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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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14 octobre 2022

Retraite, et si je commençais par les autres événements familiaux…

 

Quand on est parent, on se demande toujours si l’éducation donnée est la bonne. Qu’a-t-on réussi et qu’a-t-on manqué ? Je ne reviens pas sur l’adolescence des enfants, un moment où tout semble nous échapper… Mais ensuite, il faut être patient, attendre que chacun trouve sa voie. Et un jour peut-être se dire que… 

Un paysan ne rêve que d’une chose : Voir un de ses enfants prendre sa suite. Pour moi, cela n’a pas marché ! Enfin, pas de façon formelle. Mais des petits signes m’ont surpris quand mes deux derniers enfants à la fin de leurs études supérieures se sont renseignés pour passer un diplôme agricole à minima afin de pouvoir éventuellement exercer en sus de leur métier. Cela s’est arrêté là, mais traduisait un intérêt certain pour la ferme. Ils m’ont ensuite posé beaucoup de questions au moment de ma succession, voulant s’assurer que la terre restait bien dans la famille !

Leur début de carrière les a orientés vers Paris dans un premier temps, Lyon ensuite pour ma cadette. A l’époque, ce n’est pas si vieux, on ne pouvait pas imaginer avoir un métier de cadre ou de consultant ailleurs que dans ces très grandes villes.

Puis est arrivé le COVID !

Leurs employeurs ou d’eux même, ils ont immédiatement basculé en télétravail, tout comme le conjoint de mon ainée. Sur les 6 membres de cette génération, 5 se sont mis à télétravailler. 1 dans une belle maison de banlieue lyonnaise, 4 ou plutôt 2*2 dans des appartements de 50 m2, mon aînée étant la seule en profession libérale où la présence physique est obligatoire. Le discours de nos deux jeunes couples citadins a très vite changé. Autant, ils envisageaient de se rapprocher dans un futur indéfini mais en restant proches de zones urbanisées denses dans un premier temps, autant tout s’est accéléré à la sortie du COVID même si un projet chez ma cadette avait déjà été amorcé juste avant. La lyonnaise s’est donc retrouvée à Lugny, dans le vignoble près de Mâcon et mon fils m’a fait déménager en express dès le déconfinement pour s’installer provisoirement au Creusot ! Le temps d’acquérir et de retaper une grange à 1 km à vol d’oiseau de ma ferme !!!! Qui l’eut cru en 2019 ????

Aujourd’hui, le conjoint de mon aînée se rend une fois par semaine à Lyon pour son travail. Ma cadette y va aussi une fois par semaine. Son conjoint est à 100 % en télétravail et a bien renâclé quand il a dû aller à Paris une fois cette année. Mon fils va une journée par semaine à Paris et se déplace de temps en temps à l’étranger. Quant à ma future belle-fille, elle a abandonné la fonction publique qui refusait de la mettre en télétravail intégral (le poids des directives administratives) pour rejoindre une boite où elle peut le faire. En 3 ans, les conditions de travail ont totalement changé. Un enjeu crucial pour l’avenir de la ruralité ! Dire que j’avais un jour dit, il y a 15 ans, à un conseiller général, devenu député depuis, que l’accès au numérique donc la qualité des connexions Internet serait déterminant pour la survie de nos campagnes. Que de retard pris, avec encore un déploiement de la fibre qui traîne en longueur… Mais je ne pensais pas que cela serait aussi violent avec cette accélération COVID…

tranchées

Pour en revenir à la question de l’éducation de nos enfants, je peux maintenant en tirer quelques conclusions. La réussir, ce n’est pas les voir vivre comme nous ! Mais c’est constater qu’ils partagent des valeurs et principes qui nous paraissent essentiels en s’adaptant aux évolutions inéluctables !

La première est que nous, ma femme et moi, leur avons inculqué que le travail est fondamental ! En clair ce sont des bosseurs même si ce n’est pas à la mode dans certains milieux « bobo » qui prônent la paresse. On ne peut pas se reposer indéfiniment sur le travail des autres, que ce soit par la rente ou par procuration avec les redistributions de l’état, cela reviendrait à une forme moderne d’esclavage ! Un paysan comprendra de quoi je parle, quand on voit les évolutions des prix agricoles donc du coût de l’alimentation par rapport au reste des dépenses d’un ménage ! Il faudra bien un jour remettre à plat la vitesse à laquelle se sont constituées des fortunes dans la grande distribution par rapport à l’évolution du monde agricole ou la disparition d’une partie du tissu industriel ! Donc, je pense qu’on ne peut profiter durablement que de l’argent que l’on gagne en travaillant honnêtement !

