculteurs en savent quelque chose.
Je reconnais que pour les citadins, c’est compliqué. Dans nos communes rurales, il y avait une possibilité d’affouage. Faute de candidats, cela a été perdu. Mais ce n’est peut-être pas irréversible. Je constate que les messages de nos grands dirigeants passent bien dans nos campagnes. Chacun essaye d’anticiper les coupures d’électricité dont on sait qu’on sera en première ligne. Il est plus facile de couper à Toulon sur Arroux que dans un quartier de Paris ! Les répercutions médiatiques ne seront pas les mêmes. Il sera alors plus facile de revendiquer la maîtrise politique de la situation par de ces mêmes dirigeants, grâce au boulot caché des petites mains. Tout comme les ruraux essayent de limiter l’effet inflation du chauffage, en silence. Ainsi, tout autour de chez moi, je suis surpris du nombre de personnes qui ont acheté ou fait du bois.
Après l’expérience du confinement, voici l’expérience inflation où la ruralité pourrait à nouveau présenter des avantages majeurs en permettant une certaine autonomie ! Au grand dan du ministère du logement, et sans doute plus haut, où la doctrine de la concentration urbaine maximale règne en maître ! Et en parfaite contradiction avec les lois du bien-être animal où la taille de l’espace de vie est considérée comme majeure !