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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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12 octobre 2022

Le vrai début de ma retraite…

 

Pour la MSA, ma retraite a commencé le 1 er octobre 2019. Effectivement pour moi cela a été à la mi-février 2020 avec le départ de mes deux derniers bovins, même si dès la fin octobre 2019, je n’avais presque plus d’animaux et que j’avais libéré 98 % des surfaces ! A ce propos, mes successeurs ont emblavé début octobre et ont amené des vaches en sus de celles des miennes qu’ils gardaient dès la mi-octobre. On ne peut pas transférer une ferme à une date précise mais sur plusieurs semaines.

Le lendemain du départ des 2 dernières vaches, nous partions quelques jours dans le midi. Je pensais que ce serait le vrai départ de ma nouvelle vie. Mme PH avait pris quelques jours. Mais elle était déjà plus que préoccupée par cette nouvelle maladie chinoise appellée COVID. Tout notre séjour en a été perturbé, en faisant les pharmacies et les magasins de bricolage à la recherche de masques ! Elle voulait être clean à sa reprise. De plus, elle guettait toutes les informations possibles sur la maladie, cherchant à comprendre quel protocole il lui faudrait mettre en place à son retour pour ne pas mettre en danger ses patients ! Disons-le, ces quelques jours furent un moment de détente certes, mais très loin d’un moment d’insouciance et encore plus loin d’une retraite paisible.

Le couperet du confinement tomba quelques jours après notre retour. Je repris mes responsabilités communales pour mettre en place avec l’équipe, tout ce qu’il était possible de faire pour aider la population. Mais en m’appliquant des mesures de précaution très très rigoureuses pour ne pas risquer d’être vecteur pour mon épouse donc pour ses patients. Je me retrouvais ainsi à la fois isolé sur mon lieu de vie et en contact permanent avec mon village. J’ai pu apprécier alors le sérieux de certains agents municipaux mais pas de tous, certains en ont bien profité… Je ne reviens pas sur l’extraordinaire solidarité qui a animé notre village pendant cette période, bien vite cassée, à la fin des restrictions. Pour m’occuper, je faisais des clôtures sur la ferme pour mettre à jour quelques endroits fragiles.

De cette période, je garde un souvenir compliqué. Une gestion de restrictions pondues par des technocrates parisiens incapables de discernement ! Traduites par exemple sur le terrain par un sous-préfet capable de faire verbaliser des pique-niqueurs sur une plage quasi déserte pour une bouteille de rosé !!! Notre préfet de région de l’époque n’a pas fait mieux en pondant des arrêtés tout aussi farfelus ! Visiblement, ils n’avaient pas compris que le virus se propage quand on se concentre et qu’en plein air, en respectant quelques mètres, il n’y avait aucun risque ! Les contrôles étaient intelligents quand les gendarmes étaient seuls, mais ressemblaient à ceux d’une autre époque ou d’autres pays peu fréquentables, dès qu’un chef ou un sous-préfet sortait sur le terrain. Ainsi un samedi après midi, le carrefour du village était une vraie souricière. On empêchait les gens de se promener en forêt, tout en provoquant des files d’attente à l’entrée des magasins pour soi-disant gérer le flux interne. Bref, comme tout à chacun, j’ai constaté qu’on a privilégié l’infantilisation, avec le rejet que cela provoque, à la responsabilisation des individus avec une information claire. Partant de là, il fallait faire preuve de responsabilité humaine au village…

Voilà comment j’ai vécu les 4 premiers mois de ma retraite. Obligé de partir avec deux papiers à jour, une attestation d’emploi de ma femme (bénévole) et un laisser passer, pour aller aider au secrétariat de mon épouse de temps en temps ! Car il fallait du temps pour expliquer à des personnes souvent âgées tous les protocoles sanitaires. Nous avons été privé de nos enfants et petits-enfants pendant cette même période, un comble pour un début de retraite où je comptais pouvoir profiter enfin d’eux…

Nous avions projeté des sorties puisque je pouvais enfin être disponible. En activité, je ne quittais plus la ferme de nuit de décembre à mi-avril à cause des vélages. Ensuite, il fallait jongler avec les foins, les moissons, les semis ce qui était incompatible avec la planification indispensable de l’activité de Mme PH qui se faisait des mois à l’avance. Car mes travaux étaient totalement dépendants de la météo. Donc au mieux, sait-on une semaine à l’avance quand il m’aurait fallu prévoir au moins 6 mois plus tôt… Ma retraite devait marquer le début d’une certaine liberté, peine perdue !

La COVID a tout bouleversé. Pas question de rendre visite à mes connaissances. Il a fallu attendre 2 mois pour pouvoir aller chercher le camping-car qui était arrivé. Ensuite, nous n’avons pu partir que quelques jours assez peu de fois. Les soubresauts épidémiques nous rendaient très prudents. Libéré de mes engagements communaux, mais dans l’incapacité d’accomplir mes projets, j’avoue avoir eu beaucoup de mal à vivre cette période. Le contact avec mes animaux me manquait, l’adrénaline des travaux également… Pour autant je ne voulais pas m’immiscer dans le travail de mes successeurs et la simple conduite d’un tracteur ne m’intéresse pas quand elle est déconnectée des décisions des travaux. Ce n’est pas conduire qui me faisait faire des heures jusqu’à plus soif, mais la volonté de réussir un chantier dans les temps et parfois contre le temps !