La seconde est qu’ils sont viscéralement attachés à une vie la plus proche possible de la nature. Ce retour à la campagne, après avoir goûté à la société consumériste artificielle des grandes villes, s’accompagne d’un besoin de nature. Ils refont des jardins potagers, des vergers, ont des poules ! Alors qu’ils auraient les moyens de tout s’acheter, ils ont besoin de produire des choses simples et de les partager ! On revient aux temps des visites chez mes grands-parents où on arrivait avec du beurre et des fromages fait par ma mère et où on repartait avec d’autres fromages ou des fruits selon les productions et réussites de chacun au gré des saisons. Et je ne suis pas en reste dans cette démarche avec les produits de mon jardin lorsque c’est abondant…

butternet

Je n’aurais jamais pensé que nos enfants portent ainsi, à leur façon, des valeurs qui sont des valeurs paysannes. Je constate qu’ils aiment les bons aliments, simples, avec une envie de bien cuisiner. Et c’est aussi un plaisir que j’ai trouvé ! Je fais mon pain ! Nous cuisinons avec Mme PH les légumes du jardin, nous congelons lorsque la nature est féconde. Nous aurons bientôt des poules… En fait, même si cela reste partiel dans notre consommation, nous produisons pour retrouver un peu d’autonomie et surtout nous régaler. Il reste un peu de « chasseur-cueilleur » enfouie en chacun d’entre-nous, une quête que n’apportent pas les courses en hyper mais que retrouvent ceux qui travaillent avec la Nature… Ne parlez pas à Mme PH de salade de tomates achetées tant celles du jardin sont incomparables et qu’il est impossible d’acheter l’équivalent en grande surface. On arrive même avec nos produits à épater nos amis avec quelques plats « maison » ! Finalement, le bonheur ne serait-il pas de savoir apprécier ces plaisirs simples, de savoir se contenter de ce que l’on gagne et de ce que la nature nous offre ? Or, notre société de consommation et la publicité font de nous des frustrés permanents, des envieux ou des jaloux… Je suis heureux de voir que mes enfants s’en détachent un peu, au moins par certains aspects, en privilégiant la qualité de vie, le recyclage pour ne pas gaspiller… !

tomates jardin

Le troisième point qui a une incidence sur ma vie de retraité concerne leurs projets d’habitation. En fait, je me projette dans les leurs et cela me stimule beaucoup. Je les aide autant que possible surtout mon fils, question de proximité géographique. J’ai plaisir à effectuer de travaux pour leur projet. Cela me donne des objectifs et je retrouve l’adrénaline pour réussir un chantier dans un temps imparti. Cela se traduit par exemple par l’organisation d’un chantier de démolition de bétons de sol en un week-end pour respecter le délai de location du brise roche. Quitte à faire une tonne d’heures pour ne s’arrêter que lorsque c’est terminé. Ou de reprendre toutes les alimentations en faisant des tranchées pour passer gaines et tuyaux pour les raccordements. Ou encore de démonter des cloisons vitrées chez ma cadette. A chaque fois, ces petits défis relevés me redonnent un sentiment d’utilité et de mettre une certaine expérience, surtout d’organisation de chantier, à leur service. 

produit_299hlm

Si la COVID a gâché mon début de retraite, les changements de société qu’il entraine ont de bons côtés. Les ruraux ne sont pas forcément convaincus des bienfaits de ce changement, j’y reviendrai. C’est vrai que cela provoque aussi des problèmes. Notre région est idéalement placée, au cœur de l’Europe. La fibre se déploie, la RCEA se terminera dans 3 ou 4 ans, la gare de TGV est à 25 minutes de mon village. Nous avons un paysage unique, c’est ce que m’ont dit tous les visiteurs étrangers à Charolles ou même nombre de touristes ! Nous avons des kilomètres de chemins à découvrir à pied, à vélo, à cheval… Nous avons une rivière que l’on peut pratiquer en canoé en dehors des périodes de sécheresse, des lacs pour la pêche… Bref, nous avons plein d’atouts à condition de ne pas être abandonné par les pouvoirs publics. Car certaines administrations, devant ce mouvement de désurbanisation, veulent le saboter, condamnant ce retour à une proximité avec la nature au nom de je ne sais quelle idéologie. N’a-t-on pas eu une ministre du logement qui a dit que « les appartements avaient moins d’incidence sur le réchauffement climatique que des habitats individuels » ! Ce qui reste vraiment à prouver si on fait une analyse globale d’un style de vie et non une approche sectorisée. Elle a blessé profondément les ruraux qui se sont sentis accusés d'être de mauvais élèves. Les « cages à lapins ou clapiers» comme disait mon père en parlant des « HLM » à l’époque peuvent rapidement redevenir à la mode pour conforter les très grandes villes, le bonheur des habitants étant relégué au second plan ! Pourtant, il suffit de lire les sondages d’envie de fuir des parisiens pour se rendre compte que ce n’est pas la piste d’avenir, du moins pour nombre de citoyens !!!! Ou plus simplement d'observer la carte des bouchons dès qu'ils veulent s'échapper de leur "paradis" !

arroux croix pilet

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Commentaires
R
C’est quand on lit un post tel que celui-ci que l’on mesure la vitesse du temps. Si mes souvenirs sont bons, B n’était qu’à peine au lycée…
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P
Avec un peu d'amertume: il fut un temps où les enfants rêvaient de succéder aux parents... Ils en furent fortement dissuadés pour moderniser l'agriculture... Donner des surfaces vivables à ceux qui subsisteraient...<br /> <br /> Avec un sourire: j'ai eu la joie de transmettre à mon plus jeune petit-fils la faux que mon grand-père m'avait donnée à douze ans avec la certitude que celui qui cultivera demain mangera.<br /> <br /> A part cela, la ministre a raison:" les appartements..." Elle ne l'a pas inventé: c'était la théorie de Ceausescu... ça s'est mal terminé!
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