Ce début de retraite était très loin de la période idyllique que certains espèrent. J’étais trop impliqué et passionné par mon métier pour le quitter d’un coup. Je ne trouvais même plus plaisir à écrire, ne me sentant plus légitime à parler d’agriculture puisque je ne pratiquais plus. De plus, certains discours sur une supposée fracture entre retraités et jeunes me blessaient. J’ai cotisé plus de 43 ans en bossant comme un fou, sans compter mes heures, pour m’entendre dire que mes 900 €/mois étaient indus, voir volés aux jeunes générations !!! Etais-je devenu un boulet pour la société ? J’y reviendrai…

Bref, j’ai l’impression d’avoir vécu en pointillé pendant deux ans, avec une vie dictée par les vagues COVID ! Jusqu’à ce que Mme PH prenne sa retraite et quelques autres événements familiaux. C’est alors que commence vraiment ma retraite, du moins celle que je j'espérai !

A suivre donc…

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Commentaires
Y
Je ne connais pas de personne qui aient parfaitement vécu le passage à la retraite, covid ou pas.<br /> <br /> Je pense que c'est un changement aussi intense que le jour où, enfant, vous entrez à l'école. Excepté que c'est dans l'autre sens.<br /> <br /> Il y a des gens qui s'en sortent mal, surtout s'ils sont dynamiques et actifs. Il faut accepter la perte de responsabilité, le changement de rythme, l'infini temps libre. C'est presque comme de se retrouver au chômage, la charge de retrouver un emploi en moins.<br /> <br /> J'en ai connu beaucoup qui s'en sont très bien sorti en prenant d'autres responsabilités ou en changeant d'activité. Bon courage à vous.
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Y
"j’ai l’impression d’avoir vécu en pointillé pendant deux ans"<br /> <br /> Bien d'accord.<br /> <br /> <br /> <br /> Aux gouvernants, j'accorde toutefois une excuse. Je pense que personne n'avait imaginé que cela pourrait se produire. Ni les gouvernants, ni les citoyens. A quand remonte la dernière grande pandémie qui ait vraiment affecté la société? La Grippe Espagnole, cachée derrière la grande guerre? La Peste? <br /> <br /> Notre pays a certes des moyens et des connaissances infiniment supérieures à celles du moyen age ou même des gens de 14-18. Mais à notre époque où la bonne santé est la norme et la maladie souvent due à des excès (cardio-vasculaire, cancer), combien d'individus savent comment fonctionnent les virus? Comment ils se transmettent? Les médecins du temps de la Peste avec leur "cito longue tarde" en avaient peut être une meilleure conscience. Les éleveurs aussi: comme j'aime le répéter aux ronchonneurs: dans un élevage, soit on vaccine, soit on confine, soit on abat.<br /> <br /> Si vous pouvez transmettre mon admiration à Mme PH: elle semble elle avoir bien les deux pieds sur terre et savoir comment réagir face à ce genre de situation.<br /> <br /> <br /> <br /> Votre sous-préfet et ses semblables ne savent probablement pas grand chose non plus en pandémie. Ils ont par contre appris à obéir aux ordres, à suivre les directives et dans la panique ils se rattachent à cela.<br /> <br /> Vivant en Île de France, je me souviens de directives absurdes moi aussi. Parce que l'Île de France, c'est plusieurs millions de personnes qui chaque jour empruntent des transports en commun bondés. Alors les distances de sécurité...<br /> <br /> <br /> <br /> Vraiment, je vois cette pandémie comme une épreuve test pour réapprendre à se méfier des virus.
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C
C'est vrai que ce partage entre retraite, responsabilités communales a dû être difficile, surtout quand on aspirait depuis longtemps à un peu de repos et d'insouciance bien mérités.<br /> <br /> Cette question de la gestion de la pandémie de COVID-19, surtout la première année a été plus que chaotique et l'excès de centralisation et le manque d'intelligence pratique ont été dévastateur. De mon côté, j'ai mal vécu le premier confinement en devant gérer une équipe de plus de 50 salariés sur trois sites car nous n'étions pas prêts pour le télétravail et bien sûr le télétravail n'est pas possible pour certains métiers tels que des jardiniers (qui ne pouvaient pas louper le début de saison). Il a fallu organiser les attestations qui changeaient au bout de deux jours... et après le ministère dont nous relevions ne voulait libérer l'activité sur le terrain que pour les opérations à valeur marchande et l'indécision a duré plusieurs semaines, avec des interprétations différentes selon les régions. Il a fallu monter au créneau au niveau national pour obtenir des réponses claires, mais avec des semaines perdues au printemps qu'on ne peut pas rattraper après : une plante vernale ne pousse pas en été, par définition. Sinon, j'ai trouvé les salariés très chouettes pour bricoler des choses sympas pour organiser un télétravail correct alors que les liens internet étaient compliqués pour accéder à notre réseau informatique. Et globalement, les gens ont été productifs pour le télétravail. Il y a quand même des gens qui l'avaient mal vécu à leur domicile, surtout ceux qui vivent dans de petits appartements de grandes villes. Il a aussi fallu gérer les arrêts de travail, le chômage partiel et plein de conneries. J'ai dû faire pas loin d'une trentaine de versions du protocole sanitaire interne à l'entreprise. Mais en tout cas, j'avais regardé les statistiques chez nous par rapport à ce qui se passait dans la région ou au niveau national : nous avions beaucoup moins de cas de COVID-19 dans nos rangs (très peu en réalité jusqu'à début 2022 et ceux qui ont été malades avaient tous été infectés par leurs enfants via l'école). Depuis, c'est différent, plus de contaminations du fait de l'abandon des masques et d'une partie des gestes barrières... mais sans conséquences problématiques.
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